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      Les troubles
      des conduites alimentaires

      Les troubles des conduites alimentaires
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      Certains troubles des conduites alimentaires observés à l'adolescence sont épisodiques : on parle de tendance anorexique pour les jeunes qui tendent à ne pas s'alimenter et de tendance boulimique pour ceux qui tendent à manger excessivement.

      Mais, chez certains adolescents, ces troubles sont réguliers et impérieux : on parle de maladie anorexique pour les jeunes qui refusent radicalement de manger et de maladie boulimique pour ceux qui – véritablement accros à la nourriture – ne peuvent pas s'empêcher de manger. Dans tous les cas, une intervention avisée des parents peut utilement préparer le recours à un professionnel.

      Sabine et l'anorexie


      L'anorexie, c'est-à-dire le fait de ne pas pouvoir s'empêcher de ne pas s'alimenter, concerne aujourd'hui 1 % des adolescents, dans la proportion de dix filles pour un garçon. Elle est de plus en plus fréquente. Elle survient vers 14 ans et a des conséquences dramatiques puisque 5 % des anorexiques en meurent. Ce rapport pathologique à la nourriture correspond à un besoin de maîtrise de son corps et de ses pensées. Il s'agit notamment de se protéger du désir sexuel. Sans règles (car un tel régime cause des dérèglements hormonaux) et sans désir apparent, l'adolescente redevient une petite fille. Elle écarte de cette manière sa crainte de séduire, son angoisse d'entrer en rivalité avec sa mère et de perdre ainsi son amour. Mais il peut aussi s'agir de coller à l'idéal de minceur infligé par les mass médias. Près d'une jeune fille sur trois tente d'ailleurs de suivre un régime alimentaire, alors qu'à l'adolescence le corps a un besoin record de calories.
      Repérer que son adolescent(e) a un comportement anorexique n'est pas forcément aisé pour les parents car l'intéressé(e) s'ingénie à écarter les soupçons – et donc les soucis – de son entourage : il (elle) ne manifeste aucun mal-être (tout à l'air d'aller bien), travaille bien à l'école, mijote des petits plats pour la famille en s'arrangeant pour y toucher à peine, fait du sport. Veillons toutefois à ne pas confondre un simple manque d'appétit sous l'effet de la fatigue ou d'une tristesse passagère –par exemple parce que la meilleure copine a changé de lycée –avec une authentique anorexie. Celle-ci se caractérise par le refus radical de s'alimenter, l'amaigrissement rapide et très important, l'hyperactivité et la disparition des règles pour les jeunes filles. Même dans le doute, mieux vaut intervenir et dire à l'adolescent(e) : Je m'inquiète sans doute pour rien, en tout cas je l'espère, mais j'ai remarqué que ta façon de te nourrir a changé et que tu as perdu pas mal de poids. Si les parents ont vu juste et s'ils insistent, ils le sauront – de manière paradoxale – en déclenchant une première réaction de déni très vive. Mais les parents doivent alors tenir bon, redire les choses telles qu'ils les ont observées, tout en donnant au jeune la possibilité de ne pas faire immédiatement preuve de franchise. Il est essentiel d'ajouter alors que la discussion n'est que remise et qu'on ne se découragera pas pour savoir ce qui se passe. Si les parents sentent toutefois que l'adolescent(e) anorexique s'emmure dans un silence obstiné, il ne faut pas hésiter à lui proposer d'autres interlocuteurs, soit un membre de la famille avec qui l'intéressé(e) se sent à l'aise pour confier ses problèmes, soit un professionnel dans un second temps (le médecin de famille ou un psychothérapeute). La peur d'être gros(se) avancée par le (la) jeune anorexique ouvre une voie pour l'aide psychologique et conduit parfois l'intéressé(e) et son psy vers des découvertes surprenantes, qui vont bien au-delà des éléments de causalité génériques énoncés ci-dessus. Ainsi, la terreur de grossir exprimée par Sabine, 16 ans, au début de sa psychothérapie, et demeurée longtemps sans réponse malgré un travail important sur elle-même, a commencé à décroître – tandis que l'envie de manger est réapparue – lorsque sa mère, en sanglots devant son état, à livré une confidence douloureuse. Adolescente et enceinte, elle avait avorté avec l'aide d'une faiseuse d'anges. Avant que cette femme fasse cesser une grossesse à ses yeux honteuse - Mon père m'aurait tuée s'il l'avait appris -, la jeune fille avait passé plusieurs semaines dans l'angoisse panique que son état soit visible. Ainsi, si Sabine se faisait maigrir de manière radicale c'est, d'une part, parce que sa mère a été silencieusement revisitée et envahie par la peur (que l'adolescente a sentie) lorsque sa fille a atteint l'âge où elle s'était elle-même retrouvée enceinte, d'autre part et surtout, parce que Sabine tentait inconsciemment de soulager l'angoisse de sa mère en lui montrant que l'on pouvait faire maigrir son corps à un tel point, qu'en cas de grossesse non désirée, l'entourage ne remarquerait rien ; en somme, Sabine, préparant son corps de cette façon, n'avait pas à redouter qu'une grossesse inopinée soit découverte comme telle et dénoncée... On rapprochera la source transgénérationnelle de la problématique de Sabine du cas – rapporté par Jean-Claude Arfouilloux (1983) – d'une adolescente qui était devenue anorexique dans le but inconscient d'avoir le poids de sa mère lorsqu'elle se trouvait à Auschwitz ! Or, ce drame n'avait jamais été porté à la connaissance – du moins avec des mots – de la jeune fille. L'adolescente avait en quelque sorte entrepris de soigner la douleur secrète de sa mère. Celle-ci a fini par révéler ce qui lui était arrivé en entendant le médecin dire que la jeune fille ne pesait plus que trente-trois kilos et qu'elle risquait de mourir...

