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La psycho
dans Signes & sens
Le hochet,
un doudou qui fait
toujours ses preuves !
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Instrument incontournable de la panoplie du nouveau-né, le hochet est un jouet qui nous vient de la nuit des temps. Cependant, certains historiens identifient Archytas de Tarente, un disciple de Platon, comme en étant l’inventeur, quatre siècles avant notre ère...
Le hochet est fait pour attirer le regard et l’écoute de bébé. Dès l’âge de trois mois, il pourra le saisir de manière volontaire, le secouer, s’en servir pour assouvir ses pulsions agressives. Comme le doudou, il a une fonction d’objet transitionnel (terme employé par le pédiatre et psychanalyste Winnicott), en l’absence de la mère.
À travers les âges et les cultures
Dans l’antiquité, les nourrices calmaient déjà les pleurs des nourrissons en faisant crépiter un objet fait d’argile ou de métal dans lequel étaient enfermés des petits cailloux ou des grains. Ce type d’objet avait souvent la forme d’un animal domestique : chien, mouton, cochon. Les adultes aussi avaient leur hochet ! Celui-ci était utilisé comme instrument de musique pour fêter Bacchus, le dieu de tous les plaisirs. Le mot latin en est d’ailleurs crepitaculum, signifiant crécelle. Il est intéressant de noter que l’aspect d’un hochet retrouvé à Pompéi ne diffère en aucune manière des hochets du XXIème siècle. Il s’agit d’une forme circulaire garnie de grelots et munie d’un manche. On retrouve le hochet dans d’autres cultures que la nôtre. Ainsi, il possède des vertus chamanistes pour les Indiens iroquois. Ceux-ci transforment en effet les carapaces de tortue en hochet, cet animal étant pour eux sacré dans la mesure où il porte le monde sur son dos. Les Kotas du Gabon, pour leur part, utilisent un hochet fait de cuivre et de fibres tressées dans le but de faire fuir leurs ennemis. Le hochet du Moyen Âge a une fonction magique tendant à protéger l’enfant de la maladie et de la mort. Au XVème siècle, certains hochets disposent d’une dent de loup, laquelle selon la croyance de l’époque chassait le malin. Au fil du temps, pour les classes aisées, le hochet devient un véritable objet d’orfèvrerie. Sous la Renaissance, il est en ivoire, en cristal ou en argent. Le philosophe du XVIIème siècle, Jean-Jacques Rousseau, fustigera d’ailleurs – dans « Émile ou l’Éducation » – ces jouets qui habituent l’enfant dès sa naissance au luxe : On ne sait plus être simple en rien, pas même autour des enfants. Des grelots d’argent, d’or, de corail, des cristaux à facettes, des hochets de tout prix et de toute espèce : que d’apprêts inutiles et pernicieux ! Rien de tout cela… De petites branches d’arbre avec le fruit et leurs feuilles, une tête de pavot dans laquelle on entend sonner les graines, un bâton de réglisse qu’il peut sucer et mâcher, l’amuseront autant que ces magnifiques colifichets et n’auront pas l’inconvénient de l’accoutumer au luxe dès sa naissance… Il faudra attendre le XIXème siècle pour que le hochet se démocratise. Il s’agit d’un petit tambour en fer blanc à l’intérieur duquel se trouvent quelques graines desséchées. Enfin, le XXème siècle, avec l’usage du plastique et la fabrication à la chaîne, permet pratiquement à chaque enfant de bénéficier de cet ustensile si précieux pour son développement.
Ce qu’en disent les psy
Outre le fait que le hochet tend à éveiller tous les sens de l’enfant, le Docteur Edwige Antier, auteur de «Mon bébé joue», publié aux éditions Balland/Jacob-Duvernet, précise que le hochet ne prend son sens que parce que papa l’agite, parce que maman le dépose précieusement dans le lit, parce que le grand frère part jouer avec, égrenant le grelot dans toute la pièce... Ainsi l’utilité du jouet est-elle que l’enfant découvre peu à peu l’extérieur. C’est en ce sens que le hochet permet de faire la transition entre son corps et ce qui n’est pas lui. Un autre avantage du hochet est le fait que bébé va pouvoir affiner ses gestes, notamment au niveau de sa motricité manuelle. À partir de l’âge de cinq mois, l’enfant commence à utiliser sa main de manière de plus en plus efficace avec la répétition du geste. Ses actions deviennent davantage intentionnelles. Le petit d’Homme tend à se percevoir de plus en plus distinct du monde extérieur. Il va répéter un acte accompli au départ par hasard qui lui a apporté un certain plaisir. C’est ce que les psy appellent des réactions circulaires secondaires. Un exemple simple : le petit Rémi, en gesticulant, touche le hochet et, tout étonné de l’effet produit, visuel ou sonore, a bien envie que cela se reproduise. Il va donc dissocier sa main du hochet. Ce ne sera plus par hasard que le hochet va bouger mais parce qu’il l’aura voulu. Le pouce, notamment, va être de plus en plus sollicité. Il s’agit là d’un véritable travail que Bruno Bettelheim, psychanalyste de renom du XXème siècle, résume bien : La répétition rigoureuse d’un même jeu montre que l’enfant lutte avec des problèmes qui ont pour lui une grande importance et que, tant qu’il ne sera pas capable par son jeu de trouver une solution, il continuera d’en chercher une... Amusez-vous en effet à observer à la dérobée toute l’attention et l’énergie que met le bébé à réaliser quelque chose avec son hochet. Vous serez surpris des trésors d’inventivité et du sérieux dont il dispose pour arriver à ses fins. Il est en train de découvrir que les effets ont des causes. Et il devient peu à peu maître de l’action. Avant même l’apparition du langage, il a sa façon très personnelle de s’exprimer à l’aide du hochet. Il va tenter d’intervenir sur son petit monde et découvrira un peu plus chaque jour la réalité.
Bertrand Cumin
Pour aider l’éveil de bébé. . .
Le hochet est un véritable instrument magique d’éveil pour l’enfant durant la première année de son existence. Compagnon d’apprentissage essentiel, il mérite que l’on mette autant de sérieux dans son choix que s’il s’agissait de notre nouvel ordinateur. N’hésitez donc pas à consulter des spécialistes du jouet qui sauront vous faire découvrir ou redécouvrir les multiples avantages du hochet.
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