J'entendais inlassablement les « gens » me dire : « Tu as tout pour être heureuse ! »... Et moi de leur répondre : « Mais, je ne suis pas heureuse! »
Aujourd'hui, je le suis. Je n'ai rien de plus, peut-être rien de moins, mais je suis. J'ai pris conscience que le bonheur ne passe pas par les choses que l'on possède, les « chances » qui nous sont offertes au début d'une vie, mais ce bonheur-là passe bel et bien par soi.
Je ne savais pas que je savais…
Au plus loin que je puisse remonter dans ma mémoire
consciente, je subissais sans cesse le genre d'interrogations auxquelles on n'arrive jamais à répondre ! Ces questions étaient existentielles mais se projetaient dans l'Univers, le monde entier, toujours vers l'extérieur pour éviter de me voir à l'intérieur. Elles étaient pour moi génératrices d'angoisses et d'insomnies et me permettaient d'être une victime de mon existence. J'étais alors convaincue que
mon bonheur était ailleurs, peut-être dans une autre vie, qu'il ne pouvait passer que par ce que je n'avais pas. Alors que le secret du bonheur, je l'ai aujourd'hui : il est en moi mais je ne le savais pas... Enfin, je ne savais pas que je savais. Maintenant, je sais que je sais, je sais que je suis. Et tout ceci grâce à la psychanalyse qui m'a fait prendre conscience que la vie a un sens. L'analyse m'a permis de découvrir en moi des ressources dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Beaucoup de résistances sont tombées. Pourtant, je sais que la route est longue ! Ce chemin-là n'a jamais de fin mais si la destination était connue, elle ne serait qu'un but qu'il faudrait atteindre. Non, décidément, ce chemin-là a bel et bien un sens. Certes, la route est sinueuse, l'inconscient a plus d'un tour dans son sac et la vie nous
offre des difficultés. Il est là, à mon avis, le meilleur enseignement que l'on puisse recevoir, c'est prendre conscience des signes et d'en dégager l'essence.
Le miroir de l’alter ego
À présent, je désire m'ouvrir aux autres, non plus de façon névrotique mais de la manière la plus belle, la plus noble et la plus humble, celle qui passe par le don de soi, sublimer ma différence, en faire mon amie et non plus mon ennemie, pour aider tous ceux qui ne savent pas qu'ils savent. L'avoir est un masque qui cache l'être et aimer c'est donner, pas ce que l'on a, mais ce que l'on est, ce pourquoi l'on est né...
Le Stade du miroir, selon Jacques Lacan, prend tout son sens durant l'épreuve du
divan. D'ailleurs, l'intitulé du congrès IPA qui se tenait à Zurich en 1949, était
Le Stade du miroir comme formateur de la fonction du « Je »,
telle qu'elle nous est révélée dans l'expérience psychanalytique. Le Stade du miroir amène l'évidence que l'être humain ne peut se construire qu'en identification à un semblable, dans le
Je du regard qui, fort heureusement aussi, impose par voie de conséquence la nécessité d'accepter son
alter ego qui, lui seul, peut restituer ce que je ne peux voir.
Solange Mayet