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La psycho
dans Signes & sens
L'art-thérapie
au service de l'autonomie
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Les médiations, telles modelage, peinture, collage, permettent de mettre en œuvre les capacités de compréhension, d’analyse, d’évaluation, de synthèse, de décision. Ces méthodes offrent la possibilité, notamment, de restaurer la confiance en soi chez des enfants qui présentent des difficultés scolaires.
L’angoisse quant aux apprentissages peut aller jusqu’à refouler le désir d’apprendre et, de fait, bloquer certaines possibilités de développement. L’axe psychopédagogique, qui utilise l’expression artistique, entraîne la compréhension de la résistance et sa levée.
Une expression simple d’accès
L’art-thérapie, dimension qui reste ludique, contribue à travailler la structuration, l’ordre, la capacité à réaliser, tout en menant à son terme un acte entrepris pour aboutir à une forme donnée à voir. Elle fera le lien dans la communication. Cette démarche permet ainsi de représenter, manifester, révéler, concrétiser grâce à un processus d’autorégulation : c’est concrétiser ce qui a été vu en rêve ou en imagination et ainsi, évacuer ce qui parasite inconsciemment. Elle est donc structuration cognitive, motrice, affective, sensorielle, intellectuelle. Il s’agit d’une expression directe et simple d’accès des potentialités refoulées. L’activité créatrice aboutit à représenter l’absence. Cette approche s’adresse à ceux qui ne peuvent travailler sur l’abstraction car ils en souffrent. Ce moyen et lieu d’échange se veut étayage subtil et déjà libérateur aussi pour des sujets souffrant d’une difficulté à symboliser. Le processus même de créativité est thérapeutique en tant que capacité et inducteur de changement.
La sublimation
Winnicott, pédiatre et psychanalyste renommé du XXème siècle, a montré la place et le rôle de l’objet transitionnel dans l’élaboration de l’acceptation de la séparation d’avec la mère ; ce renoncement engendrera plus tard chez l’enfant des expériences dans l’aire culturelle. Pour Winnicott encore, cette aire transitionnelle est lieu de repos où l’individu est engagé dans cette tâche interminable qui consiste à maintenir, à la fois séparées et reliées à l’autre, réalité intérieure et réalité extérieure. C’est proposer au patient d’exprimer ce qu’il a perçu, retenu et refoulé, grâce à un cadre, le holding, support au handing, des soins dispensés par la mère. Ainsi, l’utilisation de ce processus en art-thérapie peut permettre la réparation de la perte de l’objet maternel par l’expérience créative du jeu ; c’est alors proposer de mettre à l’extérieur, par la créativité, ce qui fait nœud. Mettre en actes étant concret est trace de la capacité d’acquisition des informations reçues, comme de la réalisation mise en place. Ce mouvement dialectique entre dire et faire, cette concrétisation, rendent possible une juste distance imaginaire. Ce réalisé sera support de remémorations et d’affects suscités par ce que le patient a produit de ce qui dysfonctionne. Ainsi sera analysée l’expression du transfert que l’actant ne s’autorise pas à verbaliser. Par-là, il peut conscientiser son modèle identificatoire et opérer les changements pour réguler ses tensions et autres angoisses. Et, de fait, anticiper de ses possibilités d’adaptation. Autrement dit, passer par une médiation pour rétablir un processus relationnel défaillant supprime le clivage démoniaque entre psychisme et corps, lie l’intérieur et l’extérieur et transforme tout processus névrotique d’abstraction en possible autonomisation.
Mathilde Audibert
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