Dès qu’il sait se redresser, tenir droit sur ses jambes et conquérir son autonomie, le petit d’Homme doit apprendre à se laver les mains avant et après le repas, à se brosser les dents, à se déshabiller, à se savonner, à se rincer, à enfiler son pyjama, à ne pas marcher pieds nus (l’hiver dans la maison), à ranger son coffre à jouets, à ne pas faire de bruit, à manger de tout, à faire sa prière, à sourire à son arrière-grand-mère qui pique quand elle embrasse… et bien d’autres actes encore, chargés de le civiliser ! Cependant, à l’adolescence, il y a de l’opposition dans l’air : l’ado refuse de se laver, de se brosser les dents, de mettre ses vêtements sales dans le lave-linge, d’enfiler pyjama et pantoufles, de ranger sa chambre (le salon ou la cuisine), d’être discret (la musique est à fond, tant pis pour les voisins !), de manger sain, de dire bonjour à la dame… Les parents sont désespérés. Ils filent chez le psy le plus proche pour essayer de comprendre… Tout cela est normal, confirmera la personne consultée. Normal, même lorsqu’Élodie, 13 ans, répond à sa mère « Tu me gaves ! », alors que sa génitrice, infirmière de nuit dans un hôpital, lui fait gentiment le reproche de n’avoir pas voulu préparer le petit-déjeuner de son petit frère de 10 ans ? Normal ! Mais en sachant que ce type de comportement reste à analyser, de façon simple. Ainsi, si Élodie ne veut pas préparer le bol de chocolat à son jeune frère, cela cache quelque chose d’autre qu’un simple refus. Aux parents à essayer de faire le lien entre l’opposition, le motif de l’opposition et les personnes concernées par cette opposition. Dans le cas d’Élodie, elle affirme sa souffrance et sa difficulté à avoir accepté un bébé (un rival) trois ans après sa naissance. Plus solide psychologiquement aujourd’hui, elle met en miroir ce qui la gêne depuis maintenant dix ans… L'avantage de la crise d’adolescence, aussi désagréable et impertinente soit-elle, c’est qu’elle permet de « régler » ce qui ne l’est pas encore et qui devra l’être avant la seizième année pour que l’enfant ne file pas du mauvais coton aux alentours de la majorité. Ainsi et même si nos ados nous « gavent » aussi, disons que c’est une chance de plus (avant qu’il ne soit trop tard)…
Chantal Calatayud