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      Le temps selon Dali

      Le temps selon Dali
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      Si la vie et l’oeuvre de Salvador Dali gardent une empreinte de surréalisme et de génie, l’homme restera à jamais marqué par une angoisse existentielle qui remonte à sa plus tendre enfance.

      Enfant de remplacement, il grandit dans l’ombre de son frère mort à l’âge de sept ans, trois ans avant sa propre naissance. Dali n’aura de cesse de se confronter fantasmatiquement avec son défunt frère. Entre rivalité et identification, il imagine que ce frère, en mourant, l’inscrit dans une forme d’immortalité.

      Naissance et confusion


      Dali décrit son enfance comme une forme d’idolâtrie de ses parents envers lui : Mon frère était mort à sept ans, d’une méningite. Désespérés, mon père et ma mère ne trouvèrent consolation qu’à mon arrivée au monde. Je lui ressemblais comme deux gouttes d’eau se ressemblent ; même faciès de génie… Le futur artiste remarque rapidement que l’ombre de son frère est omniprésente, notamment par l’intermédiaire de nombreuses photos ou peintures. Il ne sait pas, dans les premiers temps, quelle place il peut prendre : la sienne ou celle de son frère ? Mon frère n’avait été qu’un premier essai de moi-même... Il porte d’ailleurs le même prénom : Salvador. Enfant, il semble errer dans une maison trop grande pour lui. La cuisine, lieu qui lui est interdit, l’attire. C’est l’endroit où l’on peut se remplir ou, tout du moins, mettre à la bouche. Il est d’ailleurs étonnant de voir l’importance que donne Dali à la zone buccale. Il écrit : Je sais ce que je mange, je ne sais pas ce que je fais. Pour lui, la mâchoire est le meilleur des instruments philosophiques. Il n’y a rien de plus philosophique que de sentir craquer un bout d’os pour y trouver la moelle de toute chose… La psychanalyse insiste sur l’importance de la zone orale et de la zone anale, l’oralité étant tournée du côté du plaisir (la pulsion de vie) et l’analité vers l’agressivité (la pulsion de mort). Lorsque nous regardons l’enfance de Dali, nous constatons une confusion très nette entre le plaisir et l’agressivité : Je sais donc avec exactitude et férocité ce que je veux manger. Dali se sert également de sa bouche comme d’un instrument tranchant. Enfant, il recueille une chauve-souris mais, face au regard d’une jeune femme envers laquelle il avait par pure agressivité lancé une pierre, il arrache la tête de l’animal avec les dents : Je désirais vraiment le faire, je la mords d’un coup de dent d’une telle force qu’il me semble l’avoir sectionnée en deux…

      L’angoisse de mort


      Les premiers travaux psychanalytiques freudiens ont mis en évidence que, dès le début de l’existence, le nourrisson introjecte et place à l’intérieur de lui le « bon ». Autrement dit, en s’étayant sur un principe bien réel d’absorption du lait, le très jeune enfant fantasme garder pour lui cette sensation de bien-être. Au contraire, toute contrariété doit être expulsée à l’extérieur et projetée sur l’autre. Ainsi, toute notre vie est, en quelque sorte, prise dans les filets de ce processus, l’homme cherchant à tout prix un confort individuel en neutralisant un pseudo adversaire. En ce qui concerne Salvador Dali, nous pouvons constater une forme de désordre. En effet, la bouche introjecte non pas le « bon » mais le « mauvais », installant ainsi une confusion entre la pulsion de vie et la pulsion de mort. Si nous nous référons à ce qu’écrit Dali (Je la mords d’un coup), nous observons clairement que la bouche sert fantasmatiquement à mettre à l’intérieur de lui ce qui est mauvais. Et en nous appuyant sur la linguistique, nous voyons qu’il introjecte en définitive la mort. Cette sorte de confusion amène à ce que la psychanalyse nomme l’introjection du mort. Cette phase particulière du développement psychique a pour but fantasmatique de faire croire à l’enfant qu’il peut échapper à sa propre mort. Dans ce combat contre l’angoisse de la mort, il s’identifie à une personne morte. Le fantasme est tel qu’il peut être décrit comme suit : L’enfant va se vivre comme quelqu’un de déjà mort, mais qui vit. Dans un processus identificatoire, il va s’approprier, grâce à un jeu de mimétisme, les attributs du mort. Ce processus est renforcé - comme pour le cas de Dali - lorsque la famille idéalise le mort. L’enfant s’attribue alors l’image du défunt mais avec le bénéfice d’échapper à la mort puisque c’est celui qu’il mime qui décède. Dans cette confusion psychique, il y a une perte de la réalité ainsi que l’abandon de sa propre image corporelle. Dali relate lui-même cette confusion entre le réel et l’imaginaire, entre sa vraie et sa fausse identité, c’est-à-dire sa propre image et celle de ce frère défunt introjecté. Il est frappant de constater qu’il est conscient de ce désordre psychique. À la date anniversaire de décès de son frère, il écrit : De sept à huit ans, je vécus sous l’emprise du rêve et du mythe. Plus tard, il m’a été impossible de démêler le réel de l’imaginaire. Ma mémoire a confondu le vrai du faux en un bloc...

      La quête de l’immortalité


      Sigmund Freud postule que face à une perte ou une séparation, il y a augmentation progressive de la tension, au point qu’à la limite, la personne soit incapable de maîtriser les excitations. Dès lors, une stratégie fantasmatique peut consister à idéaliser la personne disparue. L’inconscient parvient ainsi à se défaire d’une grosse partie de sa souffrance. Nous retrouvons ce trait de caractère dans la symbiose imaginaire entre Dali et son frère, pour obtenir une forme de toute-puissance. Mais l’enjeu est douloureux : il ne parvient toutefois pas à désidéaliser ce « membre », cette fiction de perfection. D’ailleurs, il la recherche dans son œuvre. Certains de ses tableaux confirment cette hypothèse. En effet, les fameuses montres n’appartiennent plus au temps, mettant en évidence la problématique de l’intemporalité. Le peintre semble dire qu’il se situe hors du monde. Son dernier tableau, Le cheval gai, en est une illustration. Dans cette peinture, Dali représente un cadavre en putréfaction. Pour lui, il s’agit de l’objectivation du désir de santé. Cette peinture, qu’il a créée durant une période de longue maladie et de dépression, manifeste une fois de plus la confusion intemporelle : ce corps en décomposition, ce n’est pas le sien, c’est celui du son frère à jamais disparu. Il peut alors fantasmer que de cette décomposition jaillira sa propre guérison. Le maître de Figueras aura ainsi passé sa vie à se chercher et à fuir toute notion de temps qui aurait risqué de l’emporter inexorablement vers sa finitude, lui permettant in fine de vieillir sans fondamentalement le réaliser… L’apparition, très tôt, de son premier cheveu blanc résume cette quête d’immortalité qui le poussa inexorablement à être en marge de la vie : Je me répétais : voilà mon premier cheveu blanc ! Et je buvais mon cocktail, les yeux fermés à cause de sa trop grande force. C’était mon élixir de « longue vie », de vieillesse, « d’anti-Faust »…

       

      Dominique Séjalon

       

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