La psycho
      dans Signes & sens

      Le « Petit Prince » sur le divan !

      Le « Petit Prince» sur le divan !
      ©iStock

      « Je n’aime guère prendre le ton d’un moraliste », affirme Antoine de Saint-Exupéry dans le Petit Prince. Pourtant, il n’a de cesse d’adresser des recommandations, enseigner la bonne conduite, formuler des règles à suivre ou encore énoncer des principes pour bien penser…

      Certains ont qualifié Saint-Exupéry d’humaniste, pourquoi pas ? Mais l’humanisme fondant sa doctrine sur le développement des idées de l’Homme, l’auteur du « Petit Prince » fait office de « maître à penser ». N’avait-il pas, dès l’âge de douze ans, donner à son professeur de français un poème sur l’aéronautique ? L’élève dépassant le maître ! Comment, par ailleurs, un enfant peut-il avoir la prétention d’instruire des adultes, d’imposer des théories résultant logiquement de l’expérience ? Ne parle-t-on pas des « enseignements de l’âge » ? En donnant la « bonne parole », l’enfant, alias Saint-Exupéry, tel un sauveur de l’humanité, développe ainsi ce que l’on a coutume d’appeler un complexe de supériorité. D’un point de vue analytique, de pareils écrits s’envisagent alors sous un éclairage différent ; l’auteur a la volonté de transmettre la vérité mais celle-ci correspond en fait à « sa » vérité, en tant que « réalité psychique » véhiculant, selon les travaux freudiens, de la névrose ; si l’auteur vise à transmettre une portée philosophique, il témoigne surtout d’un douloureux héritage transgénérationnel et la tentative de l’extériorisation d’un non-dit, c’est-à-dire de l’inavouable refoulé.

      Orphelin de père à quatre ans


      Saint-Exupéry, orphelin de père à l’âge de quatre ans, fut élevé par sa tante ; très tôt, il sera donc privé de ses parents. Cette carence affective provoque chez lui une profonde déception du monde des adultes : « Les grandes personnes sont comme ça », dit-il. Il en résulte, par mécanisme de défense et toujours pour Freud, la mise en place inconsciente d’un narcissisme secondaire, c’est-à-dire un repli sur soi dans lequel il y a « retournement de la libido vers le Moi ». Ce processus est particulièrement bien illustré lorsque le « Petit Prince » se trouve face à son propre écho (la nymphe Echo était d’ailleurs amoureuse de Narcisse). Par perte de l’objet, il y a impossibilité d’une relation inconsciente de type objectal ; c’est l’inverse qui se produit, une sorte d’amour névrotique dont le « sujet d’amour » est l’individu lui-même : « Ah, voilà un sujet, s’écria le roi quand il aperçut le Petit Prince ».

      Un profil mélancolique


      Tandis qu’il y a intériorisation d’un amour faisant défaut, les imagos parentales restent cependant idéalisées. Le père, maître absolu, « monarque universel », castrateur mais admiré, est introjecté et une confusion s’établit ; l’enfant croit alors en la toute-puissance de ses idées : « Je n’aime pas qu’on lise mon livre à la légère ». Il y a identification à un père mythique, chef incontestable et incontesté de la horde primitive incarnant à lui seul la loi, détenteur du pouvoir décisif de vie ou de mort : « Tu pourras juger… Tu condamneras ». La présence d’un mouton dans le récit n’est d’ailleurs pas sans faire penser au célèbre personnage de Panurge dans Pantagruel. Panurge, en grec Panourgos, signifie justement « capable de tout ». L’histoire relate que Panurge acheta un mouton et qu’il le noya, le rendant ainsi à la « mère », funeste présage… C’est aussi le fantasme d’un père en possession d’une force mystérieuse, empreint d’une personnalité à la fois brillante et dangereuse, véritable hypnose paternelle, sorte de magnétisme animal tel le serpent au bruit métallique, « plus puissant que le doigt d’un roi » et capable d’emporter dans l’au-delà. Toutefois, les objets d’amour idéalisés sont également haïs de par leur absence: « Ce n’est pas un homme, c’est un champignon », ou encore, « Les épines… c’est de la pure méchanceté de la part des fleurs ! », et en l’état confusionnel, cette haine se retourne contre le Moi, « un Moi maltraité par l’Idéal » disait encore Freud. C’est alors l’installation d’une mélancolie souvent mentionnée dans le récit : « Je suis tellement triste » dit le petit Prince. Durant sa carrière de pilote, Saint-Exupéry eut d’ailleurs plusieurs accidents, dont un lui laissant des handicaps physiques ; enfin, sa disparition prématurée à l’âge de quarante-quatre ans, sorte de suicide inconscient, traduit l’expression d’un profil mélancolique.

