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La psycho
dans Signes & sens
Être heureux, tout simplement…
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Nos contemporains s'accordent à penser que le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui est largement empreint de souffrances et de douleurs. Pas une journée ne s'écoule sans qu'un média ne nous transmette l'information du malheur comme étant la seule valeur étalon du « ressenti » de notre planète et de ses habitants. C'est un peu comme si l'Homme moderne cherchait à faire flamber la cote du « bon-heure » en puisant dans les méandres de nos maux individuels et collectifs. Et c'est bien là toute cette amplitude qui gouverne notre recherche de cette douce substance appelée communément « bonheur ».
La question qui consisterait à prouver son existence n'a que peu d'importance en fait car chaque individu sur notre bonne vieille planète en a fait l'expérience dans sa vie, que ce soit grâce à l'émerveillement d'un jouet étant enfant, un premier baiser d'amoureux qui fait battre les cœurs ou l'achat d'une maison pour la petite famille. Ce qui nous intéresse, en revanche, c'est comment fait-on nous autres pauvres souffrants pour le saisir, l'observer et le garder le plus longtemps possible loin du malheur ? Comment le ressentir en soi avec un maximum d'intensité sans le laisser filer ? Est-ce possible ?
La réponse est oui. Je perçois déjà le regard ébahi de certains d'entre vous, prêts à croire quelque chose alors qu'il n'est pas question du tout de cela. La démonstration de cette affirmation passe par quelque chose de plus concret : le ressenti. Notre société de consommation nous pousse à croire, à acheter, à copier-coller des réponses toutes faites sans trop se poser de questions, créant ainsi un nouveau genre : le prêt à penser. Le bonheur est une question individuelle d'abord et collective ensuite, en prenant bien soin de séparer les deux opérations. C'est l'individu lui-même qui est créateur de son bonheur, acteur de son autonomie de penser et par conséquent architecte de sa vie. C'est son état de conscience personnelle qui forge les bases solides de son futur bonheur. C'est lui seul qui, par un simple acte d'observation de ses réactions, de ses acceptations, de son vécu, de ses responsabilités, ouvre le chemin à l'antidote de ses souffrances.
Une musicalité intime
Mais comment fait-on cela ? Rien de plus simple. Il faut le vouloir, c'est tout ! Qui ne voudrait pas du bonheur ? À observer ceux d'entre nous qui avancent dans la vie la tête en arrière et les pieds hésitants en avant, il est légitime de se poser des questions. Ce qui nous piège, ce sont sans doute les émotions et associations négatives du passé, ces non-acceptations de souffrances, ces non-dits entretenus, ces lâchetés et mensonges non avoués... Expérimenter le bonheur, c'est porter un regard vrai sur nous, sans tricher, en acceptant de s'être trompé ; c'est vouloir vivre loin de ses échecs en puisant l'énergie de vie à la source de ses obstacles et de ses épreuves, au réservoir de toutes nos expériences, ce qui régénère notre existence ici et maintenant. Le bonheur se crée au détour de l'attention que l'on porte sur son écologie d'être, du discours que l'on tient à soi-même en toute authenticité. L'option bonheur est une variante de nos choix qui repose sur le son intérieur, celui que nous laissons vibrer, permettant à chacun de jouer sur une partition à l'unisson de la vie. La qualité de cette musicalité intime s'inspire de notre dextérité à jouer les notes en toute conscience de l'harmonie que l'on peut voir jaillir de soi, si on se l'autorise. Le bonheur, c'est simple comme un coup de fil, une communication établie entre tout ce qui a construit notre personnalité, la compréhension de nos douleurs vécues et l'acceptation de celles-ci. C'est aussi et avant tout vouloir aujourd'hui déposer consciemment le poids du passé afin de construire dès lors son futur équilibre.
Une attention particulière
Est-ce facile ? Voilà le fond du problème. La résistance et l'attachement à ses vieux schémas, ses vieux sabotages, est la mesure de l'effort qu'il faudra mettre en place afin de sortir de ses fatalités. Le bonheur si je veux n'est pas en vente au rayon souhaits, il ne s'achète pas, ne se monnaie pas, tout juste peut-on espérer le trouver d'abord en soi afin de le vivre avec l'autre. Cependant, une chose est certaine : être heureux n'est pas un leurre, ni un lieu imaginaire où, une fois passée la frontière, on pose ses valises définitivement. Il se cultive, se chérit car il demande une attention particulière face aux influences pernicieuses des expériences antérieures, des nouvelles également, mais aussi celles de nos motivations parfois si fragiles. La souffrance, état naturel en soi, n'a d'existence qu'afin de nous permettre de ressentir cette autre dimension qui nous apaise et que tout le monde recherche : le vrai bonheur.
Christophe Corbon
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