La psycho
      dans Signes & sens

      Le mythe :
      un mensonge indispensable

      Je dis oui au bonheur !
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      Qu’est-ce qu'un mythe ? Une histoire que des personnes inventent à partir d'expériences qu'elles partagent. De nos jours, l'opinion taxe péjorativement de mensonge cet héritage culturel multimillénaire. Mais la rationalité moderne n'a pas réussi à l'éradiquer. En effet, quel que soit son niveau de développement sociétal, on observe qu'aucune communauté ne paraît exemptée ou immunisée contre les mythes.

      Le mythe servirait à faciliter l'assimilation psychique – la digestion – d'une expérience collective éprouvante. Ses composantes douloureuses – en particulier ce qui a été vu, entendu et dit – seraient fonctionnellement déformées par le récit mythique. Il ne s'agit surtout pas de nier le caractère de fausseté du mythe et même, au contraire, de reconnaître que cette fausseté est nécessaire. Ce fait clinique ne doit pas être méprisé mais compris. La définition du mythe comme histoire mensongère, tissée à partir de faits réels, est riche de sens pour le psychanalyste ; effectivement, celui-ci est familiarisé avec l'idée qu'il existe un usage logique du mensonge car il ne comporte pas que des aspects négatifs. Ainsi le mensonge est-il une nécessité mentale pour l'enfant puisque la possibilité de mentir témoigne de l'acquisition d'un espace psychique à l'abri duquel on peut cacher, en toute liberté, ses pensées aux autres ! D'une manière générale. s'il ne se mentait jamais, ne mentait jamais et n'était jamais exposé à des mensonges, l'individu n'adviendrait jamais à sa vérité – ou du moins à sa cohérence psychique. Le mythe, donc, ne ment pas par vice mais par obligation.

      Mythe et perlaboration


      Il ne nous est pas donné de pouvoir accepter telles quelles les expériences que nous faisons. Un certain temps est nécessaire pour que nous nous les appropriions et les assimilions. Le mythe tend ainsi à dénier le fait que l'expérience ait même eu lieu, à en ensevelir radicalement la réalité. Un mythe apparaît lorsqu'une réalité vécue est difficile à admettre par un groupe d'individus ; il disparaît quand cette réalité est admise, c'est-à-dire intégrée. Quitter, résoudre un mythe, c'est admettre les faits qui le suscitèrent tels qu'ils sont. Non sur le mode d'une capitulation face au réel mais comme enrichissement de la personnalité ; celle-ci a pris le temps d'accueillir les diverses composantes – verbales, imagées, affectives, sensorielles et motrices – de la participation d'un groupe à une expérience problématique. En d’autres termes, un bon mythe est un mythe mourant. qui veut bien « passer la main ». Cette disparition est le signe que l’intégration psychique correspondante a été correctement accomplie par les membres d'une collectivité. En revanche, s'il ne meurt pas dans les psychismes où il s'est levé, le mythe exerce une emprise aliénante. C’est alors qu'il devient dangereusement leurrant. En cas d'expérience éprouvante, le mythe doit advenir. Mais il est tout aussi nécessaire qu’il s'abolisse quand cette expérience a été suffisamment traitée dans chacun, quand ses composantes ont été mentalement métabolisées. Le mythe est une excellente chose puisqu'il concourt a donner un sens à notre vie personnelle, avec les autres et qu'il peut la mouvoir. En revanche, lorsqu'il ponctue un échec sévère dans l'entreprise d'acceptation mentale qu'il tente d'accompagner, figeant son récit et ses rites, aveugle, il opacifie et parfois détruit le rapport que nous avons avec nous-mêmes, autrui et le monde. Obscurantiste, il est alors au service du refoulement le plus rigide qui soit, s'opposant notamment à l'expansion du savoir ; ainsi en est la démonstration du déni durable du darwinisme par l’Église…

      Le mythe au service des liens sociaux


      Le mythe étant transitoire, il doit donc être critiqué dans un après-coup. Sa fonction de lever le bouclier psychique doit être alors comprise, littéralement « démystifiée » : « Telle croyance m'a servi à accepter la réalité douloureuse de tel fait. C'est à présent chose faite ». Pour toutes ces raisons, il est faux d'opposer l'irrationalité du mythe à la Raison, censée régir nos institutions démocratiques depuis 1789, date de la proclamation de la Déclaration française des Droits de l'Homme et du citoyen. En soi, le mythe ne paraît pas s'opposer à la démocratie. Celle-ci représente même un exemple majeur de mythe (et de rite) profane, en l'occurrence réussi. La démocratie républicaine semble être, en effet, une manière efficace d'agir simultanément sur la réalité sociale et sur le psychisme des individus d'une communauté : elle proclame, en mettant concrètement en œuvre, une conception des rapports humains supportable pour le plus grand nombre. Cette conception ne sacrifie ni l'individu au profit du groupe ni le groupe au profit de l'individu, ni encore un groupe au profit d'un autre groupe. Elle réalise une interaction équilibrée et incessante entre individu et groupe d'une part, entre différents groupes d'autre part. En revanche, un mythe s'oppose à la démocratie lorsqu'il aboutit, sous l'effet d'une résistance sévère, à introduire des clivages irréductibles entre l'individu et le groupe ou entre différents groupes. Il exalte alors des croyances ségrégatives, élitistes. On voit donc que les débats sur le retour du mythe et sur la disparition des idéologies n'ont pas lieu d'être. Le mythe est déjà là et, surtout, il n'est jamais parti ! Aidant les sujets à gérer psychiquement les expériences difficiles qu'ils partagent, il participe fondamentalement l'équilibre des liens sociaux.

       

      Pascal Hachet
      Psychologue, docteur en psychanalyse

       

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