      Un complexe d’infériorité masqué


      Ce complexe de supériorité, ainsi que nous l’avons décrit suivant une identification narcissique, n’est en fait, comme dans la plupart des cas, que la manifestation d’une formation de compromis inconsciente visant à masquer un immense complexe d’infériorité. De par une histoire familiale perturbée, ajoutée aux traumatismes communs à tous les individus comme celui de la naissance, Saint-Exupéry va donc témoigner d’une névrose abandonnique, certes déguisée mais omniprésente dans son ouvrage : « Il n’avait en rien l’apparence d’un enfant perdu ». Inconsciemment, il va se vivre fautif : « Tu es responsable… » car, incapable de modifier le cours des évènements de son enfance, une grande culpabilité s’installe faisant grossir le complexe : « Je n’aurais jamais dû m’enfuir ».
      Le complexe d’Œdipe non résolu, comme le clin d’œil à la « scène primitive » (qui est le rapport sexuel des parents, vu, entendu ou fantasmé par l’enfant), avec cette passion chez le Petit Prince pour la contemplation des couchers de soleil, concourt à le positionner inconsciemment en état d’impuissance totale. Ce fantasme à être incapable, insuffisant, met en place une névrose d’échec repérable dans certaines difficultés lors de son parcours d’étudiant ; Saint-Exupéry avait tout d’abord échoué à l’École Navale, puis tenté l’architecture avant de se retrouver dans l’aviation.

      Une quête permanente d’idéal


      Alfred Adler, élève de Freud, a été l’un des rares à publier des travaux sur ce « sentiment d’infériorité » et ses manifestations parfois antagonistes. Selon sa théorie, consécutivement entre autres à des drames familiaux, le sujet va développer une « impression pénible d’être inférieur à la normale ». Chez certains, la dévalorisation, l’autodépréciation, le sentiment de ne pas être aimé, vont gouverner leur existence ; ce sont alors des individus découragés, incapables de tout, tant sur le plan physique qu’intellectuel, s’estimant victimes de leur destin. Chez d’autres, ce qui est le cas de Saint-Exupéry, il va y avoir une tentative de neutraliser les insuffisances fantasmées. Adler parlait de « compensation du sentiment d’infériorité ». Se produisent alors des attitudes totalement opposées à celles envisagées précédemment ; le sujet s’efforce à prouver, à démontrer aux autres qu’il est apte, selon une quête perpétuelle de reconnaissance. Coûte que coûte, il cherche à se rendre « aimable » et cela de façon excessive, pathologique, briguant la perfection. F. Pasche a parlé de « structure mégalomaniaque de l’Idéal du moi » mais, la perfection étant impossible à atteindre, le sujet retombe fréquemment dans un état dépressif.
      « Saint-Ex », comme le surnommaient ses proches, passera et sacrifiera « ça » vie pour tenter d’être à la hauteur de son Idéal. On le disait responsable, courageux, voire téméraire, à la recherche constante de l’aventure et de l’exploit. Homme de buts par excellence, il était en quête permanente de cet Idéal du Moi qu’il fantasmait pouvoir atteindre. Il y a peu de temps encore, un billet de banque (de cinquante francs) était à l’effigie de Saint-Exupéry et de son Petit Prince. Par-delà le souvenir d’une époque glorieuse de l’aviation, « éphémère » tout comme les roses, l’écrivain conforme à ce qu’il fût en premier lieu, c’est-à-dire pilote de l’Aéropostale, aura sans nul doute voulu nous transmettre inconsciemment un message: « Le roman d’un aviateur l’emporte sur le roman de l’aviation » a dit Luc Estang. Un billet n’est-il pas aussi une petite lettre, un de ces petits « maux » bleuis par la blessure et que l’on adresse à quelqu’un ? Il s’agit en quelque sorte d’un billet doux, semblable à un message d’amour afin de nous rappeler sans cesse, tel un faire-part, que l’essentiel « invisible pour les yeux » est avant tout de se réaliser en tant que ce pour quoi nous sommes nés et non pas en identification à des objets idéalisés…

