La psycho
      dans Signes & sens

      Somatiser,
      une maladie imaginaire ?

      Somatiser, une maladie imaginaire ?
      ©iStock

      C’est à Molière que l’on doit la « médiatisation » en 1673 de cette idée de « malade imaginaire » à travers sa pièce qui en porte le nom. Mais qui est ce malade imaginaire ?

      Il se nomme Argan, bourgeois du XVIIème siècle, vivant totalement sous l’influence de la médecine de l’époque : ignorante en très grande partie et de ce fait inaccessible au travers de divers rituels et de phrases « latino-savantes ».

      Des compulsions de répétition


      Argan, cet hypocondriaque caricatural, n’envisageait sa vie qu’en étant malade et ne pouvait s’imaginer une seule seconde guéri ou en bonne santé. Je ne m’étonne pas si je ne me porte pas si bien ce mois-ci que l’autre, dit-il. En règle générale, nous sommes assez loin, à titre individuel, de cette caricature de théâtre. Cependant, certaines choses peuvent nous parler. En effet, n’a-t-on pas tous connu dans notre vie des petits problèmes de santé dont les symptômes étaient banals : migraines, douleurs physiques, nausées, maux de ventre… et pour lesquels nous prenons souvent des médicaments alibi et passe-partout (voire quelque fois placebo) avec, en accompagnement, les traditionnelles phrases : C’est nerveux. C’est un virus. C’est le stress. Certes, il faut le dire, le rôle actif et allopathique du remède sur la maladie est nécessaire mais se limite à sa suppression seule sans autres perspectives. Or, il serait intéressant d’observer les répétitions possibles de ces petites somatisations (pouvant devenir plus grandes !) dans la vie d’un individu. Certainement trouvera-t-on des répétitions notoires en fonction de la vie de chacun. C’est ce qu’on appelle en psychanalyse des compulsions de répétition. Ces somatisations constatées comme répétitives peuvent alors s’envisager comme se déclenchant en fonction de causes psychiques et pouvant revenir à plusieurs reprises dans l’existence.

      L’expression d’un conflit inconscient

      Le docteur Josef Breuer, aux côtés de Sigmund Freud, avait affirmé que chaque symptôme a un sens. Freud a été amené à définir avec précision que tout symptôme est l’expression d’un conflit inconscient et la manifestation extérieure du retour du refoulé. Ainsi tout symptôme est-il un signe qu’envoie l’inconscient, signe reçu au travers de mécanismes de défense extériorisés au niveau du soma, donc du corps. Françoise Dolto, qui a beaucoup travaillé avec les enfants sur le rôle du psychique dans le somatique, a caractérisé – parmi d’autres – la fonction de la psychanalyse comme étant un travail sur la recherche et l’éradication de la cause des maladies. La psychanalyste Claude Halmos explique bien ce processus avec la métaphore de l’électricité : En électricité, dit-elle, si un fusible saute, après l’avoir changé on va chercher l’origine de la panne… Comme derrière tout symptôme, il y a une raison qui produit ce symptôme. La psychanalyse consiste à chercher l’origine de la « panne » du sujet en souffrance. Cette souffrance intérieure s’exprime donc par des signes somatiques, le corps jouant un rôle de « média » pour une communication extérieure de ce conflit psychique intérieur. La formation symptomatique serait donc le langage du corps. Mais de quel ordre est ce conflit ?
      Peut-être pourrait-on y trouver en premier lieu ce que le maître de la Psychanalyse appelle sentiment inconscient de culpabilité. Sentiment qui souvent remonte à des souvenirs d’enfance refoulés (non-dits) ou à des représentations fantasmées. Peut-être peut-on retrouver aussi, dans le conflit inconscient, les grands thèmes de la théorie analytique tels que l’angoisse de la mort et du temps, la névrose d’abandon et, bien sûr, une angoisse de castration sur fond de complexe d’Œdipe. Il est important d’insister sur le fait que le refoulé est un univers fantasmatique inconscient qui est en grande partie douloureux. Le sujet se vit à son insu coupable de cet état. La culpabilité étant toujours le déclencheur de toute somatisation. C’est pour cette raison que le psychanalyste axera son travail sur une déculpabilisation. Françoise Dolto précise que dès le plus jeune âge, l’enfant se fantasme responsable de tout ce qui arrive autour de lui. Ainsi, pour la psychanalyse, la maladie serait bien un mécanisme de défense face à une trace mnésique qui fait souffrir et que l’être humain n’a pas la force de traverser.

