Pour la plupart des voyageurs qui ont la chance de visiter les temples hindous où de curieuses sculptures de couples en union ornent certains monuments, leur signification profonde reste un mystère.
En fait, ceux qui ont édifié ces figurines transmettaient un important message, encore plutôt méconnu à ce jour. Le décryptage de ce message, toujours d’actualité, pourra d’autant mieux se faire si nous acceptons d’explorer les aspects de notre propre sexualité.
Les conditions génitales
L’union des énergies masculines et féminines comporte plusieurs niveaux en rapport avec le stade où nous sommes ; cela peut se définir en trois modalités de comportement :
– La sexualité mécaniste
– La sexualité génitale
– La sexualité transpersonnelle.
Comme tout ce qui est vivant, ces modalités peuvent s’interpénétrer. Mais aussi ne pas pouvoir le faire, les échanges et vibrations homme-femme n’étant pas fixés une fois pour toutes. Le plan mécaniste est le plus souvent pratiqué : il se rapproche un peu du coït animal et suffit pour faire des enfants. C’est une décharge pour l’homme et souvent une frustration pour sa partenaire car les deux systèmes ne parviennent pas à entrer en synchronicité, la femme restant souvent sur sa faim ! L’homme a trouvé un lieu privilégié pour se masturber ; chacun reste dans sa bulle, l’acte se terminant souvent dans l’insatisfaction, comme si quelque chose n’avait pas été accompli. Cette façon de négocier la relation à l’autre est fréquente : c’est la grave lacune induite par une société vivant à la surface.
Le plan génital ne peut se réaliser que lorsque l’énergie vitale des partenaires est suffisamment non entravée pour que l’osmose du souffle et des sensations se produise sans effort. Contrairement au premier plan, où une cuirasse physico-psychique détourne la libre circulation des énergies, ce second plan dispose de la faculté de faire monter la pression jusqu’à ce que se produise une puissante fusion orgasmique unifiée. Un instant, le moi n’est plus ; l’implosion ayant fait éclater sa bulle, il se dissout dans sa propre lumière ! Si dans le plan précédent chacun restait seul dans son coin, avec un mental exerçant son contrôle, dans la phase génitale, il y a perte de conscience dans l’acte et simultanéité des émotions, l’insatisfaction se transmuant en plénitude.
Une nouvelle alchimie
La génitalité peut être accessible plus facilement pour ceux qui ont le privilège de ne pas avoir rencontré, dans leur enfance, les graves sources des blocages neurovégétatifs qui sont malheureusement le lot commun de beaucoup d’entre nous. Par des thérapies adéquates et une connaissance de soi approfondie, il peut arriver que des personnes très cuirassées puissent parcourir les trois plans en une seule vie. Parmi ceux qui vivent pleinement le plan génital, le plus grand nombre s’y arrête ; ils ont formé un couple solide et peuvent même se permettre d’être monogame sans aucun problème.
Une petite minorité, parmi ceux qui ont entrepris une démarche intérieure, est amenée à se demander si la nature universelle n’aurait pas encore un secret à révéler. Dans ces cas, le couple devient un terrain d’expérience incomparable pour une fabuleuse aventure à deux, avec comme base l’authenticité, l’ouverture totale à l’autre, ainsi qu’une puissante aspiration à connecter sa profondeur intérieure. Le fait que deux personnes choisissent un tel parcours, décidant d’en finir avec l’éternelle guerre des sexes, est une possibilité offerte à chacun. Ce qui élimine les aspects pernicieux des relations inter sexe, ceux-ci devenant caducs et désuets. L’approche transpersonnelle n’entre plus dans la programmation du mental ; c’est l’intelligence de la vie dans les corps qui prend la relève ; des modifications de comportement se réalisent presque automatiquement, favorisées par un abandon total à sa propre énergie, sans qu’intervienne la volonté. Alors que précédemment les échanges étaient induits par le principe masculin, une inversion des champs vibratoires se produit spontanément. La partie masculine de la femme connecte la partie féminine de l’homme et la partie féminine de l’homme rencontre la partie masculine de la femme ; une nouvelle alchimie s’est mise en route. L’homme ne ressent plus l’éjaculation comme nécessaire, la communication des corps se fait alors sans but ni finalité. Une communion énergétique intense à haute fréquence forme un puissant courant centrifuge entre les deux corps ; il n’y a plus de volonté de faire, les choses se font… Le fait de n’avoir aucun but orgastique suscite une extraordinaire intensité où disparaissent l’espace et le temps. Un état vaste et puissant envahit toutes les cellules du corps, sensation indescriptible d’un Amour total qui n’a plus besoin d’aucun objet pour exister. Dans cette vibration extatique, une lucidité intense nous fait comprendre que nous avons retrouvé la Source vive de la vie jaillissante ; le non-composé et le composé ont retrouvé leur unité dans deux consciences ne faisant plus qu’une. On peut appeler de telles expériences les “ Touchers de l’Être ” mais il est évident que cela pulvérise tous nos doutes sur la validité de notre recherche : beaucoup de travail reste à faire pour un éveil permanent à notre réalité intérieure. C’est le challenge du siècle nouveau. Il est bon de savoir que l’énergie sexuelle peut être un vecteur et une aide puissante sur le chemin de la liberté, après tant de siècles d’incompréhension de la beauté de cette force sauvage. Ainsi et à l’heure où le plan sexuel est en dégénérescence, il serait très positif que la jeunesse puisse connaître les immenses potentialités qui sont les siennes et qui peuvent se concrétiser dans une aventure de la conscience à deux.
Henri Damay
