Le saviez-vous ? Le mot hasard vient de l’arabe « al-zahr », jeu de dés. C’est peut-être pour cette raison que nous y associons si facilement, depuis des siècles, la chance ou la malchance…
Les phénomènes dits inexpliqués sont par essence inexplicables parce qu’irrationnels ; ils nous échappent en totalité sur un plan du raisonnement logique. Le concept de hasard n’échappe pas à la règle. En effet, on ne peut en parler objectivement sans le détacher de sa réalité abstraite et en modifier par conséquent son sens en le réduisant à son aspect matériel. Tout comme le fait de parler de Dieu entraînerait forcément sa matérialisation, donc une limite à son infinie grandeur (or, nous savons que l’infini n’est pas mesurable par l’Homme actuellement, bien que des astrophysiciens tentent d’y parvenir en essayant de mesurer l’Univers). Cependant, nous pouvons aborder le hasard sur un plan spirituel de façon à ne plus réduire la magie que l’on y associe. Nous avons alors l’opportunité de nous poser de vraies questions : D’où viennent mes choix et leurs conséquences ? Pourquoi suis-je né ici et pas là-bas ? Pourquoi suis-je un homme et pas une femme ? Pourquoi suis-je venu au monde en 1970 et pas en 1770 ? Etc…
Le facteur temps
Certains pensent que l’Univers et la nature sont parfaitement synchronisés et donc, nul ne peut échapper à son destin. D’autres croient que tout peut changer en permanence, en fonction d’évènements extérieurs. Prenons pour exemple le système juridique des Romains dans l’antiquité : lorsqu’un individu était accusé d’une faute grave, voire d’un meurtre, ses juges, plutôt que d’enquêter sur l’affaire, lui faisaient traverser une rivière infestée de crocodiles ou le mettait en présence de fauves dans un endroit fermé. S’il n’était pas dévoré au bout d’un certain temps, il était décidé que l’individu en question n’était pas coupable parce que les Dieux en avaient décidé ainsi. Autrement dit, la justice de cette époque faisait confiance au destin et ne croyait pas du tout au hasard : le crocodile ou le lion aurait agi suivant la volonté divine… Un autre exemple, celui du Pape Jean-Paul II. Voilà un homme qui, atteint de la maladie de Parkinson, ne pouvait plus se déplacer sans l’aide de trois personnes et, plus encore, avait de grandes difficultés à lire un texte en raison de son manque de souffle. Des sujets réclamaient son départ prétextant son incapacité à gouverner l’église catholique, d’autres disaient qu’il ne partirait pas n’étant plus conscient de ces actes. Bien évidemment, la personne athée ne se sentait pas concernée mais le profondément croyant avait une confiance aveugle en Dieu qui déciderait du moment opportun pour rappeler Jean-Paul II à ses côtés. En outre, le temps et l’instant ont une importance fondamentale dans l’approche et la compréhension du hasard ; nous pouvons le vérifier facilement en observant la chronologie des découvertes chez les savants ou les grands artistes. Imaginons qu’Albert Einstein soit né vingt ans plus tôt et qu’il fasse les mêmes découvertes que nous lui attribuons. Les résultats de ses travaux seraient ainsi publiés avec ce même décalage temporel et les nazis pourraient en disposer beaucoup plus vite. La suite est aisée à comprendre… Dans un autre registre, prenons l’exemple de Pablo Picasso et faisons le naître cinquante ans plus tôt. Il développerait un style et une personnalité dans son travail sans avoir pris connaissance des travaux de Paul Cézanne. Il ne pourrait donc pas élaborer ce que l’on appellera plus tard le
cubisme analytique et, par conséquent, il n’aurait pas influencé toute une génération d’artistes, dont les peintres futuristes qui amèneront une vision nouvelle du
design et de l’architecture. S’en trouverait retardée aussi la nouvelle politique d’habitat moderne des années 50, modifiant donc en bout de chaîne le mode de vie de toute une civilisation… L’hypothèse la plus logique qui nous vient à l’esprit pour essayer de comprendre ces rapports entre le temps et la destinée serait que plusieurs évènements, s’ils avaient lieu aujourd’hui plutôt que demain, entraîneraient une somme de problèmes ingérables pour l’humanité puisque n’arrivant pas au bon moment.
Le facteur sens
Le fait que nous ayons de plus en plus tendance à croire au hasard en ce XXIème siècle provient certainement du fait que la science progressant à grands pas donne des réponses plus pointues aux problèmes existentiels. Nous l’observons notamment en lisant dans la presse des successions de tentatives de découvertes comme le gêne de l’obésité ou de l’alcoolisme ou encore le gêne de l’assassin etc… Tout ceci nous fait cependant oublier le sens véritable des évènements qui, additionnés les uns aux autres, font l’histoire de l’Homme. Plus besoin de comprendre le « sens », les savants nous expliquent tout, y compris ce que nous n’avons pas besoin de savoir : tapons le mot « migraine » sur Internet et, en deux minutes, nous téléchargeons 200 pages sur le sujet ! Toutefois, quant à avoir des réponses sur l’heure à laquelle nous devons prendre notre voiture pour éviter un accident, nous n’en aurons pas ! C’est le hasard, nous dira-t-on, ou Dieu seul le sait… Pourtant, peut-être que le hasard est tout simplement la main de Dieu ? Alors, si nous écoutions un peu plus Dieu par hasard ?
Ivan Calatayud