      Annie et la boulimie


      La boulimie, c'est-à-dire le besoin impérieux de manger, touche environ 4 % des adolescents scolarisés. Elle survient un peu plus tardivement que l'anorexie : vers 16 à 18 ans. Ce rapport morbide à la nourriture se manifeste par accès. Ces crises sont suivies d'un grand malaise physique et psychologique : le (la) toxicomane de l'assiette se sent coupable ; il (elle) est déprimé(e) et se dévalorise. Rendant moins attirant(e), donnant moins envie de sortir et de s'amuser, la boulimie isole. Si l'adolescent semble souffrir de boulimie, les parents peuvent là encore l'aider. Ils doivent réagir dès qu'ils perçoivent quelque chose d'anormal. Mais ils doivent simultanément être capables, pour leur rejeton et pour eux-mêmes, de ne pas être persuadés du pire. Une fringale ponctuelle et même une tendance boulimique – on mange un peu plus quand on est morose – ne signifient pas automatiquement que le jeune souffre de boulimie avérée (en ce cas, le réfrigérateur est pillé jour et nuit, le jeune a honte et sa prise de poids est spectaculaire). C'est ce que montre l'exemple d'Annie qui se prépare à accepter son désir sexuel et celui des autres, en expérimentant des états corporels extrêmes.
      Agée de 17 ans, Annie est une jeune fille timide et un peu triste. Elle vient me voir car elle manque d'entrain. Elle a tendance à manger excessivement (surtout des pâtisseries et des confiseries), même si l'on ne peut pas vraiment parler de rapport boulimique à la nourriture. Sa démarche est individuelle. Au lycée, une surveillante lui a parlé de l'institution où je travaille et elle a aussitôt pris rendez-vous. Depuis qu'elle se trouve en internat, elle souffre psychologiquement. En effet, pour des questions d'éloignement géographique, elle ne peut plus se rendre dans sa ville natale, où elle participait à un atelier théâtre. Il existe une activité comparable en milieu scolaire mais on y joue de manière trop académique à son goût : C'est statique, étroit. Ce qu'elle aime dans le théâtre, tel qu'elle le pratiquait, c'est la griserie procurée par l'improvisation. Après plusieurs entretiens, Annie me confie qu'elle brûle de sauter un jour à l'élastique. Cette aspiration me surprend eu égard à son apparence réservée : c'est comme si un gouffre s'était ouvert à deux pas de moi... Quand elle ajoute adorer les grands huit dans les fêtes foraines, je ressens le besoin de lui parler du souvenir désagréable que m'a laissé l'attraction du Space mountain au parc d'Eurodisney. Je précise que j'ai mal vécu le fait que l'accélération est physiquement douloureuse au-delà d'un certain seuil. Annie affirme alors qu'elle n'envisagerait le saut à l'élastique que dans un cadre sportif. Je soupire de soulagement. Je souligne ensuite un point commun dans ce qui fait plaisir à cette adolescente : la sensation de se lancer dans le vide, en improvisant sur la scène d'un théâtre et en sautant à l'élastique. Dans les deux cas, ces expériences risquées comportent un garde-fou. Un guide sécurisant en est garant. Or, cette adolescente se jette sporadiquement sur la nourriture depuis qu'elle n'a plus de contacts avec l'animatrice de l'atelier théâtre ; depuis donc elle n'est plus soutenue, guidée dans son activité favorite. Ces accès témoigneraient inversement du fait que son corps a intérieurement peur du vide, appréhension qu'elle cherche à compenser ou contrebalancer par une passion pour le vide extérieur. Son épiderme frissonnerait de bien-être et sa chair frissonnerait de terreur. L'alternative serait pour elle : ou bien jouer à se lancer dans le vide ou bien être gagnée par lui. C'est là le signe d'une difficulté pour elle à apprivoiser certaines de ses émotions mais pas d'une impossibilité. Les rapports d'Annie avec ses parents manquent de densité. Elle leur reproche de lui demander de s'occuper de sa petite sœur, souvent enquiquinante, quand elle revient chez eux pendant le week-end ou les vacances scolaires. Nous comparons alors nos goûts en matière de théâtre. Elle me parle avec ferveur du Don Juan de Molière, dont elle a récemment vu une représentation. Elle a retrouvé des sensations agréables lors de ce spectacle. La statue du Commandeur l'a fait trembler à la fois de plaisir et de peur ! Je risque un commentaire : on joue au théâtre pour faire naître des émotions esthétiques chez des spectateurs, tandis que dans un sport de l'extrême, tel que le saut à l'élastique, on n'a pas de public, ou alors involontairement. Un peu plus tard, Annie peut admettre l'idée que se mettre en représentation n'est pas étrangère à la séduction et donc au désir d'entrer... dans le jeu du désir. C'est alors dans le saut de la relation amoureuse qu'elle va se risquer, sans trop de casse semble-t-il.
      Ainsi arrive-t-il que, dans ses tentatives pour grandir, l'adolescent(e) se retranche de la marche du monde, en particulier, pour exprimer et tenter de résoudre une souffrance psychique insistante – Je suis dégoûté(e) de la vie ; c'est ainsi que l'ado peut dérégler, de façon alarmante, son rapport quantitatif à la nourriture...

                                                             
                     Pascal Hachet

       

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