L’infidélité, ce peut être un acte manqué à la belle promesse d’amoureux que l’on s’est faite l’un l’autre dans les yeux, quand amour rimait avec... toujours...
La fidélité représente surtout un engagement que l’on se fait explicitement devant Monsieur le Maire et implicitement, de toute manière, lorsque se révèle une relation amoureuse. La transgression créera la rupture d’une parole, du serment de loyauté envers son partenaire. Cet engagement qui s’adresse à l’autre miroir n’est que celui que l’on se fait à soi-même. Promesse pour une vie d’amoureux, mais une vie de combien ? De quelques jours, de quelques années, toute une existence ? C’est la désidéalisation de l’être aimé, le temps du deuil qui décidera de la limite du jurement de fidélité.
Un sentiment d’éblouissement
Dès les premiers moments de la relation, le partenaire est investi affectivement et mythifié. C’est parce que nous le désirons déjà qu’il est identifié à une relation idéale et qu’il nous éblouit. Nous reconnaissons inconsciemment cet « objet » comme nous appartenant et faisant partie intrinsèque de nous-mêmes. L’inconscient et son caractère infantile n’a de désir que pour ce qu’il n’a pas. Après avoir usé de l’objet, il va s’en lasser et son regard se tournera vers un objet nouveau.
Comme une trahison
Cette infidélité qui accable la nature humaine a une origine mythique, relative au complexe d’Œdipe. Le petit garçon se vit comme l’époux intemporel de sa mère et la petite fille comme l’épouse intemporelle de son père. L’enfant va fantasmer ce que Sigmund Freud a appelé « la scène originaire » et se sentir trahi par son grand amour. Ainsi, l’acte d’infidélité ne réveille qu’un fantasme œdipien dans la relation adulte. Il y a celui qui est trahi et blessé dans son narcissisme et celui qui trahit, toujours à la recherche d’un complément idéal ou de lui-même.
Les fondements de la souffrance
L’infidélité a le visage de Protée, sujette à la contingence des rencontres, fonction du profil structural de l’infidèle. De la rencontre informelle et éphémère à la relation adultère constante, toutes les apparences de l’infidélité ont une forme relative à la souffrance de l’individu. Il y a toujours chez l’infidèle le désir d’une expérimentation nouvelle qui cherche à résoudre une problématique relationnelle ou sexuelle. Le début d’une nouvelle relation est souvent prometteur mais la déception s’empare du sujet et le renvoie au mirage d’un être inaccessible. Cette boucle récurrente de l’insatisfaction permanente est à l’origine d’une profonde angoisse : l’abandon. L’infidèle est victime du leurre qui hante ses fantasmes d’idéalisation, le premier à souffrir de ses échecs, de la perte du partenaire magnifié. Toute l’émotion se polarise sur les premiers moments de la rencontre, moments suprêmes porteurs déjà de déceptions qui génèreront… l’infidélité.
La recherche du sens
La crise qui secoue le couple peut avoir des répercussions positives s’il y a interrogation de part et d’autre et beaucoup de compréhension, donc d’indulgence. C’est aussi à celui ou celle qui se sent humilié, bafoué, abandonné, de donner sens à cette infidélité. L’autre n’a peut-être pas trouvé l’énergie pour faire différemment. Il faut accepter que même si l’on vit ensemble pour le meilleur et pour le pire, le partenaire n’est pas soi ; il est différent avec toutes ses faiblesses, ses manques, sa propre souffrance. Lorsque l’infidélité s’instaure et s’installe dans le couple, ce peut être aussi le moment de réaliser et d’accepter que l’on n’a plus rien à se dire. Mais alors pourquoi ? Basiquement parce qu’il y avait jusque-là une recherche inconsciente de couple modèle… pour le pire…
Jacques Roux