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La psycho
dans Signes & sens
Tests d’intelligence :
à quoi ça sert ?
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De tout temps, des récits ont permis de mettre en évidence l’intelligence d’individus, telle celle d’Ulysse lorsqu’il utilise le cheval de Troie comme stratège pour vaincre les Troyens. Beaucoup d’autres exemples amènent à parler d’un instrument ou d’un outil qui permettrait d’objectiver l’intelligence en la quantifiant. Les premières personnes à s’y être intéressées sont Alfred Binet et Francis Galton, anglais de son état et cousin de Charles Darwin.
Darwin est à l’origine de la théorie sur l’évolution par la sélection naturelle. On peut d’ailleurs constater un lien entre Galton et Darwin. Hormis le fait qu’ils soient de la même famille, il existe un facteur commun avec la thèse de Darwin ; celle-ci notait que les espèces vivantes présentent d’innombrables variations individuelles ou raciales au point que deux populations d’une même espèce, isolées l’une de l’autre, sont toujours un peu différentes. En outre, il est possible de constater et chiffrer une probante variabilité de l’intelligence entre les individus de l’espèce humaine. Autant de paramètres qui permettent d’accepter l’hypothèse qu’il existe effectivement des différences entre les êtres, l’intelligence étant donc un critère parmi d’autres.
Variabilité et différence
James Mac Keen, en reprenant les travaux de Galton, va proposer dix tests mentaux, comme ils les nomment lui-même. Depuis, ces tests ont beaucoup évolué ; on trouve ceux de Binet (utilisés à l’armée) et ceux de Weschler. Aujourd’hui, le test le plus utilisé est le Wisc III qui a remplacé le Wisc-R en 1997. C’est ce qu’on appelle plus communément test de QI (quotient intellectuel). Ce test permet d’identifier les différents des intelligences. Il se décompose en deux paries distinctes :
1°) Le test verbal qui concerne les connaissances et l’acquisition. Appelé aussi QI verbal, il regroupe des notions de culture générale, les capacités d’adaptation (pratique, sociale, discernement), l’arithmétique (apprentissage, activités à caractère scientifique), le vocabulaire (étendue des connaissances, capacité d’apprendre) et la capacité de logique à partir de données verbales.
2°) Le test de performance qui correspond en quelque sorte à l’inné. On l’appelle QI performance ; il va se subdiviser avec l’aptitude à différencier l’essentiel de l’accessoire (capacité d’attention fine), l’attention et la maîtrise gestuelle dans le graphisme, le sens de la chronologie, d’organisation avec une logique de l’esprit et de sociabilité, capacité de logique à partir d’un matériel concret (avec utilisation de l’espace et des volumes), possibilité d’analyse de l’organisation spatiale (perception du plan). À l’issue des résultats de ces deux QI réunis et la prise en compte de l’âge de l’individu, on calcule le QI global dont le résultat se situera de 0 à 160. Cette graduation nécessite certaines explications : 100 est la moyenne, ce qui signifie qu’il n’y a pas de décalage entre âge réel et âge mental. À partir d’un QI de 125, on parle de précocité intellectuelle avec certaines variantes au niveau de l’interprétation, dues à des écarts dans/entre le QI verbal et le QI performance :
Il y a des écarts importants à l’intérieur même du QI verbal et du QI performance ; on parle alors de dyssynchronie interne qui révèle une faiblesse, une lacune, un problème de concentration…
Les QI (verbal ou performance) sont équilibrés dans leur spécificité mais pas dans leur comparaison/individualité ni dans leur globalité. Exemple :
Première possibilité : le QI verbal est de 130 et le QI performance est de 110. On peut dire que l’individu est en surrégime ; dans le cas d’un enfant, on va pouvoir constater une sorte de suractivité qui peut venir de lui ou de la demande des parents.
Deuxième possibilité : c’est le cas inverse. Le QI verbal est de 110 et le QI performance de 130 ; on peut parler de précocité mais les résultats révèlent que l’individu n’est pas autant nourri qu’il le devrait ou le pourrait.
Dans ces deux cas de figure, il y a dissynchronie externe s’il y a plus de 20 d’écart entre les deux QI. Ces sujets seront à suivre avec prudence.
Dans le premier exemple, il y a surrégime, ce qui reviendrait à demander à un véhicule de petite cylindrée d’aller aussi vite qu’une voiture de Formule 1 dans un rallye. Le résultat serait une surchauffe du moteur puis une rupture si on n’a pas repéré la fumée. Dans le deuxième cas, c’est la voiture Formule 1 que vous utilisez pour aller en ville à une heure de pointe : le moteur est en sous-régime et pourra se casser. Quel que soit le sens, s’il y a dissynchronie, on pourra assister à un épuisement de l’enfant en surrégime et une forme de grippage pour l’enfant en sous-régime.
Il est toutefois nécessaire d’utiliser avec prudence ces tests d’évaluation de quotient intellectuel, même s’ils s’avèrent outils précieux.
Une piste pédagogique et thérapeutique
Il est un moyen de faire une sorte d’évaluation de l’enfant à un moment précis (tout en sachant que les résultats peuvent évoluer avec le temps) et de voir déjà s’il y a souffrance résultant de sa précocité intellectuelle ou non. L’identification intellectuelle n’est pas une finalité en soi mais une piste pédagogique, autant que thérapeutique, que l’on ne peut ni ne doit négliger. Tout mettre sur le compte de la précocité intellectuelle et imaginer que sa détection résoudrait les problèmes est un leurre. L’enfant précoce est d’abord un enfant : cette expression montre bien qu’il faut utiliser les résultats pour l’aider. On pourrait utiliser le terme tuteurer pour imager les précautions indispensables à l’évolution sécurisée et sécurisante de l’enfant. D’ailleurs, on peut assister à des dérives avec des enfants qui n’ont même plus le temps de jouer, inventer, créer… Certains sont ainsi hyperstimulés et ce, dès la naissance. S’occuper d’un enfant ne veut pas dire faire ce que l’on veut de lui, c’est-à-dire ce que l’on aurait voulu être. Ne pas projeter sur eux nos désirs de réussite, voilà le secret d’une… réussite !
Frédérique Tirtiaux-Walker
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