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Le sport et les loisirs
dans Signes & sens
Au palmarès
du patrimoine français :
le cancan !
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À la fin du XIXème siècle, Henri de Toulouse-Lautrec a immortalisé dans ses tableaux cette forme de danse peu conventionnelle pour l’époque. On peut dire que le «cancan» a, à ses tout débuts, fait « jazzer » alentour ! Issu des bals populaires, il acquiert cependant au fil du temps une renommée internationale au point que, devenue « French cancan », cette danse de spectacle fait aujourd’hui partie du patrimoine mondial.
Le mot cancan ou coincoin définit, à l’origine, une activité ayant à coup sûr un rapport avec le chahut. Il fait évidemment penser aussi au canard. De là à imaginer qu’il est l’ancêtre de notre moderne « danse des canards », il n’y a qu’un pas !
Des origines populaires
Avant de devenir, en 1850, un quadrille codé sous l’égide de Céleste Mogador, danseuse vedette du Bal Mabille, le cancan - d’abord baptisé chahut-cancan - prend naissance de façon spontanée dans les cabarets où ont lieu les bals populaires et les bals d’étudiants. Le dictionnaire de la danse de Desrat en publie une définition pour le moins péjorative : On a donné ce nom à une sorte de danse épileptique ou de « delirium tremens » qui est à la danse proprement dite ce que l’argot est à la langue française… Quant au « Dictionnaire de la conversation et de la lecture » (1852-58), il précise que ce fut en 1822 que les jeunes gens qui se rendaient à « La Chaumière » commencèrent à danser ce qu’on appela d’abord le chahut et ensuite le cancan. Le cancan néglige, dédaigne, repousse, tout ce qui pourrait rappeler le pas, la règle, la régularité de la tenue… C’est encore, c’est surtout le dégingandage des danseurs et des danseuses. Le crayon de Gavarni peut plus facilement en fournir l’image que la plume en donner l’idée…
La vie parisienne
À la fin du XIXème siècle, le quadrille est repris par Nini patte en l’air, une danseuse du Moulin Rouge et le cancan devient French cancan. Nous sommes en 1894. Le musicien Jacques Offenbach se mêle à la partie et Henri de Toulouse-Lautrec se charge de la postérité. Le French cancan est enseigné. Les danseuses les plus connues ont pour nom La Goulue et Jane Avril. La danse devient un véritable spectacle de cabaret. Elle s’inspire des danses des blanchisseuses de Montmartre exhibant, pour séduire leurs fiancés, des jupons affriolants. Le tout-Paris, en ce XXème siècle approchant, raffole de ces femmes qui montrent leurs dessous sur scène au son d’une musique endiablée. Le French cancan a maintenant pignon sur rue. Ce dont témoigne « Le guide des plaisirs de Paris » en 1898 : Une armée de jeunes filles qui sont là pour danser ce divin chahut parisien, comme sa réputation l’exige… avec une élasticité lorsqu’elles lancent leur jambe en l’air qui nous laisse présager d’une souplesse morale au moins égale…
La postérité
La postérité du cancan n’a d’égale que son immense popularité de par le monde. Aux États-Unis, la danse est régulièrement interprétée par les artistes de cirque. La musique d’Offenbach, indissociable du French cancan, est jouée lors des fêtes d’anniversaire et même de remise de diplôme ! En Amérique du Sud, et notamment au Brésil, on danse le French cancan dans les rues. De nombreux compositeurs de musique ont intégré dans leurs œuvres l’esprit du cancan, comme Cole Porter dans sa comédie musicale Can-Can (1954). À noter ici un jeu de mot intéressant : en anglais, l’auxiliaire can signifie pouvoir, être capable de… Le cinéaste Walter Lang réalise également un film intitulé Can-Can en 1960. Il y a jusqu’à Harry Potter et l’Ordre du Phénix dans lequel on entend le « Galop infernal » d’Offenbach…
Christian Benoit
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