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La psycho
dans Signes & sens
Qu’entend-on par libido
en psychanalyse ?
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Assimilé largement, et ce par glissement de sens dans le langage courant, à la seule sexualité, « libido » signifie tout simplement « désir » en latin. Ce terme mérite toutefois quelques précisions. En effet, c’est à partir de l’expression « libido sexualis » du psychiatre Richard von Krafft-Ebing, l’un des fondateurs de la sexologie moderne, que Sigmund Freud a forgé le concept psychanalytique de « libido » en tant qu’énergie psychique des pulsions sexuelles ou énergie dite psychosexuelle…
Essentiellement liée à la notion de plaisir, la libido, du point de vue freudien, ne se limite pas à la sphère génitale. Ainsi, dans son ouvrage « Trois essais sur la théorie sexuelle », publié en 1905, le maître de la psychanalyse évoque une libido se constituant dès la naissance et investissant progressivement la zone orale, anale et enfin génitale, au travers d’une construction psychogénétique.
Les pulsions
Selon Freud, l’inconscient de l’enfant est d’emblée soumis à deux sortes de pulsions : la pulsion d’autoconservation et la pulsion de plaisir. La première est vitale et correspond à un besoin, la deuxième vient systématiquement s’y étayer, engendrant dès les premiers stades psychogénétiques une confusion. Ainsi, le plaisir de la succion prend une importance inconsciente supérieure au besoin de se nourrir. La méthode freudienne parle alors d’érotisation de la sphère orale, retrouvée au moment du baiser des amants. La libido intervient également au stade anal lorsque l’enfant commence à ressentir ses sphincters et obtient un certain plaisir à retenir ou à expulser.
L’investissement de la zone génitale
La libido, au cours du développement psychogénétique et après avoir investi les zones orale et anale, aborde la zone génitale. Cette étape, qui se situe environ à l’âge de 3 ans, représente la phase dite phallique. La petite fille et le petit garçon se rendent compte qu’ils ont un organe (clitoris ou pénis) qui leur procure du plaisir. Cet organe ne correspond cependant à aucune pulsion d’autoconservation et ne possède pas encore une fonction de procréation. C’est une période où l’inconscient, de par l’auto-érotisme, vérifie qu’il n’a besoin de personne pour éprouver du plaisir. En outre, l’adjectif phallique renvoie au terme phallus et est à prendre ici en tant que pouvoir fantasmatique. C’est le début de l’interrogation inconsciente, au sujet de la différence des sexes, posée en ces termes : Qui suis-je ? Une fille ou un garçon ?
Le complexe d’Œdipe
Alors que la libido prégénitale s’investit dans une relation duelle – moi/maman puis moi/papa –, la libido génitale s’inscrit dans un triangle œdipien complexe dans la mesure où il va falloir que l’inconscient du petit d’Homme réalise – non sans douleur – qu’il n’y a pas sa place. Le petit garçon ne peut pas « coucher » avec maman et la petite fille ne peut pas « coucher » avec papa. Toute la libido est alors employée à transgresser ce que Freud a nommé Tabou de l’inceste. Pour lui, il s’agit-là du noyau de toutes les névroses. Le postulat freudien évoque ici la castration symbolique mais normante, comme le précise le psychanalyste Jacques Lacan, castration qui a aussi pour but que l’inconscient de l’enfant comprenne qu’il doit attendre d’être « grand » pour vivre ses élans amoureux avec quelqu’un de son âge et hors de sa famille. Il est alors obligé de diriger (vers l’âge de 5/6 ans) sa libido, mise en sommeil, vers l’extérieur social (sport, école). L’enfant entre ainsi dans la période de latence, période d’apprentissage correspondant à l’acquisition – entre autres – de la lecture. Il est à noter qu’un élève qui rencontre des difficultés scolaires à ce stade n’est pas automatiquement déficient intellectuel mais n’a souvent pas dépassé, selon la théorie freudienne, son complexe d’Œdipe, l’ensemble de son énergie libidinale n’étant donc pas encore disponible pour sa scolarité.
L’adolescence
La puberté est une période où la libido revient en force. La psychanalyse parle de réactivation œdipienne. C’est le temps des premières idylles et des premiers chagrins d’amour. C’est aussi une période d’opposition – normale – où l’adolescent sait inconsciemment qu’il doit liquider ses élans œdipiens. Cette traversée ne se fait jamais sans difficulté car l’ado se cherche à tous les niveaux (affectif et social). À ce sujet, il est beaucoup plus embêtant, pour les courants psychologiques, que les choses se déroulent sans heurts : effectivement, mieux vaut exprimer son malaise à 16 ans qu’à 30 ans !
L’âge adulte
En tant qu’énergie psychosexuelle, la libido n’est pas à considérer en terme de quantité mais plutôt de qualité. Ainsi, les prouesses sexuelles n’ont rien à voir avec une relation de couple équilibrée. Le nombre d’orgasmes et la fréquence des rapports intimes ne sont pas toujours les garants d’une « bonne » libido. Toute la différence entre l’érotisme et la pornographie se situe d’ailleurs là. Eros peut fondamentalement faire défaut si psychisme et corps ne sont pas au diapason !
Henri Rougon
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