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Le développement personnel
dans Signes & sens
Oui aux livres de poche !
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Très peu onéreux, facilement transportable, d’un contenu équivalent à son grand frère relié, le livre de poche, c’est non seulement la culture pour tous, mais aussi la possibilité d’enrichir et d’actualiser l’édition originale de mises à jour (notes de bas de page notamment). Un livre de poche peut ainsi devenir une référence jusqu’à offrir une seconde vie à l’œuvre de départ, montrant ainsi, comme le souligne Yvon Girard, responsable d’une maison d’édition spécialisée dans ce domaine, que la littérature est un corps vivant qui bouge, évolue, se transforme…
Déjà au XIXème siècle, l’idée d’imaginer un livre peu encombrant et bon marché circulait dans le milieu de l’édition mais c’est seulement à partir des années 30 que l’Allemand Kurt Enoch tente l’expérience. Malheureusement, l’idéologie totalitaire naissante ne lui permet pas de développer son concept, ayant tout intérêt à ce que la connaissance ne se divulgue pas. En 1936, l’anglais Allan Lane prend cependant le relais en créant les Penguins Books, prouvant que les livres sérieux pouvaient intéresser un large public. Les États-Unis emboîtent le pas en 1939 en lançant les Pockets Books.
Un parfum de révolution
C’est la collection « Le Masque », spécialisé dans le roman policier, qui inaugure en France le format réduit. « Le meurtre de Roger Ackroyd », d’Agatha Christie, ouvre la collection en 1927. Cependant, il faudra attendre l’année 1941 et la création des « Que sais-je » pour que le catalogue concerne une littérature plus encyclopédique. Plus de 10 ans plus tard, en 1953, Henri Filipacchi (1900-1961), alors simple collaborateur « mis au placard » d’une grande maison d’édition, propose l’idée de reprendre le concept américain des Pockets Books. Paraissent cette année-là, entre autres, « L’ingénue libertine » de Colette et « Pour qui sonne le glas » d’Ernest Hemingway, au prix de 2 francs l’exemplaire, soit moins cher que le coût d’un magazine ! Après des débuts timides, le nombre de ventes passe de 8 millions en 1957 à 28 millions en 1969. L’ensemble de la palette de la littérature est désormais accessible à tous : « Un amour de Swann », de Marcel Proust touche 500 000 lecteurs en 1959. Une véritable révolution culturelle est en marche et les écrits des philosophes, parmi lesquels Schopenhauer, Montaigne, Descartes, sortent des bibliothèques universitaires et descendent dans la rue, accompagnés des étudiants d’un certain mois de mai 1968…
Un compagnon de route
Véritable phénomène de société, le livre de poche devient peu à peu le compagnon fidèle, renseignant sur tous les sujets : sciences humaines, romans, recueils de poésie, ouvrages humoristiques, documents d’actualités, livres de cuisine, de bricolage, de jardinage… En lien avec le « baby boom » et les « Trente Glorieuses », le livre de poche arrive au bon moment pour démocratiser le savoir en entrant dans les écoles. Aujourd’hui, il fait partie du quotidien des Français au point d’être référencé en tant que produit de « consommation de base » sur une liste de 259 articles. Ayant encore un bel avenir devant lui, devenu le garant incontestable de la communication du savoir et des idées dans toutes les disciplines, le format de poche, présent chez tous les éditeurs, reste également un ami que l’on peut emmener partout et que l’on offre à son entourage à n’importe quelle occasion sans pour cela se vider… les poches !
Lucien Martin
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