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      Les résistances
      au plaisir corporel

      Les résistances au plaisir corporel
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      Un corps harmonieux est un corps d'où irradie le bien-être. Toute thérapie devrait viser à restaurer la notion de plaisir du corps par un accord de l'individu avec lui-même et son milieu. Il existe de fait deux processus essentiels : l'équilibre et l'harmonie.

      Équilibre et harmonie


      Il semble nécessaire de définir ce que l'on entend par le mot équilibre en général. Le dictionnaire Petit Larousse Illustré définit l'équilibre comme une position stable, comme la juste combinaison de forces, d'éléments ; c'est une répartition harmonieuse. Le mot en lui-même dégage une impression de maîtrise, de bien-être, de justesse, d'entente, d'égalité, d'harmonie. Mais aussi d'arrêt, de pause (il se situe entre deux temps de déséquilibre). L'adjectif équilibré signifie : qui est en équilibre, dont les composants sont en harmonie. Pondéré, sain mentalement.
      On trouve dans la définition même de ces deux mots la notion d'harmonie ; être équilibré c'est être harmonieux : harmonie du corps qui est stable, et harmonie mentale (sain mentalement), c'est-à-dire un bon fonctionnement de l'activité mentale.
      Dans la pensée orientale, l'équilibre est une notion fondamentale ; la santé découle de l'équilibre entre deux polarités complémentaires : le Yin et le Yang. La notion d'équilibre est la base d'une vie harmonieuse (harmonie entre l'homme et l'univers). Les philosophies orientales expriment l'idée selon laquelle une posture équilibrée et économique est la condition de développement et de l'expression de la personne.
      Les orientaux lient aussi cette notion à la respiration : le rééquilibrage (énergétique) de la personne se fait principalement par la respiration. Elle accompagne le mouvement ; bien rythmée, elle le facilite. Ceci rejoint encore une fois la notion d'harmonie de l'individu.
      P. Vayer dans « L'équilibre corporel » dit que l'équilibre tonico-postural sous-tend l'ensemble des communications être-monde et que « cet équilibre corporel constitue donc en lui-même un comportement et ce comportement intériorisé conditionne toutes les conduites, toutes les communications avec l'environnement et leur qualité ».
      Tout système thérapeutique prend en compte l'équilibre dans la relation : équilibre de la relation et par la relation mais puisqu'il s'agit pour le thérapeute de remettre en harmonie, s'agit-il aussi de rééquilibrer la défaillance de la relation à soi-même (et par-là, la relation à autrui) en travaillant l'image et l'estime de soi, la revalorisation du sujet, en l'aidant à développer ses capacités, en lui faisant découvrir ses potentialités ?
      Il peut s'agir, entre autres, d'améliorer les rapports entre un sujet et son corps, faciliter ou permettre la relation, bref de donner un mieux-être à un individu, autrement dit de l'harmoniser. Il est question de faire retrouver au sujet son équilibre. Pour cela, une relation saine doit s'établir entre le patient et le professionnel ; j'entends par-là qu'il s'agit pour ce dernier de trouver la juste mesure entre la fusion et la trop grande distance : être assez proche de la personne pour qu'elle se sente en confiance, sans qu'elle se sente dévorée, et ce, grâce à la capacité d'empathie du thérapeute (être à l'écoute du patient, ne pas projeter ses propres affects sur l'autre) et sa capacité d'adaptation à l'autre. Chaque relation avec un patient est unique, singulière, le psychothérapeute devant ainsi s'adapter à chacun pour mener à bien son projet.
      Ces métiers psy. s'apparentent un peu au danseur sur corde : ils doivent trouver le juste équilibre entre la personnalité-propre et celle du patient afin d'évoluer entre directivité et non-directivité pour un minimum de sécurité. L'équilibre est une succession d'adaptations constantes de l'individu. La recherche d'un équilibre entre deux choses n'est-elle pas une recherche d'unification (ou de réunification) de ces deux choses : de l'une ni de l'autre, aucune ne domine(rait).
      Dans toute prise en charge, il faut redonner ou développer l'aisance corporelle, donner un sentiment de bien-être du sujet dans son corps. Si l'objectif de départ est de donner un mieux-être, cela suppose que le sujet exprime un mal-être, que ce soit par un symptôme, un handicap. Ces derniers vont retentir sur l'image et l'estime de soi, et d'ailleurs, le travail de revalorisation du sujet (lui redonner confiance en lui-même, lui faire prendre conscience de ses possibilités et les développer...) tient une place importante en thérapie.

