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La psycho
dans Signes & sens
Décodez les rêves de votre enfant
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Les rêves de l'enfant reflètent le niveau de développement de sa personnalité. S'il ne rencontre aucun problème d'ordre émotionnel, social ou cognitif, ses rêves fourmillent d'évènements et de sentiments heureux et créatifs. En revanche, si des images ou des émotions troublantes viennent perturber ses songes, c'est qu'il connaît un problème au niveau de son développement personnel. Par une analyse minutieuse de ses rêves, vous arriverez à déterminer ce qui est à l'origine de ses difficultés.
Le développement émotionnel, social et cognitif de l'enfant est un processus extrêmement complexe qui prend naissance dans la vie utérine. Le développement de l'enfant, dans le ventre de sa mère, n'est pas seulement fonction de son alimentation car il est maintenant reconnu que le mode de vie tout entier de la mère influe sur le fœtus qui est, par ailleurs, déjà capable de rêver. Depuis la musique qu'elle écoute jusqu'à ses conversations, sa vie sociale, ses humeurs, ses activités physiques, tout laisse son empreinte sur l'enfant à naître.
Qu'ils soient d'ordre émotionnel, social ou cognitif, les éléments qui forment sa personnalité sont inextricablement liés. Un enfant privé de chaleur humaine et d'affection est moins apte à parler aux autres enfants. Cela affecte à son tour son développement social. Il a ainsi du mal à exprimer ses émotions ou il les exprime mal, par exemple par l'agressivité, ce qui affecte son développement émotionnel. Il se désintéresse alors des activités le stimulant intellectuellement, ce qui affecte à son tour son développement cognitif.
Des principes fondamentaux
Explorer le monde des rêves de son enfant est un moyen d'encourager le développement de sa personnalité. Cinq principes fondamentaux sont à garder à l'esprit lorsque l'on essaye d'encourager le développement émotionnel, social et cognitif de son enfant.
Le premier est la stimulation : un enfant qui n'est pas stimulé se développe mal. Câliner votre enfant, parlez-lui, jouez avec lui, faites-lui découvrir la musique, le monde qui nous entoure. Plus les stimulations seront variées, plus son expérience sera riche et plus il aura envie de continuer à explorer ce monde. La stimulation est fondamentale pour maintenir le dynamisme du développement cognitif. L'exploration du rêve peut fournir un prétexte à des découvertes toujours nouvelles et plus créatives, telles que l'écriture et la peinture. Le deuxième est la réceptivité : montrez par votre comportement que vous écoutez et êtes réceptif à votre enfant. Ceci permet d'établir ce que l'on appelle « une interaction réciproque » entre vous et l'enfant. Plus vous serez réceptif et plus il prendra plaisir à être en votre compagnie ; plus il aura de plaisir et plus vous apprécierez ces échanges. Rester réceptif à ses rêves est une manière créative et unique de pénétrer ce cercle du bonheur. Le troisième principe est de garder un esprit positif : en louant le comportement positif de votre enfant, vous l'encouragez dans cette voie. Plus vous ferez remarquer et encouragerez les actes positifs de votre enfant et plus il sera amené à se développer en un adulte à l'esprit positif et confiant. Ce qui implique de se concentrer sur l'aspect positif dans la vie quotidienne dans le but de créer un tel environnement. En restant à l'écoute de ses rêves, vous lui démontrez que la vie n'est pas que devoirs et routine, mais est aussi faite de sentiments, de pensées et de rêves. Le quatrième principe est de considérer votre enfant pour qui il est : les adultes les plus équilibrés et les plus heureux de vivre sont ceux qui ont connu une enfance heureuse où on les avait laissés être des enfants (ce qui ne veut pas dire qu'il faut les laisser faire n'importe quoi !). On ne les comparait pas à un frère ou un sœur plus âgée ou à l'enfant du voisin. Leurs parents n'ont pas reporté sur eux leurs espoirs frustrés : on ne les a pas poussés, par exemple, à faire du théâtre parce que leur mère avait toujours voulu être actrice. En explorant les rêves de l'enfant, vous appréciez quelque chose qui lui est tout à fait personnel, et par-là même vous lui communiquez votre intérêt pour ses espoirs, ses ambitions, sa vie intérieure. Le dernier principe est la tendresse : ce qui ne signifie pas que vous devez devenir démonstratif. La tendresse se transmet par la voix, l'encouragement, votre présence lorsque votre enfant a besoin de vous, des remarques gentilles et affectueuses. De nombreux parents craignent qu'en se montrant trop chaleureux avec leurs enfants, ils ne risquent de développer chez eux une faiblesse émotionnelle. C'est en fait le contraire. Un enfant qui a été élevé dans la tendresse sera capable de se montrer chaleureux, de compatir avec les autres et se construira une force intérieure. Écouter et parler des rêves de votre enfant vous procure de nombreux moments de complicité et de tendresse.