      Les mauvaises humeurs

      Pour revenir au XVIIème siècle, il est à noter que la médecine de l’époque fondait sa théorie sur celle issue du médecin grec Hippocrate (vers 400 av J. C.). Cette théorie définissait une « bonne santé » à travers un équilibre savant entre quatre liquides appelés humeurs. Certaines expressions liées à cet historique sont d’ailleurs encore d’actualité. Il y avait le sang (qui a donné l’humeur sanguine), le flegme (l’humeur flegmatique), la bile jaune (l’être bilieux), la bile noire (la mélancolie). La maladie, pour cette époque, survenait lorsque l’équilibre entre ces quatre humeurs se rompait ou quand l’une d’elles s’altérait. On parlait alors de mauvaises humeurs. Le souci de la médecine se résumait à tenter de les faire évacuer du corps. Heureusement, les fondements théoriques et les pratiques médicales ont évolué. Toutefois peut-être aurait-il été souhaitable que la médecine moderne conserve l’esprit de cette théorie sur la mauvaise humeur, prenant ainsi davantage en compte une possible influence négative du psychisme sur le soma ? Toute la subtilité de la psychanalyse consiste en fait à voir et à entendre en quelque sorte cette mauvaise humeur inconsciente. Il s’agit pour elle d’un signe a priori négatif qu’adresse l’inconscient. L’art de la méthode psychanalytique consistera à aider le sujet à lui donner sens pour qu’il évolue positivement.

      La notion de responsabilité

      Dans la pièce « Le malade imaginaire » de Molière, Béralde reproche à son frère Argan sa dépendance à la maladie et à la médecine : Est-il possible qu’il n’y ait pas moyen de vous guérir de la maladie, des médecins et que vous vouliez être toute votre vie enseveli dans leurs remèdes ? (Acte III – scène 4). Tout comme l’anti-héros de la comédie, l’analysant se vit un « malade malgré lui » au début de la cure pour se transformer ensuite, et souvent très vite, vers l’acceptation d’une certaine responsabilité quant à son état. Le rôle de l’analyste consiste à entendre la plainte du patient en souffrance sans jamais l’entretenir. Et l’analysant peut alors décider de guérir. Mais la guérison peut aussi inconsciemment être inaccessible afin d’entretenir une maladie « satisfaisante ». Freud parle alors du bénéfice fantasmatique inconscient de la maladie. Maryse Choisy illustre d’ailleurs bien ce propos en écrivant : Pardonnez à l’analyste de vous avoir fait ce mal : vous guérir…

       

      Philippe Eledjam

       

      main
      cadeau signes-et-sens-magazine-leader-magazines-gratuits-web gratuit signes-et-sens-magazine-leader-magazines-gratuits-web magazine Votre Blog & Forum de Signes & sens




       
       

      Signes & sens, le site créé pour les femmes et les hommes respectueux de l'écologie relationnelle et environnementale...


      Signes & sens Web
      Psycho | Développement personnel | Santé / Forme | Sport & loisirs | Médecines douces | Bio | Cuisine | Beauté / Bien-être | Parapsychologie | Jeux / Psy-tests | Psychobiographies | Interviews | Bulletins d'humeur | Espaces : Psycho - Être - Confiance en soi | Parents - S'entendre - Relations positives |  Coaching - Se réaliser - Maîtrise de soi | Zen - Se régénérer - Beauté intérieure | Amour - S'aimer - Couple et intimité | Foi - Être croyant - Engagements | Astro - Prédire - Ésotérisme - Horoscope | Création - Créer - Expression artistique | Détente - Se libérer - Vitalité du corps et de l'esprit | Beauté - (Se) séduire - Bonheur d'être soi | Minceur - S'alléger - Changement harmonieux | Forme/Santé - Se ressourcer - Douceur de vivre | Habitat - (Se) préserver - Confort intelligent | Bio - Vivre sain - Respect de soi et des autres |  Spécialistes : Psychothérapies - Psychologie - Psychanalyse | Bien-être et santé - Vitalité - Bio | Parapsychologie - Spiritualités vivantes - Thérapies alternatives | Développement personnel - Coaching | Stages et Formations | Jeux-test - Bilans psychologiques gratuits | Conférences Psy Audio gratuites - MP3 | Astuces pratiques maison | Conseils Doctophyto|Ne déprimez plus | Nos prénoms nous parlent | Phrases positives de réussite | Foire aux questions Parapsy | Mes bonnes résolutions | Bons plans | Vos envies ont leur solution | Professionnels, dites NON à la crise | Shopping | Encore + de partenariat professionnel |Notoriété et référencement | Optimisation Web | Réseau social alternatif / Forums & Blogs.

      Signes & sens Pratique

      Service Publicité - Tél : 09 64 27 16 19

      Signes & sens Mémo
      Signes & sens - 17 Boulevard Champfleury - 84000 Avignon - Tél : 04 90 23 51 45



      Mentions légales  Signesetsens.com ©