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La psycho
dans Signes & sens
J’ai bien sûr une idée extrême ou extrémiste du rôle de l’argent dans nos sociétés contemporaines. Le dicton « l’argent ne fait pas le bonheur », c’est un peu comme « les hirondelles ne font pas le printemps », cela dépend de l’hirondelle…
Dans l'émission télévisée « SAGA », il est facile de faire dire à des messieurs-dames que l'argent n'est pas le bonheur... S'adressent-ils aux smicards, ces gens fortunés ? Le couple exhibitionnisme/sadisme leur convient d’ailleurs très bien ! Méconnaissance ou ignorance de l'autre « qu'est pas riche ». Veulent-ils se prouver à tout prix leur réussite, en l'exhibant sans pudeur aux yeux des moins nantis, par l'intermédiaire d'un mauvais œil que l'on nomme le petit écran ?
La loi de la banalité
À force de vouloir « se » prouver sa réussite matérielle, on ne prouve plus rien à personne. On s'aperçoit ainsi que les gens du peuple, ce bon peuple de France, doivent être heureux de ne rien posséder puisqu'ils n'ont aucune fortune. Donc pas de craintes à avoir, comme celles des ces messieurs-dames, d'autant que nous avons déjà tout perdu dès la naissance, sauf, peut-être et c'est tant mieux, l'amour des nôtres et de ceux qui nous ont enfantés. Ces braves gens voudraient-ils nous faire pleurer dans nos modestes chaumières-HLM ? L'argent dignement gagné a-t-il encore un quelconque mérite ? Il serait possible qu'à notre intéressante époque, l'argent sale lave et repasse dans « la grande lessiveuse » de nos banques internationales, devienne plus propre que celui dignement gagné et qui sent encore la sueur ? Il est vrai que ce rapport à l'argent nous conditionne à la cure. Chaque semaine, nous mettons de côté les billets qu'il nous faudra remettre à notre analyste, à chaque rencontre. Il est vrai que notre conscient pense davantage à ces petits morceaux de papier... qu'au temps que nous allons passer ensemble, notre analyste et nous! Est-ce de sa faute ou de la nôtre ? Nous ne le savons guère... et après tout, quelle importance puisque notre inconscient nous pousse a le faire, pour espérer entendre les mots qui rassurent et supprimer les maux qui nous font souffrir ! Et si par hasard un acte manqué survient, nous souffrirons de ce manque... Comme l'inconscient est malin !
Et la psychanalyse ?
Nous pouvons nous laisser aller naïvement à penser qu'en 1913 Freud avait besoin de gagner son pain quotidien lorsqu'il décida de supprimer la gratuité de la cure car nous avons tous des inhibitions quelque peu hypocrites devant l'argent... Mais, en psychanalyse, l'application de tarifs différents en fonction des revenus de chacun des patients renvoie un miroir rassurant : ce principe peut aider les plus démunis à s'engager dans une cure, un plus grand nombre à être écouté, guidé, soigné et peut-être guéri enfin. N'est-ce pas également le rôle de la scansion qui agit, en s'orientant vers le meilleur ?
Seuls les psychiatres ont recours a la feuille de maladie de la sécurité sociale. Mais alors ont-ils la même oreille que les psychanalystes, entendent-ils le même son ? Existe là aussi une question intéressante sur le rapport particulier « argent/médecine » ; ce rapport n'est sans nul doute pas « in-signifiant ». Cette aide financière dans ce genre d'engagement ne risque-t-elle pas d'infantiliser l'analysant et peut-on alors parler de psychanalyse ?
Maintenant, à la demande de l'ordre des médecins, une loi est votée à la majorité par l'ensemble des députés afin de réduire, supprimer, « contrôler » tout ce qui pourrait être une atteinte au mental de nos concitoyens. La psychanalyse, bonne fille, va-t-elle se laisser démunir, dévêtir des ses plus beaux atours ?
Cette loi, visant a priori les sectes et appliquée, placerait les psychanalystes à la frontière de l'exercice illégal de la médecine. Nous concevons très difficilement que l’on mette en doute l'honnêteté intellectuelle de la majorité des psychanalystes et leur sens de l'humanisme laïque, de l’amour, de la compréhension, de l'écoute de « l’Autre ». La psychanalyse, de près comme de loin, n'a rien à voir avec les sectes et le lavage de cerveau que celles-ci pratiquent sur leurs adhérents.
La psychanalyse aux mains des seuls scientifiques serait-elle différente de celle d'aujourd'hui ? Probablement, les enjeux ne seront jamais les mêmes, le but originel serait différent et nous en voulons pour preuve le nombre de médecins psychiatres qui suivent les colloques, séminaires et formations dans nos sociétés de psychanalyse. Alors « où est le problème Docteur ? »…
Puisqu'il faut une fin, nous pouvons conclure que le rapport à l'argent dans nos sociétés contemporaines n'est qu’un rapport hypocrite des citoyens et que la psychanalyse, enfermée par la politique « politicienne » du moment, n'a rien a en attendre de bon pour son évolution. Je serais tenté de croire même que ce nouveau système serait régressif. Avant que ce rapport devienne obsessionnel, regardons-nous une fois de plus dans le fameux miroir, observant l'image qui s'y reflète et voyons donc si nous en sommes satisfaits…
Jean-Claude François
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