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La psycho
dans Signes & sens
Dans les « Maisons Vertes »,
toute l'expérience
de Françoise Dolto
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La famille, de par son concept d’universalité, est avant tout normative dans sa fonction humanisante. Quelle que soit sa forme, le fond est transmission. Qu’elle se construise sur un schéma matriarcal ou patriarcal selon les cultures, qu’elle soit véhiculée par une simple ethnie ou par un champ communautaire bien plus vaste, qu’elle ait été chez nous principalement parentale au siècle dernier, essentiellement conjugale aujourd’hui, le but en est toujours de permettre le lien entre le biologique, le psychique et le social de la nature humaine. À quelles fins ? Donner sens à la loi fondamentale, trait commun à toutes les civilisations : l’interdit de l’inceste.
Françoise Dolto signale que tout ce qui lui a été inculqué par ses parents, l’enfant doit le lâcher. C’est sans doute ce qu’induit le Christ répondant aux Pharisiens et ce que Moïse avait déjà dit avant lui : Mais à l’origine de la Création, Dieu les fit homme et femme. Ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère et les deux ne feront qu’une seule chair…
Un vrai partage
Dans « La cause des enfants », Françoise Dolto parle de son expérience de la « Maison Verte ». Tout au long du chapitre traitant de ce propos, elle raconte avec amour et passion la création et la fonction de ce lieu d’accueil, d’écoute et de dialogues. C’est dans le 15ème arrondissement parisien, le 6 janvier 1979, que la toute première maison ouvre ses portes. Pour éveiller la curiosité naturelle, sur une simple pancarte est inscrit : Venez fêter les Rois à la Maison Verte avec vos petits enfants de 0 à 3 ans, avec en guise de décor des ballons et des couronnes autour de la fenêtre. L’ouverture a donc lieu le jour de l’Épiphanie. La symbolique est trop belle pour être hasard. La venue des Rois mages portant offrandes pour la naissance de l’enfant Jésus, n’est-ce pas déjà en soi reconnaître l’enfant en tant que sujet ? D’ailleurs, à n’en pas douter, cela n’échappe pas à Dolto et son équipe puisqu’elle souligne qu’à cette occasion, il y avait une grande galette à partager avec tous ceux et celles qui le souhaitaient. Et ce qui est magnifique, c’est que certaines mamans sont venues, elles aussi, avec une galette. Par ce geste de partage, ce que le conscient exprime mais avec difficulté, l’inconscient le verbalise déjà. Que disent ces mères ? Sans doute, en tout premier lieu, leurs angoisses et leurs souffrances. De par-là même, la difficile responsabilité d’être à sa place en tant que mère aussi.
Une loi humanisante
Dolto disait que les parents ne devraient pas avoir de pouvoirs, ils n’ont que des devoirs. Mais comment s’inscrire dans un devoir sans chercher à tout prix à imposer son pouvoir d’adulte ? Il suffit d’inverser le système et s’ancrer dans l’idée que c’est l’enfant qui enseigne et non l’adulte. D’ailleurs, c’est ce que Freud découvrit en dégageant la construction et les structures de l’inconscient. N’est-ce pas alors donner du sens au travail analytique ? En effet, si l’un des aboutissements, pour l’analysant, c’est avant tout de se re-connaître en tant qu’être sexué et donc comme individu doué, c’est sans doute parce qu’un des axes fondamentaux, dans la guidance de la cure, prend effet sur ce principe même. Tout au long du chemin, l’analysant sera sans cesse renvoyé à lui-même parce que l’analyste ne s’inscrit pas dans un pouvoir ; il ne fait que devoir par jeu du miroir. Mais si cela fonctionne, c’est parce que l’analyste se doit d’être incontrôlable et incontrôlé. Il en va de même dans la relation à l’enfant. C’est lui qui enseigne mais cela ne signifie pas pour autant qu’il soit le témoin actif et passif de tout et n’importe quoi. C’est, à mon sens, ce qu’expliquait et pratiquait Françoise Dolto, y compris par la fonction des « Maisons Vertes », mais que l’on a souvent depuis déviées de son bon sens. L’enfant roi est un leurre fort discutable dans la mesure où on le conforte alors dans sa jouissance de toute-puissance. Si le petit d’Homme enseigne, c’est avant tout parce qu’il permet à l’adulte, parent ou référent, de comprendre alors son véritable rôle. L’enfant, sans cesse, sollicite l’adulte dans une demande de limites. Et les poser, c’est autoriser cet enfant à la possibilité d’intégrer la loi pour lui-même et dans sa fonction d’humain.
Iris Morard
Une bonne préparation psychologique
L’apprentissage par le chemin de l’école devient l’adaptabilité enrichissante au monde extérieur. Que l’on soit en accord ou pas avec le système scolaire, tel qu’il est véhiculé, au fond quelle importance ? Chacun dans le rôle qui lui incombe, les enseignants, tout comme les parents, font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils sont. La plupart du temps, l’enfant, lui, ne s’y trompe pas parce qu’il sait, inconsciemment, qu’il est en recherche de la place qui lui correspond. Par identifications, plus ou moins heureuses, il avance peu à peu vers cette passe à franchir. Sa re-connaissance de la famille parentale à la famille bien plus élargie, l’humanité, est déjà la priorité qui le guide en quête d’une acceptation.
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