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La psycho
dans Signes & sens
Acquérir une vraie conscience
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Quelle valeur peuvent avoir les découvertes scientifiques si elles ne sont pas suivies d’une réflexion approfondie sur une façon de les gérer utile, fonctionnelle et sans danger pour le vivant ? Ce n’est cependant pas le cas car nous pouvons constater que les avancées scientifiques prennent immanquablement des tournures mortifères non désirables, allant à l’encontre de l’espèce qui les a conçues. Peut-il y avoir une éthique de la science sans mettre en cause le chercheur lui-même, en tant qu’exemplaire représentatif de l’espèce humaine d’un niveau technologiquement élevé ?
Malheureusement, un haut niveau de savoir intellectuel n’est pas le garant d’un équilibre psychosomatique ; effectivement, celui qui explore les aspects non dévoilés de la matière reste dans l’ignorance de sa double origine : identifié au chercheur, sa vision globale du monde est altérée et limitée étroitement du fait qu’il a perdu la mémoire de ce qu’il est dans sa totalité. En tant que physicien, il dispose d’un outil de compréhension formidable car, lorsqu’il scrute l’atome, il s’aperçoit que cet aspect de la matière est sous-tendu par une énergie indifférenciée, celle-ci s’exprimant dans l’Univers entier. Incluant le minéral, le végétal, l’animal et l’humain, il lui devient possible de faire un étonnant constat : cette énergie de vie, qui sous-tend le cosmos, habite également son corps ; autrement dit, ce que nous voyons dans notre microscope, c’est ce que nous sommes… En d’autres termes, nous enquêtons sur nous-mêmes. Le but final de cette exploration, nous le sommes déjà en tant qu’expression de ce vide : insondable d’où jaillissent atomes et particules, base de toutes les matières.
Des questions insolites
Dans cette unité hors du temps, nous ne sommes qu’une forme parmi des milliards de formes. L’impersonnalité s’est personnalisée en fonction de l’environnement, du lieu de naissance, pour aboutir à se croire physicien, avec l’impression très forte de nous imaginer être séparés des autres, alors qu’il est constaté que la vie est unité fonctionnelle d’où émane la matière…
Sur le chemin d’une forme de questionnement plutôt inusitée, tout physicien voit surgir en lui des interrogations imprévues. La mort ne surviendrait-elle pas lorsque cette énergie de vie quitte le corps ? Où étions-nous avant que la conscience individuelle ne nous advienne ? Comment s’est construit le Moi, Je, volontairement ou involontairement ? Doué d’un système cognitif, d’émotions et de sensations, pourquoi alors n’avons-nous pas conscience de cet espace vide qui nous habite et ne pouvons-nous pas l’appréhender en direct ? Ces questions insolites arrêtent un instant le flux mental. De cette étrange vacuité, une intuition surgit.
Acquérir une vraie conscience
Il y a six mille ans, les rishis védiques connaissaient déjà ce grand mystère : La forme est vide, le vide est la forme, annonçaient-ils… En quoi cette connaissance théorique peut-elle aider les humains à connecter cet étrange vide et à quoi cela peut-il servir ? Science sans conscience est ruine de l’âme, disait Rabelais. Jusqu’en ce siècle, la majorité des humains n’ont utilisé que la partie mobile de leur esprit, croyant que cette partie contenait une conscience. Mais il faut se rendre à l’évidence : le mental ne peut avoir, dans le meilleur des cas, qu’une pseudo-conscience, celle-ci étant polluée par les idéologies, les concepts et toute la gamme des avidités, désirs et peurs dans laquelle chaque structure caractérielle est engluée… L’Homme peut effectivement acquérir une vraie conscience ; celle-ci se tient cachée, non pas dans un système cognitif cloîtré dans une bulle mentale hermétique, mais par la connexion avec sa propre essence au-delà de l’espace et du temps. Le prochain progrès d’une science responsable serait de donner le pouvoir à la vie jaillissante qui habite le chercheur lui-même, en plaçant des poteaux indicateurs en vue de favoriser l’évolution d’un animal humain, aliéné gravement par un mental en friche et d’en faire un être humain relié à sa source transpersonnelle. On a la preuve du pudding lorsqu’on le mange, dit un proverbe anglais…
Henry Damay
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