      Image de soi/Image du corps


      L’image que nous nous faisons de notre corps, mais aussi de notre valeur, dépend en partie du regard que les autres portent sur nous. L'image de soi est le fantasme du sujet concernant son corps : comment il perçoit affectivement celui-ci. Elle rejoint par-là l'image du corps qui serait l'impression visuelle que nous fait notre corps : comment je le perçois matériellement. L'image de soi serait l'impression affective de notre corps : je perçois différemment mon corps selon les affects que j'éprouve envers moi-même. L'image de soi est une facette de l'image du corps, l'une et l'autre étant réciproquement dépendante.

      Image de soi/Estime de soi


      L'image de soi est à rapprocher de la notion d'estime de soi (c'est-à-dire la perception positive de soi-même), de valeur de soi. Mais l'estime que l'on se porte dépend en partie de l'estime que nous porte les autres. Prenons l'exemple d'un enfant handicapé physique : comment peut-il se percevoir positivement si son entourage lui renvoie une image d'un corps abîmé, de pas comme les autres, un corps trop différent des autres quelque part, un corps à réparer ? L'enfant va alors vivre son corps comme dévalorisant, comme une entrave.
      Pourtant ces images sont celles que l'on renvoie au jeune patient lors des bilans médicaux qui sont faits dans le but de poser un diagnostic, de recenser les anomalies. En raison de nombreux bilans médicaux effectués, les parents ne peuvent voir leur bébé que comme handicapé, différent. Ce moment d'investigation médicale est douloureux, lourd à porter pour les parents, et pour l'enfant sûrement.
      Quand la ou les prise(s) en charge commence(nt), le travail se base sur le dispositif de l'enfant, sur ses capacités, pour le revaloriser auprès de ses parents à qui l'on a pointé du doigt jusque-là uniquement des manques, des anomalies. L'image que nous nous faisons de l'expression motrice révèle la façon dont, au fond de soi-même, on vit notre corps. L'harmonie corporelle, l'aisance gestuelle, n'est-elle pas en rapport avec l'estime que l'on se porte et le plaisir que l'on éprouve à vivre? Lowen dit d'ailleurs que celui qui vit agréablement, se meut rythmiquement, sans effort, et avec grâce. (A. Lowen - Le plaisir).
      Un sujet harmonieux corporellement va donner une image esthétique qui va probablement susciter de la part de ses pairs des connotations positives, et ainsi renforcer l'image de lui-même. De plus, un corps vécu comme harmonieux est source de plaisir, les satisfactions qu'il procure permettant d'investir celui-ci positivement. La capacité d'éprouver du plaisir renforce l'estime de soi-même. Mais qu'en est-il de ce corps de plaisir pour le sujet qui n'a pas développé d'attitude harmonieuse ?

      Qu’est-ce qu’un sujet dysharmonieux ?


      Est-ce le seul symptôme psychomoteur ou le handicap qui peut faire dire d'un sujet qu'il est dysharmonieux ? Le sujet peut être dysharmonieux dans son corps par ses mouvements, sa difficulté à effectuer certaines praxies, certains gestes. Il ne se meut pas avec aisance. Mais il peut être aussi dysharmonieux dans sa relation aux autres ; ce peut-être un enfant dit caractériel ou un enfant qui paraît indifférent à son entourage, qui évite la relation ou au contraire cherche la relation fusionnelle. Et seul un corps harmonieux peut-il être un corps de plaisir et le symptôme source de plaisir ?
      Le symptôme, expression d'un mal-être, a toujours une fonction d'appel à l'autre (appel à l'aide ou reconnaissance d'un désir). Nous avons à le lire, pour J.P. Chambon, comme un pré-texte, c'est-à-dire, comme introductif à un texte qui ne se donne pas d'emblée" (J.P. Chambon - Symptôme, mots pour maux). C'est un fragment de discours codé. Il est un moyen maladroit et peu économique de se manifester. Il constitue, à un moment donné, le seul moyen de se manifester, même si c'est d'une façon parfois douloureuse.
      Il est commun de dire que le symptôme constitue une source de jouissance plus ou moins souffrante" (J.L.Graber - Le symptôme comme parole avortée) et qu'il ne sera abandonné que pour un autre. Le symptôme n'apporte pas pour autant du plaisir à l'enfant, il apporte des bénéfices (on va s'occuper de l'enfant, il va être reconnu à travers son symptôme...) mais il n'y a pas de plaisir à vivre son corps dans le symptôme.
      Le sentiment de plaisir suppose une relation harmonieuse avec le milieu dans lequel on se trouve. Or, avec le symptôme, il y a un non-dit, un manque dans la communication entre l'enfant et son entourage. Pour Françoise Dolto, quand il a des « mots pour le dire » pour reprendre l'expression de Marie Cardinal, l'enfant qui est relié aux parents, qui en est le détecteur, n'a pas besoin, par des maux, de traduire qu'il reçoit et subit les effets de ce dont sa mère, son père souffrent et qu'il perçoit.

