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La psycho
dans Signes & sens
Les troubles anxieux
expliqués aux parents
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Où un trouble anxieux trouve-t-il son origine ? Voilà une question qu’on se pose nécessairement lorsqu’on voit les changements marquants que subissent les jeunes présentant un trouble de ce type. La réponse à cette question est encore plus pressante quand on constate l’énorme souffrance que cela engendre et à quel point le sujet est prisonnier de son angoisse, n’en parlant que rarement, même à ses proches.
Une des trois réponses que donnent les chercheurs est celle de l’hérédité. Particulièrement en ce qui concerne le trouble panique et le trouble d’anxiété généralisée, un facteur héréditaire ressort clairement des études, notamment celles qui ont été faites sur des jumeaux. Il existe également une tendance héréditaire à la phobie sociale.
Un facteur héréditaire
Une recherche démontre que 44 % des traits obsessionnels seraient hérités, de même que 47 % des symptômes obsessionnels (1). Si l’on considère la maladie obsessive compulsive complète, les auteurs de cette recherche ont découvert 15,9 % de troubles obsessifs compulsifs chez les parents d’enfant souffrant de ce trouble. On peut en déduire que l’hérédité joue ici un rôle non négligeable. La pratique quotidienne en pédopsychiatrie confirme ce facteur héréditaire dans les troubles anxieux. On retrouve souvent soit un parent, soit un grand-parent ou un oncle porteur du même trouble que celui de l’enfant qui consulte. Par ailleurs, certains traits de tempérament observables dès la naissance prédisposeraient au développement d’un trouble anxieux. Une étude récente (2) fait part de l’observation de sujets de la naissance à l’adolescence et démontre très clairement que les bébés qui avaient été classés dans le groupe « inhibé » (contrairement au groupe « désinhibé ») deviennent en majorité des adolescents présentant des symptômes de phobie sociale. Il est possible que ce trait de comportement (« inhibé ») soit également lié à une plus grande vulnérabilité au syndrome post-traumatique. En cas d’évènements très effrayants, comme une attaque armée dans une école, un chercheur rapporte qu’au nombre des enfants les plus anxieux un mois après l’évènement, 38 % étaient reconnus avant l’évènement pour avoir une personnalité inhibée (3). L’hérédité n’explique quand même pas tout et il faut y ajouter un facteur d’apprentissage. Dans les familles où la crainte règne et où toute chose semble dangereuse, l’enfant apprend à avoir peur, ce qui diminue ses compétences et sa capacité à faire face à l’adversité. C’est une forme de « modeling ». Cela confirme les peurs des parents et augmente chez l’enfant le besoin d’être protégé et de rétrécir son univers. Surprotégé, il n’apprend pas à se débrouiller seul, ce qui accroît son sentiment de fragilité et donc ses angoisses. N’est-ce pas en développant ses potentialités que le petit d’Homme acquiert le sentiment de sa valeur propre, en dehors de la tutelle des parents ?
Docteur Chantal Baron, pédopsychiatre*
*Pour en savoir plus, lire :
« Les troubles anxieux expliqués aux parents »,
Éditions de l’Hôpital Sainte-Justine
Bibliographie :
1. « Génétic and environement influences on obsessional traits and symptoms », Clifford CA, Murray RM, Fulker DW, Ed. Psychological Medicine.
2. « Early childhood predictors of adult anxiety disorders », Kagan J, Snidman N, Ed. Biological Psychiatry.
3. « Life threat and posttraumatic stress in schoolage children », Pynoos RS, Frederick C, Nader K, Arroyo W, Steinberg A, Eth S, Nunez F, Fairbanks L, Archives of Général Psychiatry.
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