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La psycho
dans Signes & sens
Comment ne pas trahir
les siens |
« On n’est jamais si bien trahi que par les siens ! »… Peut-être le proverbe s’étaye-t-il sur l’histoire de Caïn tuant son frère Abel ou bien sur celle de Brutus assassinant César, son père adoptif, ou encore sur le récit de Judas trahissant son maître Jésus ? Quoi qu’il en soit, l’arroseur en arrive toujours à être arrosé par une sorte de fatalité, comme si le coupable finissait par se punir lui-même…
Brûler ce que l’on a adoré relève en fait de cette confusion amour/haine inscrite depuis la plus tendre enfance dans le psychisme de tout individu. Pour en sortir, il suffit d’essayer d’en saisir les mécanismes inconscients.
Qui sont les nôtres ?
Il est important de comprendre que le langage abrite un certain discours : en effet, comment se fait-il que la grammaire emploie un pronom possessif pour désigner les personnes qui nous sont chères, ce terme ayant une connotation particulièrement ambivalente ? La psychanalyse n’invente donc rien lorsqu’elle parle des objets d’amour qui deviendront aussi des objets de haine. Ce fonctionnement est tout à fait logique et normal dans les premières années de la vie. Le problème se renforce lorsque le fantasme persiste à l’âge adulte.
« Honorer son père et sa mère »
La vieille injonction biblique demande à ce que les parents soient reconnus en tant que parents. Au-delà d’un certain moralisme religieux, il est question de ne pas scier la branche sur laquelle se trouvent les descendants. Bien sûr, il est des fidélités pathologiques mais combien même les comportements des ascendants seraient discutables, les renier purement et simplement consisterait à se renier soi-même. Chantal Calatayud, psychanalyste didacticienne, écrit d’ailleurs dans son ouvrage « T’es pas mon père ! », publié aux Éditions Villon : Du début de la vie jusqu’à la mort, il y a toujours un père sur notre route, qui n’est jamais que la copie conforme de notre géniteur dont nous gardons une mémoire indéfectible de par les liens du sang. Connu ou pas physiquement, nous savons qui est cet homme, pétri de lui depuis notre conception…
Et nos enfants ?
Vos enfants ne sont pas vos enfants, affirme Khalil Gibran. Pourtant l’auteur du « Prophète », publié chez Albin Michel, ajoute : Vous pouvez leur donner votre amour mais non vos pensées, car ils ont leurs pensées propres… Françoise Dolto va dans le même sens lorsqu’elle prend fait et cause en faveur des tout-petits. Ainsi, ne pas trahir le petit d’Homme, c’est lui attribuer à la naissance un statut de Sujet. Ce qui consistera, autant que faire se peut, à ne pas projeter sur l’héritier ce que les parents ne se sont pas autorisé eux-mêmes, faisant de celui-ci un objet réparateur. Il n’est pas non plus question ici de culpabilité et de fantasme d’éducation idéale. Considérer son enfant en tant que Sujet, c’est lui reconnaître des ressources parfois insoupçonnables. Lucienne, mère célibataire de Sophie, 15 ans, avait pour sa fille l’ambitieux projet d’en faire une danseuse classique. C’était sans compter sur le réel désir de sa progéniture. En effet, lorsque celle-ci lui annonce qu’elle ne se rendra plus au cours de danse, Lucienne est déstabilisée. Cependant, elle accepte lorsqu’elle réalise que Sophie, en prenant cette décision, renoue en fait avec elle-même. Ce qu’elle désirait depuis longtemps, c’était avouer à sa mère qu’elle n’aimait pas cette discipline et qu’elle la pratiquait seulement pour la voir heureuse. Ne pas céder sur son désir ou son non-désir reste en fait la seule façon de sortir du mensonge, de ne pas se trahir et, par voie de conséquence, de ne plus tomber dans les affres d’une mauvaise séduction qui n’aboutirait in fine qu’au mensonge…
Frédérique Garnier
Les caractéristiques de l’engagement
1) L’enthousiasme : un engagement, quel qu’il soit, nécessite l’enthousiasme. Aussi est-il important que celui-ci ne soit pas imposé de l’extérieur, pour faire plaisir, ou par peur de décevoir mais, au contraire, qu’il soit véritablement le fruit d’un élan personnel.
2) Le doute : le doute vient calmer une inflation de toute-puissance. Le doute est salvateur lorsqu’il interroge. Je doute donc je suis disait Descartes.
3) L’action : elle est le remède idéal à l’envahissement des pensées stériles. Un engagement sans passages à l’acte restera toujours lettre morte.
4) La confiance en soi : il se peut que l’entourage se détourne. Qu’importe, l’essentiel est d’être persuadé que l’on n’a besoin de personne pour savoir ce que l’on a à faire. Se nourrir de la phrase : Je sais ce que je vaux et ne crois pas ce qu’on m’en dit !
5) L’obstacle : la pétillante Sœur Emmanuelle disait à propos de l’engagement : C’est être partie active dans un combat pour une cause de valeur : la décision ayant été prise librement, lucidement, c’est tenir le coup à travers les obstacles. L’obstacle est matière à action assurait de son côté Marc-Aurèle.
6) La distance : ne pas se prendre trop au sérieux permet de mettre de la distance par rapport aux événements, sortir d’attitudes obsessionnelles et être capable de changer de cap si nécessaire. Albert Einstein, célèbre pour son humour autant que pour sa théorie de la relativité, affirmait : La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent.
7) L’autre : Un engagement prend en compte l’alter ego. Non pour faire du prosélytisme mais pour ne pas abîmer. Ainsi, un engagement tenu, une parole donnée, c’est entrer en responsabilité. Le philosophe Emmanuel Lévinas pousse même très loin l’éthique et assène que le moi, devant autrui, est infiniment responsable…
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