La psycho
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      Peur inconsciente
      de l’acte sexuel : les causes

      Peur inconsciente de l'acte sexuel
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      La peur ne fait pas partie du vocabulaire de la psychanalyse, celle-ci préfère parler d'angoisse. Pourtant, toute simple, banale ou inconsciente, la peur peut être à l'origine de nombreuses perturbations psychiques chez les patients. Les séances qui vont suivre, les plus importantes d'une cure, illustrent cette constatation issue de la clinique : une peur inconsciente peut influer de façon pathogène sur la sexualité.

      Bertrand est un jeune homme de 23 ans ; habillé sobrement, il a l'aspect sérieux qui convient au métier qu'il exerce puisqu'il est fonctionnaire dans un grand ministère parisien. Après une brève liaison avec une amie d'enfance, Bertrand s'est mis en ménage avec une jeune femme ; il envisage de se marier mais il éprouve des inquiétudes concernant sa relation à sa compagne; celle-ci se plaint de rapports trop brefs ne lui permettant pas d'accéder à un plaisir satisfaisant.

      Anamnèse


      Bertrand parle avec gêne de ce problème d'éjaculation précoce et d'un autre symptôme qui perturbe sa vie sociale ; il rougit sans raison lorsqu'il se trouve seul avec une femme dans un bureau, dans l'ascenseur ou bien encore lorsqu'il croise le regard d'une jolie jeune fille à la terrasse d'un café. Sa peur de rougir devient de plus en plus envahissante dans sa vie quotidienne au point qu'il s'arrange pour fuir, chaque fois qu'il le peut, les situations anxiogènes dans lesquelles il sait que son symptôme va apparaître. C'est dans ce contexte qu'il se décide à entreprendre une analyse avec moi. Au cours des premières séances, j'apprends que Bertrand est fils unique. Son enfance et son adolescence ont été marquées par les violentes disputes de ses parents. Il ressentait, lors de ces fréquentes scènes de ménage, dont il était le témoin impuissant et terrorisé, une grande tristesse et un épuisement physique général. Son père était toujours en colère. Sa mère, très autoritaire, ne laissait aucune place à son mari, le considérant comme un bon à rien ; par ailleurs, elle avait besoin de ce fils non désiré (elle aurait voulu une fille et ne se privait pas de le dire) pour combler son manque. Ne supportant pas d'être seule, elle l'englobait dans un on qui lui retirait la possibilité de dire je et a fortiori de dire non. À l'inconscient, elle s'était positionnée de manière telle qu'il fut malade dès son plus jeune âge - problèmes pulmonaires, eczéma, rhumes et otites à répétition, poussées de fièvre. Dans ces moments-là, elle lui témoignait un peu plus d'affection et d'intérêt qu'en temps normal. Le père, artisan de son état, dévalorisé en permanence dans le discours de la mère, ne s'intéressait guère à son fils, d'autant qu'il n'avait jamais réellement souhaité être père. Bertrand avait fait des études honorables malgré ces conditions défavorables.

