Sur le bureau, ouvert à la page ou fermé, rempli de post-it, gribouillé de notes ou au contraire impeccablement rangé tel une relique, un livre est toujours disponible. Miroir de notre cheminement du moment, il répond présent, que ce soit pour combler un besoin d’évasion ou, au contraire, de centration…
Lorsque nous sommes préoccupés par un sujet que nous ne connaissons pas, nous demandons alentour : « Quel livre me conseilleriez-vous ? ». Preuve ici que nous accordons à l’acte de lire une importance essentielle pour avancer. Ainsi, une bibliothèque qui s’enrichit régulièrement témoigne de l’esprit curieux et alerte de son propriétaire.
S’approprier sa propre pensée
La première accroche d’un livre reste, de façon incontournable, son titre. Par exemple, « Bien communiquer » ne laisse aucune ambiguïté sur le contenu. Il en est de même pour tous ceux dont l’intitulé commence par « Comment… ». Le lecteur est quasiment sûr d’y trouver les recettes dont il a besoin à l’instant
t. Proches de ce type de littérature, on peut ranger tous les dictionnaires. Il s’agit d’ouvrages dits informatifs, incontournables pour qui veut en savoir plus sur un sujet. Dans cette catégorie, on peut ranger aussi les manuels concernant des disciplines spécifiques, qu’elles soient intellectuelles, sportives ou relevant du simple loisir. Pour se faire une idée sur des sujets qui alimentent parfois les conversations, on peut aussi opter pour les livres qui posent question comme, par exemple, « Voyance. Et si c’était vrai ? ». Glaner ainsi, sans a priori, des informations, des témoignages, permet de faire « ses humanités », c’est-à-dire de nourrir une pensée qui soit à contre-courant d’une pensée unique et prédigérée. Se laisser guider par son intuition en matière de choix est d’une extrême importance puisque cette attitude en dit beaucoup plus sur soi-même et sur sa différence que de longs discours. Le livre que l’on s’approprie ainsi par désir vient en quelque sorte authentifier sa propre pensée, jusque-là à l’état embryonnaire.
Rêver
Il est une fonction du psychisme que le psychanalyste Jacques Lacan nomme
registre de l’Imaginaire qui se nourrit de lectures spécifiques comme les romans, les contes initiatiques ou tout simplement la poésie. Il ne s’agit pas ici d’emmagasiner des connaissances mais plutôt d’aiguiser le plaisir esthétique. Les poètes ont l’art de faire chanter les mots, parlant plus à notre inconscient qu’à notre conscient. Impossible de savoir pourquoi nous aimons un poète et moins un autre. Sans doute font-ils plus ou moins écho avec notre psychisme archaïque. La poésie se présente avant tout comme une invitation à un voyage singulier : le rêve éveillé. Quant aux contes, initiatiques ou pas, ils permettent de croire que ce qui paraît impossible est réalisable, tel le pouvoir de la pensée positive ! Les mythes, même s’ils sont mensongers, ont permis à toutes les civilisations de se structurer et d’avancer. Étrange d’ailleurs de retrouver, à des milliers de kilomètres de distance, les mêmes archétypes. Le psychologue analytique Carl Gustav Jung a ainsi montré dans ses travaux l’effet structurant de toutes ces légendes.
Encore des livres !
Le monde de l’édition papier fait un maximum pour ne pas disparaître mais reconnaissons qu’Internet reste un support qui multiplie de son côté les possibilités de lecture pour le plus grand plaisir des surdoués de l’informatique. Grâce aux nouvelles technologies, une véritable bibliothèque à dimension mondiale s’offre à un public de lecteurs, dont les pratiques certes évoluent, mais qui d’un clic accèdent à l’ouvrage recherché pour le commander ou le télécharger sur leur ordinateur. Le livre numérique ne remplace pas le livre papier mais il correspond à une demande sociétale qu’il serait vain de fustiger. Après tout, osons avec humour la paraphrase :
Qu’importe le support, pourvu qu’il soit livresque !
Sylvie Robert