Les trois types de rêves
En général les rêves peuvent se classer en trois catégories :
< Les rêves positifs s'appuyant sur la réalité
< Les rêves créatifs et imaginatifs
< Les cauchemars et les rêves troublants
* Les rêves basés sur le réel reflètent en général un aspect positif de l'expérience de la vie de l'enfant ou révèlent que ce dernier a atteint un certain niveau dans son développement. Ces rêves sont centrés sur un événement, une situation ou une relation, reconnaissable du passé ou du présent, et peuvent être soit très stimulants, soit plus ordinaires dans le sentiment. Ces rêves sont révélateurs de ce qui frappe le plus votre enfant et éclairent sur la nature d'une relation ou indiquent le développement de ses centres d'intérêt et de sa personnalité.
* Les rêves imaginatifs peuvent fournir une mine d'informations sur le développement de l'enfant. Aventures incroyables et paysages audacieux peuvent être tout simplement le produit de cet élan de créativité que connaît votre enfant, mais peuvent aussi renfermer un sens symbolique plus profond. Si c'est le cas, profitez-en pour encourager l'éveil de votre enfant à ce nouveau centre d'intérêt ou à de nouvelles aptitudes.
* Les cauchemars sont absolument terrifiants et provoquent de l’anxiété chez l'enfant, alors que les rêves troublants se contentent de laisser une sensation désagréable. L'un ou l'autre indique que votre enfant est face à un problème. Certains cauchemars sont dus à des évènements mineurs, tels que le fait de se faire disputer en classe.
De nombreux enfants vivent des situations difficiles qu'ils sont incapables de décrire. D'autres enfouissent les problèmes qui les rendent mal à l'aise sous le quotidien, incapables de savoir quoi faire et même d'y faire simplement face. Les images bizarres qui sont souvent l'apanage des cauchemars servent fréquemment à protéger l'enfant pour l'empêcher de faire face aux origines de son malaise. Son inconscient jette un voile sur le vrai problème mais ne peut empêcher sa transposition dans le rêve. Il convient de traiter les cauchemars avec une grande délicatesse. Non seulement il faut rassurer l'enfant, mais il est important de comprendre et d'agir par rapport à ce qui a provoqué le cauchemar en instaurant un lien solide et efficace avec l'enfant qui va lui permettre de se libérer de « l'emprise » du cauchemar.
Cependant, si vous n'arrivez pas à faire le lien entre le rêve de votre enfant et sa vie, considérez son rêve comme un simple tremplin créatif. Ne cherchez pas à tout prix une signification à quelque chose qui n'en a pas ou qui est trop profondément enfoui. Lorsque votre enfant raconte un de ses rêves, essayez de trouver à quelle catégorie il se rattache et le sens des images et événements rêvés en le questionnant sur les points essentiels résumés ci-dessous.
La clé des rêves
Détails : Quels sont les détails les plus marquants du récit de votre enfant ?
Reconnaissance : Votre enfant reconnaît-il certaines personnes, lieux ou sentiments dans son rêve ?
Émotions : Quelle est l'émotion prédominante ressentie dans le rêve ?
Actions : Votre enfant jouait-il un rôle actif ou passif dans son rêve ?
Significations : Pour votre enfant, que signifie son rêve ?
L'invasion de fourmis
Jeanne, 7 ans
« Je portais ma robe préférée mais elle était rose au lieu de bleue et je déteste le rose. Je n'étais pas très contente. J'étais dans ma chambre et la lumière était allumée car il faisait nuit dehors. Il y avait des fourmis qui rentraient par la fenêtre. Cela m'énervait car il en venait toujours plus. Je voulais m'en débarrasser et j'ai commencé à les écraser avec ma chaussure. J'aimais bien le faire mais, en même temps, cela me mettait mal à l'aise. Je n'arrivais pas à m'en débarrasser. J'ai appelé Papa mais il n'est pas venu »…
Impressions et sentiments
Même s'il ne s'agit pas vraiment d'un cauchemar, son rêve a rendu la petite fille malheureuse. Elle est d'abord vexée que sa robe ait changé, puis elle passe à la colère en découvrant l'invasion des fourmis dans sa chambre. Cette colère, mêlée au plaisir de les écraser, donne une impression de profond malaise à Jeanne. Elle se sent aussi très déçue que son père ne vienne pas l'aider.
