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La psycho
dans Signes & sens
Je n’ai pas rencontré
le prince charmant
et c’est bien mieux comme ça !
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Qui est donc ce prince charmant tant attendu ? Les femmes ont parfois une propension à assujettir leur bonheur à la rencontre de cet être masculin idéalisé. Chacune d’entre elles possède son propre scénario…
Comme au cinéma, il s’agit toujours de s’évader d’un quotidien décevant. Animer dans ses rêves son « objet d’amour » offre beaucoup de pseudo avantages. Outre celui de ne pas prendre le risque de la rencontre, une certaine gente féminine fantasme vivre en dehors du temps, comme les héroïnes d’une épopée dont elles contrôleraient tous les aléas… Face à cet idéal, quel homme peut lutter ? Il y aura fatalement quelque chose qui cloche et qui ne correspondra pas à la belle histoire...
C’est un beau roman…
L’amour inconditionnel, fusionnel, existe dans les contes. La Bible, quant à elle, fait naître Ève de la côte d’Adam, comme si la perfection amoureuse niait la différence sexuelle... Mais un homme ne peut à lui seul être un archétype. La femme, dans son principe féminin passif et intériorisé, se plie d’autant plus à cet imaginaire collectif que le prince charmant est censé faire d’elle une femme, une épouse et une mère, sans qu’elle y soit pour quelque chose. Tout serait pris en charge par cet être magnifique. Les pulsions sexuelles sont peu sollicitées dans ce scénario primitif, souvent œdipien, le fameux prince aux allures héroïques se parant des mille vertus d’un père idéalisé… Les petites filles font en secret une place prépondérante à cet homme parfait ! Encore aujourd’hui, certaines célibataires quadragénaires espèrent toujours rencontrer, lors d’une soirée, celui qui va véritablement transformer leur vie.
Renoncer ?
Et si renoncer à rencontrer le prince charmant était l’occasion de lâcher un étayage pathologique, sorte de miroir compatissant? Si nous acceptions plutôt celui qui nous permet de voir sans détour. Plus d’attente ni de déception. Aller enfin au devant de sa vie en découvrant les trésors qu’elle nous réserve. La plus grande sagesse ne résiderait-t-elle pas dans cette forme de renoncement ? La femme moderne d’ailleurs ne s’y trompe plus, elle qui ne s’en laisse pas conter et préfère « vivre seule que mal accompagnée », comme dit l’adage et si l’on en croit les statistiques. Et puis, ne serait-ce pas là, justement aussi, le secret de la réussite des couples ? Ainsi, à trop vouloir rechercher sa « moitié », ne risque-t-on pas de passer à côté de mille opportunités, de mille paysages différents et pour le coup, de manquer la rencontre avec le conjoint qui est fait pour nous, bien réel celui-là ? Tout comme Véronique, 30 ans, qui après dix ans de mariage, assure, avec beaucoup d’humour, de tendresse et de respect : Je n’ai pas rencontré le prince charmant et c’est bien mieux comme ça !
Comme on la comprend ! Qui dit prince charmant dit princesse charmante… Avec son lot d’obligations plus démoniaques les unes que les autres. Cette attente toxique mobilise déjà en son principe un conditionnement épuisant : le nec plus ultra. Et ce, dans tous les domaines. À l’inverse, qu’il est bon et doux d’envisager le futur partenaire comme quelqu’un ayant connu des expériences de vie pas faciles. Un véritable homme de terrain en somme ! Mais, de fait, un vrai partenaire de cœur.
Si vous avez du mal à vous débarrasser d’un schéma d’idéalisation, encore une fois, imaginez les prises de tête que convoque la perfection. D’autant que la compétition ne fait pas bon ménage (!) dans un binôme affectif. D’ailleurs, cela ramène à quelques années en arrière : il y avait sur le devant de la scène médiatique un couple que l’on disait très amoureux, elle mannequin célèbre, lui illusionniste tout aussi connu et reconnu. Ils étaient tellement « lisses » ensemble que la presse a fini par conclure à un coup médiatique de leur part ! Le manque d’aspérités identifié par ces mêmes journalistes leur a donné raison un peu plus tard… En fait, c’est bien grâce à nos petits défauts que l’homme de notre vie volera à notre secours… Mais ce sont aussi ses propres failles qui feront que nous serons toute dévouées à sa cause…
Bénédicte Paillet
Cathy raconte ses désillusions
À 49 ans, après deux divorces, quelques aventures malheureuses et une analyse, j’ai enfin compris que j’en demandais trop à mon couple. Je voulais absolument retrouver l’homme parfait que représentait mon père à mes yeux de fillette, cet homme formidable qui me gâtait et me faisait rire. Aujourd’hui, je ne suis plus en attente de l’autre : soit je l’accepte comme il est, soit je pars. C’est une libération pour moi.
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