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La psycho
dans Signes & sens
Nourrir son intelligence
pour bien s'en servir
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Malgré de très nombreuses tentatives, personne ne sait définir précisément l’intelligence. Bien sûr, il y a le quotient intellectuel qui mesure le degré de connaissances rationnelles via des tests bien précis. Mais l’intelligence englobe des données plus générales, comme par exemple l’intuition ou la manière de s’adapter rapidement à un environnement. Certes, il y a des gens plus brillants que d’autres, qui ont plus de facilité ou de rapidité d’esprit. Mais cela ne veut pas dire que seuls les gens doués sont compétents. On s’accorde donc à dire qu’il existe plusieurs formes d’intelligence, histoire de rassurer notamment celles et ceux qui n’ont toujours rien compris aux problèmes mathématiques…
L’Homme, a priori, se différencie des animaux par sa faculté à raisonner, à analyser et à fournir les bonnes conclusions. Mais les animaux, eux aussi, détiennent la capacité de tirer le meilleur parti de leur environnement ou d’anticiper le danger. Cependant, les animaux fonctionnent avant tout à l’instinct, qu’il soit maternel ou de survie. L’humain, lui, apprend au fur et à mesure de sa vie. C’est ainsi que naît et évolue son intelligence.
Les ressources mentales
La compréhension du monde par le bébé est d’abord automatique : la faim, les pleurs, le sommeil… Il fait les choses spontanément. Petit à petit, il établit un rapprochement entre certains actes (comme pleurer) et ses conséquences (sa maman vient lui donner le biberon). À cela se rajoutent d’autres possibilités : sa maman vient le changer, lui chante une berceuse ou se contente juste de l’embrasser. Ce qui paraissait simple au début devient complexe, avec des données de plus en plus variées ; ainsi, la volonté de comprendre « quoi déclenche quoi » se met en place. En grandissant, l’enfant, l’adolescent puis l’adulte intègrera dans son esprit des faits et des conclusions, qui elles-mêmes génèrent d’autres questions auxquelles il faudra répondre. Tout cet enrichissement intellectuel s’effectue durant l’ensemble de la vie scolaire, grâce à l’environnement social, l’entourage affectif, la vie professionnelle. Que ce soit les couleurs, les mouvements, les sensations physiques, les émotions…, toutes ces informations sont stockées et re-évaluées sans cesse, pour s’adapter au moment précis où l’Homme les utilise. Comme le dit le philosophe Henri Bergson, l’intelligence envisagée dans ce qui paraît être la démarche originelle est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils et d’en varier indéfiniment la fabrication... En bref, il s’agit de savoir tirer partie de n’importe laquelle de ses ressources mentales, pour s’en servir à bon escient, au bon moment, de la manière la plus naturelle et logique qui soit.
Et le cerveau dans tout ça ?
Le cerveau a évolué en même temps que l’Homme et gageons qu’il n’a pas fini son parcours. Il existe à ce jour trois cerveaux officiels, institués par le neurologue américain Paul Mac Lean au début des années 50 : le cerveau reptilien, le cerveau mammalien et le cerveau humain. Le cerveau reptilien, le plus primitif, correspond à nos instincts et nos réflexes. Le mammalien, appelé également « cerveau limbique », est le centre des émotions et de la mémoire. Quant au cerveau humain ou néo-cortex, il est la base de l’intellect. Scientifiquement parlant, le cerveau est l’organe référent de l’intelligence. L’hémisphère gauche, appelé également cerveau gauche, concentre les processus de la rationalité, comme l’analyse, la parole ou la concentration. Le cerveau droit, lui, est complémentaire avec le domaine de la créativité ou du rêve. On peut donc déduire qu’une bonne corrélation entre ces deux cerveaux est la principale garantie d’un cerveau global en bon état de fonctionnement. Cette corrélation dépend de plusieurs facteurs : la bonne circulation de l’influx nerveux, le nombre élevé de connexions entre les neurones, appelées les synapses, l’activité des parties cérébrales annexes (mais néanmoins essentielles). Longtemps, le volume du lobe frontal a soulevé la question : est-il proportionnel à l’intelligence de l’être humain ? Au vu des résultats sur le cerveau d’Einstein, non. Mais aucune réponse n’est véritablement établie à ce jour.
Nourrir son intelligence
La question que l’on pourrait se poser est de savoir comment l’esprit et la réflexion s’intègrent à la matière (grise) de notre cerveau. Quel est le lien entre l’abstrait de la pensée et le concret physique du cerveau ? De nombreux scientifiques se sont penchés sur la question et toutes les théories ont été émises, de l’Homme qui est « juste un esprit dans un corps mécanique » à un « cerveau complexe qui calcule et ressent ». Force est de constater aujourd’hui que l’activité de penser se visualise concrètement, notamment avec des appareils médicaux spécifiques, qui peuvent enregistrer les mouvements cérébraux. On a ainsi découvert que les simples actes de «réfléchir, ressentir ou analyser» se signalent clairement. Même si la clef de l’intelligence n’a pas été trouvée, on peut d’ores et déjà conclure qu’une bonne activité du cerveau augmente la perspicacité… Oui, le cerveau aussi doit faire du sport ! Des stimuli, comme la lecture ou les jeux de société, alliés au plaisir d’apprendre, intensifient les champs de connaissances et élargissent les modes de pensées. Signalons tout de même d’autres facteurs, comme la génétique et les conditions sociales, qui influent sur les moyens d’apprentissage. Le facteur héréditaire est encore à l’étude mais il est prouvé qu’un enfant né de parents intelligents a plus de chances de l’être aussi mais ce peut être une question d’éducation et de… finances. D’où l’importance également de l’environnement social : apprendre à lire et compter, c’est bien, mais d’autres enfants bénéficient d’avantages sportifs et culturels qui les aident à s’épanouir davantage intellectuellement. Cependant et heureusement, l’intelligence peut concerner n’importe quelle personne, sans distinction apparente. Les études scientifiques, les essais philosophiques et les tests neurobiologiques n’y changeront rien : le cerveau demeure un mystère et sa faculté d’adaptation et de synthèse rapide reste une énigme. N’est-ce pas le philosophe allemand Friedrich Nietzsche qui disait que parmi toutes les variétés de l’intelligence découvertes jusqu’à présent, l’instinct est, de toutes, la plus intelligente...
Monique Surdon
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