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La psycho
dans Signes & sens
Mon ado est rebelle et paresseux.
Dois-je le mettre en pension ?
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L’adolescence est, par nature, une période d’opposition. En outre, chacun étant unique, il y a lieu d’envisager la question selon plusieurs perspectives avant de prendre la décision de scolariser un adolescent en internat. Ce qui peut s’avérer évolutif pour l’un ne le sera pas fatalement pour un autre. Autrefois, certains parents brandissaient le mot « pension » pour le faire rimer avec « punition ». Cette façon d’aborder les choses n’était certes pas la meilleure, d’autant qu’elle pouvait être vécue sur fond d’abandonnisme, voire d’exclusion, ce qui ne réglait pas forcément le problème. À l’inverse, votre ado a peut-être besoin de cette mise à distance pour continuer à se construire, indépendamment du milieu familial…
Laurence Azaïs, conseillère principale d’éducation, signalait – lors d’une intervention organisée par le ministère à propos du bien-fondé ou non de l’internat – qu’il serait naïf de croire que l’internat ne recèle que des vertus. Si la majorité des élèves en reconnaissent l’intérêt temporaire, poursuit-elle, il demeure cependant des inadaptations. Certains adolescents peuvent en effet rejeter totalement la vie en collectivité et n’hésitent pas à sacrifier leur scolarité pour obtenir un retour chez eux…
Le dialogue
Les termes paresseux et rebelle sont tout d’abord à remettre à leur juste place. Il convient ici de ne pas confondre paresse et manque de motivation. D’autant que traiter de manière récurrente un adolescent de paresseux risque, paradoxalement, de décupler son côté rebelle. La première chose à envisager consiste à établir un dialogue avec le corps enseignant pour montrer à votre enfant, ainsi qu’à l’institution scolaire, que la situation vous préoccupe. Cette approche présente l’avantage de recueillir l’avis de professionnels avant de tomber dans un jugement projectif qui ne tiendrait compte que d’un comportement conflictuel à la maison. Il est possible aussi que les études que vous envisagez pour votre ado ne correspondent pas à sa véritable sensibilité. Le sempiternel Passe ton bac et on verra plus tard relève d’un raisonnement logique pour vous mais pas forcément pour lui. Sachez que nombre d’adultes ont réussi professionnellement sans pour cela posséder ce sacro-saint diplôme. Les spécialistes de la psychologie expliquent que lorsqu’il est question de réussite, il convient surtout d’être à sa place. Or, un ado qui ne trouve pas d’intérêt à être sur les bancs d’une classe devient paresseux pour exprimer son non-désir. Le problème est d’autant plus épineux lorsque des parents exacerbés entretiennent, bien malgré eux, le processus de rébellion de leur progéniture en usant d’autoritarisme plutôt que d’autorité. La différence est de taille : l’autoritarisme exclut toute négociation et conduit tôt ou tard à la véritable révolte. L’autorité, à l’inverse, pose une loi ferme et protectrice mais reste ouverte au dialogue. Pour exemple, il est primordial de préciser à un adolescent que, jusqu’à sa majorité, il est entièrement sous votre responsabilité légale et qu’il n’est pas imaginable qu’il se comporte à sa guise. Ce cadre étant posé, l’internat peut être envisagé en listant ses avantages et ses inconvénients, pour lui comme pour vous. N’oubliez pas de lui signifier que cette possibilité vous demandera également un investissement financier. Ce type de partage l’inclura dans la réflexion et lui montrera que vous n’essayez pas de vous débarrasser de lui, tout en lui notifiant que vous ne tolérez plus ses débordements intempestifs. Ainsi, sans dramatiser à l’excès, le problème sera objectivé et vous permettrez à votre ado de se positionner. Il peut alors vous exprimer un désir de réorientation scolaire à prendre en compte. En tout état de cause, l’internat ne doit pas être perçu en termes de rejet ou de panacée.
L’internat d’aujourd’hui
On compte chaque année plus de 200 000 élèves qui font leur rentrée en internat et les établissements doivent faire face à une demande croissante. De nombreux internes de terminale confient qu’ils sont conscients des enjeux de l’année du bac et que le fait de ne pas être autorisés à avoir toute la journée un portable ou un ordinateur à portée de main, et d’être obligé de limiter les sorties, leur permet d’atteindre plus facilement leur objectif scolaire. D’autres ressentent un réel besoin de s’éloigner de leur famille et changent leur attitude de façon positive, jusque dans leurs apprentissages. Le week-end, les relations familiales sont, de fait, beaucoup plus détendues. À l’inverse, l’internat, vécu comme une obligation incontournable, peut pousser un ado mal dans sa peau à transgresser toutes les règles de l’établissement pour se faire exclure. D’où l’importance du dialogue et de l’aide d’un spécialiste si la problématique demeure ingérable.
Gilles Raynaud
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