      Xavière Santoni


      Entrer dans la réalité

      Quel est le petit footballeur qui ne rêve pas de devenir Zidane ? Tout est suggéré pour que le fantasme prenne corps : Zizou est un ex-gamin des cités, parvenu à une célébrité et un statut social hors du commun. Si ça lui est arrivé à lui, pourquoi pas moi ? se disent des milliers de jeunes sportifs. C’est comme pour le loto, il y a toujours un gagnant. Mais gare à la désillusion. Beaucoup d’appelés mais pratiquement pas d’élus. Il suffit de voir le pourcentage de rêves déçus et d’amertume via les centres de formation où l’esprit de compétition fait des ravages à l’intérieur d’un même club. Il serait bon de remettre un peu les pieds (pour un footballeur, c’est nécessaire) sur terre. Un enfant doit bien sûr rêver mais les adultes, par médias interposés, ont le devoir de remettre les choses à leur juste place. Il ne s’agit tout de même que d’un jeu et les sommes astronomiques dépensées pour un transfert de club frisent l’indécence. Lorsque l’on pense au rôle éducatif d’une discipline sportive, on a du mal à imaginer que la devise de Pierre de Coubertin, l’important est de participer, soit encore réellement de mise…

       

      Signes & sens, le site créé pour les femmes et les hommes respectueux de l'écologie relationnelle et environnementale...


      Signes & sens Web
      Psycho | Développement personnel | Santé / Forme | Sport & loisirs | Médecines douces | Bio | Cuisine | Beauté / Bien-être | Parapsychologie | Jeux / Psy-tests | Psychobiographies | Interviews | Bulletins d'humeur | Espaces : Psycho - Être - Confiance en soi | Parents - S'entendre - Relations positives |  Coaching - Se réaliser - Maîtrise de soi | Zen - Se régénérer - Beauté intérieure | Amour - S'aimer - Couple et intimité | Foi - Être croyant - Engagements | Astro - Prédire - Ésotérisme - Horoscope | Création - Créer - Expression artistique | Détente - Se libérer - Vitalité du corps et de l'esprit | Beauté - (Se) séduire - Bonheur d'être soi | Minceur - S'alléger - Changement harmonieux | Forme/Santé - Se ressourcer - Douceur de vivre | Habitat - (Se) préserver - Confort intelligent | Bio - Vivre sain - Respect de soi et des autres |  Spécialistes : Psychothérapies - Psychologie - Psychanalyse | Bien-être et santé - Vitalité - Bio | Parapsychologie - Spiritualités vivantes - Thérapies alternatives | Développement personnel - Coaching | Stages et Formations | Jeux-test - Bilans psychologiques gratuits | Conférences Psy Audio gratuites - MP3 | Astuces pratiques maison | Conseils Doctophyto|Ne déprimez plus | Nos prénoms nous parlent | Phrases positives de réussite | Foire aux questions Parapsy | Mes bonnes résolutions | Bons plans | Vos envies ont leur solution | Professionnels, dites NON à la crise | Shopping | Encore + de partenariat professionnel |Notoriété et référencement | Optimisation Web | Réseau social alternatif / Forums & Blogs.

      Signes & sens Pratique

      Service Publicité - Tél : 09 64 27 16 19

      Signes & sens Mémo
      Signes & sens - 17 Boulevard Champfleury - 84000 Avignon - Tél : 04 90 23 51 45



      Mentions légales  Signesetsens.com ©