      Rêves et libre association


      Lors d'une séance, Bertrand évoque son rêve de la nuit précédente… Il se promène dans la campagne avec sa petite cousine. Son regard est attiré par un arbre dont le tronc présente une légère cavité ; intrigué, il s'approche et met son doigt dedans. Quand il veut le retirer, il ne peut pas ; son doigt est coincé. Il se met à hurler de peur et se réveille en sueur... Bertrand associe sur des vacances à la campagne dans la maison familiale ; un soir, il vit, près de la ferme, un chien qui montait une chienne. Les deux animaux étaient restés collés l'un à l'autre, tête-bêche, chacun tirant de son côté sans arriver à se dégager (chez le chien, lors de l'accouplement, il se produit un phénomène de verrouillage qui fait que le pénis du chien est retenu par le vagin de la chienne pendant un long moment sans aucune possibilité de retrait). Le fermier qui rentrait, les voyant accouplés, s'approcha, plaça son pied au-dessus des croupes et abaissa avec force son pied en jurant, ce qui eut pour effet de désunir la chienne et le chien qui s'enfuirent en hurlant de douleur. Bertrand, terrifié, avait été poursuivi par cette scène pendant plusieurs semaines. Quelques mois plus tard, il rêve qu'il voyage en train. Dans le compartiment, se trouvent plusieurs femmes assises à côté de lui, dont sa mère. À l'extérieur, il voit défiler des forêts aux arbres feuillus puis le paysage se transforme soudainement et ce ne sont plus que des troncs d'arbres coupés à mi-hauteur, à perte de vue. Il se rappelle une scène avec sa mère au cours de laquelle il semble vouloir voir et toucher son sexe, celle-ci refuse. Il lui demande si elle en a un, elle ne lui répond pas mais elle rit. Au cours d'une autre séance, Bertrand évoque une nuit de son enfance où il est réveillé par des bruits venant de la chambre de ses parents dont la porte n'est pas fermée. Intrigué, il écoute avec inquiétude les halètements, les murmures et, surtout, entend son père dire : Ça me fait mal, ah ! Ça me fait mal. Bertrand associe sur un autre souvenir qu'il évoque avec peine : un matin, il se lève et voit, sidéré, une serviette ensanglantée accrochée dans un coin de la salle de bains. Il n'ose pas poser de questions tellement il a peur. Dans son esprit, il fait le rapprochement avec les bruits qu'il a entendus dans la chambre des parents. Il imagine que son père a blessé sa mère dans un acte violent et établit un lien avec la scène des chiens. Au cours d'une autre séance, Bertrand évoque un souvenir alors qu'il avait cinq ans ; il se revoit jouant avec une petite fille de son âge dans une penderie pendant que leurs mères discutent. Très vite, les jeux se font plus exploratoires, jeu de la maman et du papa, jeu du docteur. Bertrand découvre la différence des sexes et éprouve du plaisir dans ces attouchements réciproques. Cette scène se répète pendant plusieurs mois. Un jour cependant, Bertrand conçut une très forte honte ; il se sentit coupable de ce qu'il faisait. Il eut alors peur de rencontrer cette petite fille et dit à ses parents ne plus vouloir aller chez elle. À cette évocation, il pleure abondamment, en silence, pendant de longues minutes. Quelques semaines plus tard, Bertrand abordera, avec une réticence teintée de honte, un épisode de son adolescence pendant lequel il se masturbait fréquemment après s'être excité avec des sous-vêtements appartenant à sa mère, la peur au ventre d'être découvert et puni. Son père lui avait donné, à peu près à la même période, un livre qui avait pour titre “ Ce que tout jeune homme devrait savoir ”. Cet ouvrage mettait en garde contre les maladies vénériennes et leurs conséquences dramatiques sur la santé. Or, dans son quartier, Bertrand croisait souvent des prostituées qui l'invitaient en murmurant : Tu viens chéri ?. Il était à la fois fasciné et effrayé par ces femmes aux cuisses dénudées et aux seins à peine contenus. Lors d'une séance ultérieure, Bertrand rapportera un rêve récurrent depuis son adolescence. Il se voit avec une femme dont il se rapproche. À peine son pénis entre-t-il en contact avec le sexe de cette femme que son sperme s'écoule lentement sans qu'il ne puisse rien faire pour l'en empêcher. Après plusieurs séances, Bertrand se rappellera peu à peu que lorsqu'il était tout petit, sa mère avait pour habitude de lui tenir le sexe pour le faire uriner dans le pot. Il croit se rappeler également que, pendant cette période, il n'arrivait pas à uriner si sa mère ne lui tenait pas le pénis ; c'est le contact de la main qui déclenchait l'émission d'urine. Il fait alors le lien entre urine, sperme et contact corporel.

      Interprétation


      Pour ce patient, la peur inconsciente de l'acte sexuel trouve son origine dans plusieurs éléments : l'angoisse inconsciente de castration (les arbres coupés), la peur du trou dont il ne peut retirer le doigt, la scène des chiens, la parole du père (j'ai mal), la serviette tachée de sang, la culpabilité éprouvée lors des jeux sexuels, la peur associée à la masturbation de l'adolescence et aux maladies sexuellement transmissibles et, enfin, la main de sa mère sur son pénis. La représentation du plaisir suscité par ce contact a été refoulée. De fait, la peur inconsciente entraîne un impact sur le désir de Bertrand pour les femmes ; elle perturbe son fonctionnement psychique. Sous l'effet de cette peur, Bertrand, par un mécanisme de projection inconscient, met hors de lui-même ce désir. Aussi, transforme-t-il l'objet désiré en objet redouté provoquant alors, à son insu, la phobie de rougir et une absence de désir conscient pour les femmes. De la sorte, il évite, fuit la confrontation avec l'objet redouté au conscient (la femme), que pourtant il continue à désirer à l'inconscient, sa phobie ayant pour but d'empêcher tout rapprochement avec une femme. Lorsque, malgré tout, ce rapprochement se réalise, la peur entraîne une éjaculation précoce. Ainsi, un terme est-il mis, dans les plus brefs délais, à l'acte sexuel, d'autant qu'à cette peur se surajoute la trace inconsciente du contact de la main de sa mère.
      Après deux ans d'analyse, Bertrand a pu accéder, grâce au travail de verbalisation, de remémoration et à l'analyse du transfert, à une vie sexuelle satisfaisante pour lui et sa compagne. Sa phobie a disparu. Pourtant, il éprouve encore à certains moments la crainte d'une éventuelle rechute. C'est une des raisons pour lesquelles il poursuit sa cure à ce jour.

       

      Jean-Pierre Bègue

       

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