Le contexte
La maman de Jeanne est morte lorsqu'elle n'avait que trois ans. Jeanne conserve soigneusement les photos de ses trois premiers anniversaires où sa maman était à ses côtés. Son père, Henri, a une liaison depuis dix mois avec une autre femme, Sylvie, et ils ont décidé d'une date de mariage la semaine dernière. Jeanne se sent jalouse et depuis quelque temps, elle se met en colère sans raison. Henri ne supporte plus ce comportement tout en ignorant la cause.
Questions-clés
Henri voudrait comprendre ce qui se cache derrière ces émotions mêlées du cauchemar et est convaincu qu'il est révélateur du comportement de sa fille.
> Pourquoi à ton avis ta robe avait-elle changé ? (ou un autre objet en fonction du rêve de l'enfant).
> Pourquoi les fourmis venaient-elles dans ta chambre ?
> Est-ce que cela te faisait penser à quelque chose d'autre lorsque tu les écrasais ?
> Pourquoi à ton avis je ne venais pas ? (Ou toute autre personne en fonction du rêve).
Créa-rêve
Henri a utilisé le créa-rêve, « Un dénouement merveilleux » pour encourager Jeanne à faire des rêves plus agréables.
< Au coucher, il lui a demandé de lui raconter à nouveau son rêve avec les fourmis.
< Puis il lui a demandé d'imaginer une fin merveilleuse. Jeanne s'est amusée à trouver une fin farfelue mais le rêve finissait bien.
< Henri lui a suggéré de rêver les images merveilleuses qu'elle venait d'inventer.
< Jeanne lui a raconté à nouveau cette nouvelle version avant de s'endormir.
Objectif de l'analyse
Henri s'est servi du rêve pour essayer d'améliorer ses rapports avec sa fille. À savoir :
1 – Apprendre à communiquer plus efficacement avec sa fille.
2 – Trouver comment améliorer les relations entre Jeanne et Sylvie.
3 – Stimuler sa créativité pour qu'elle s'en serve d'échappatoire à ses sentiments bons ou mauvais.
Comment ont-ils exploité le rêve ?
Henri a été très surpris de découvrir que la raison pour laquelle il ne venait pas à l'aide de sa fille est qu'il devait être avec Sylvie. Il a compris qu'il devait donner un sentiment de sécurité à Jeanne. Son embarras lorsqu'elle écrase les fourmis reflète ses sentiments face à Sylvie : elle l'aime bien en tant que personne mais est furieuse qu'elle monopolise son père. Jeanne a associé sa robe au souvenir de sa mère. Le fait qu'elle soit différente trahit son besoin de se sentir rassurée sur le fait que Sylvie ne vient pas prendre la place de sa mère. Avec le temps, Henri et Jeanne se sont de moins en moins rendus sur sa tombe. Henri a décidé de laisser à sa fille le soin de déterminer quand ils devaient aller au cimetière.
Henri sait que les meilleurs moments entre Sylvie et Jeanne ont été lors d'une randonnée à bicyclette. Jeanne adore son vélo et Sylvie aime prendre l'air. Henri a demandé à Jeanne si elle voulait choisir un itinéraire pour une nouvelle randonnée à vélo. La petite fille était ravie. Henri lui a demandé ensuite de lui inventer une histoire sur une famille de fourmis. Jeanne lui a proposé de lui faire aussi des dessins. Lors de la prochaine visite de Sylvie, Henri a beaucoup insisté pour lui montrer les travaux de Jeanne afin que sa fille sente qu'on s'intéresse beaucoup à elle.
Henri a décidé de faire participer Jeanne aux prises de décision pour qu'elle se sente comme un membre à part entière du foyer.
Repères importants
Avant l'âge de huit ans, les enfants sont centrés sur eux-mêmes. Ils ne sont pas encore capables d'accepter les compromis. Ainsi, même si l'arrivée d'un nouveau membre de la famille, enfant ou adulte, enrichit en réalité les relations parent-enfant, l'enfant se sent au début menacé. Pour l'aider à s'y habituer, faites-le participer. Demandez-lui son impression et essayez de découvrir ce qu'il aimerait faire. Ne le mettez pas devant le fait accompli et surtout rassurez-le sur l'importance qu'il revêt à vos yeux.
Pam Spurr
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