      Le lien entre dysharmonie et dévalorisation


      Les réactions et attitudes de l'entourage sont donc capitales pour la valeur que l'individu s'accorde à lui-même. Le rejet du sujet par ses pairs ne pourra amener qu'à son propre rejet. Chez l'enfant, dont les parents sont des supports d'identification pour l'image de soi, il est important que ces images soient gratifiantes et permettent à l'enfant de s'investir positivement, comme sujet de valeur aux yeux de l'autre.

      Le plaisir comme source d’équilibre et d’harmonie


      Comment parler du plaisir sans parler du corps ? Ils sont étroitement liés ; en effet, le plaisir est une sensation qui participe à la prise de conscience de notre corps, donc de nous-mêmes (comme d'ailleurs la douleur, la fatigue, les perturbations physiques). Et il y a peut-être plusieurs plaisirs comme il y a plusieurs facettes d'un même corps. Tout d'abord le corps organique, dont le plaisir est un plaisir d'organes, de bon fonctionnement, du mouvement souple et bien rythmé. On peut y associer le corps sensoriel, où tous les orifices sont sources de plaisir ; le plaisir au niveau de la bouche, de l'anus, des organes génitaux, au niveau de l'audition par le plaisir des sons, des yeux par le plaisir de voir. Ce corps est un corps érogène où la libido est investie sur les zones corporelles qui correspondent aux premières expériences de plaisir de l'enfant. Notre corps est également un corps narcissique ou imaginaire : plaisir de le voir tel qu'il est, de l'admirer, l'entretenir, ou plaisir de l'imaginer tel qu'on le voudrait.
      Enfin, le corps est un corps socialisé, c'est-à-dire où certains plaisirs sont permis, d'autres interdits : un corps soumis à la frustration, à la norme. R. Soulayrol dit que : Libérer le plaisir, surtout corporel, n'est pas chose aisée, puisque depuis l'éveil au jour, il a été combattu et bridé, non pas par le principe de réalité qu'il ne s'agit pas de nier, mais par le prétexte à réalité qui absout avec bonne conscience bien des crimes perpétués contre le plaisir" (R. Soulayrol - Corps, plaisir et thérapie).
      En effet, avec l'âge, se permet-on encore de prendre du plaisir? Les activités porteuses de plaisir sont parfois culpabilisantes car le plaisir se mérite, et les activités doivent avant tout être rentables. Avec les enfants, il est peut-être facile de travailler avec le plaisir car ils sont moins culpabilisés par rapport à celui-ci. Combien de fois celui qui a eu l'occasion de travailler auprès de personnes âgées a-t-il entendu ce n'est plus de mon âge, je suis trop vieux. Le corps âgé n'a plus droit au plaisir, il doit être un corps qui vit au ralenti, le plus souvent avec la maladie ou les courbatures. Il est pourtant encore capable de plaisir, plaisir qui rajeunit dans la redécouverte de son fonctionnement.
      Ce n'est qu'avec l'éducation et l'exemple de leurs aînés que les enfants perdront et refouleront ce principe de plaisir. Le vécu de plaisir aide à la personnalisation (lien entre psyché et soma) et le corps a une mémoire de son vécu ; il se souvient du plaisir vécu. Et donc comment vivre le plaisir autrement que par le corps ? Nous sommes avant tout un corps et le plaisir procède plus de l'être que de l'avoir, dit R. Soulayrol (Corps, plaisir et psychomotricité).
      Le plaisir permet en effet l'investissement corporel, l'ouverture à la communication au monde mais il ne peut être considéré comme objectif, ce serait plutôt un état à faire (re)découvrir. Il ne peut être proposé comme but à part entière. Que deviendrait la thérapie si elle n'était qu'un unique lieu de plaisir ? Le plaisir est plutôt à aménager en fonction d'un projet, à utiliser afin de... Il se place alors comme moyen de faire retrouver à l'individu une meilleure estime de lui-même, de lui faire investir son corps positivement car découvrir que l'on est capable d'éprouver du plaisir, c'est tout d'abord être capable de... Ainsi, le plaisir n'est-il pas à rechercher à tout prix car il apparaîtra de lui-même au sein de nos nombreuses expériences de vie...



      Yvane Cerclier

       

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