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La psycho
dans Signes & sens
Stérilité psychique :
lever les blocages
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Stérile, stérilité ou infécondité sont des mots souvent difficiles à recevoir. Lorsque tombe le verdict, semblable à une sanction, s'entremêlent alors pour les sujets concernés toutes sortes de sentiments allant de la culpabilité à la colère, en passant par celui d'être victime d'une profonde injustice. En effet, la déception de l'absence de grossesse chez une femme est d'autant plus grande qu'un domaine tel que celui de la reproduction semble être synonyme de naturel. Donc de facile et évident. Pourtant, on se doit de constater que, accéder à la maternité, et par conséquent à la paternité, est une démarche face à laquelle tous les individus ne se retrouvent pas à égalité.
Lorsque, au sein d'un couple, l'enfant ne vient pas, cela peut être le point de départ d'une véritable crise qui remet tout en question, à commencer par les rêves d'avenir mais aussi les relations avec la famille, voire même avec les amis, qui « eux » ont des enfants...
Vouloir ne correspond pas à désirer…
L'annonce d'un tel diagnostic s'avère extrêmement douloureux dès lors qu'il y a non existence de motifs physiologiques et aucun signe d'une quelconque atteinte organique provenant d'une malformation ou d'une maladie pouvant justifier la situation. Ainsi, au moment où la médecine n'apporte plus de réponse satisfaisante, quand tout semble en « règle », il va falloir chercher le pourquoi ailleurs que dans le contexte du réel. Après avoir éliminé des prétextes relatifs au corps, il y a nécessité d'admettre qu'il s'agit là de quelque chose qui n'a rien à voir avec une volonté au conscient et dont les causes profondes échappent à toute rationalisation ; on parle de clivage entre le psychisme et le corps puisqu'il y a impossibilité de contrôler la conception ; par conséquent, il s'agit d'une stérilité d'ordre psychique. Cette forme de stérilité trouve sa source en un seul lieu impalpable et compliqué, celui de l'inconscient. La stérilité est ici à envisager en tant que symptôme, autrement dit et selon Sigmund Freud, comme étant « la manifestation externe d'un conflit interne ». Force est de reconnaître que vouloir un enfant ne correspond pas toujours au désir de l'inconscient. De l'ordre d'une véritable impuissance psychique (à distinguer radicalement de l'impuissance sexuelle), les facteurs les plus fréquemment rencontrés dans ce type de stérilité s'articulent essentiellement autour de la notion de complexes. C'est-à-dire de tout ce qui est susceptible d'affecter l'inconscient d'un individu au point de le perturber dans ses comportements.
Quels sont les blocages psychologiques ?
Myriam Szjer, pédopsychiatre, explique très bien dans son livre « Ces neuf mois là », aux Éditions Robert Laffont, qu' « alors qu'aucune stérilité médicale ne fait obstacle, il arrive que des blocages psychologiques repoussent pour un temps la survenue d'une grossesse ». Ces blocages ont des origines plurielles dont voici quelques possibilités :
- Il peut s'agir de traces mnésiques renvoyant à une grossesse difficile comportant des évènements traumatiques, tels que le décès in utero, ou à la naissance problématique de l'enfant, ces situations douloureuses ayant touché une ou plusieurs femmes sur une ou des générations antérieures. L'inconscient se trouve alors dans l'incapacité de se libérer de ce « mauvais » souvenir. Il y a, dans ce cas, une angoisse d'être une mauvaise mère (ou un mauvais père).
- Ou bien encore le psychisme qui, sous l'emprise d'une irrépressible angoisse de mort, préfère rester celui d'un enfant (petite fille ou petit garçon), et donc de fait dans l'inaptitude à faire des enfants. C'est, autrement formulé, « ne pas grandir », se fixer en intemporalité dans le but fantasmatique d'échapper ainsi à la mort. Sigmund Freud, dans « Trois essais sur la théorie sexuelle », écrivait : « Tous les troubles pathologiques de la vie sexuelle peuvent être considérés à juste titre comme des inhibitions du développement ».
- Parfois, aussi, on assiste de la part de l'inconscient à un refoulement total de l'image féminine (ou masculine selon le membre du couple) conduisant à un déni de la réalité corporelle, comme une non-acceptation de l'identité sexuelle, celle-ci étant bien sûr en lien direct avec la procréation.
- L'une des difficultés les plus répandues reste celle de la confusion inconsciente femme/mère ou mari/père, confusion au travers de laquelle l'enfant à venir est fantasmatiquement le fruit d'une relation incestueuse, donc issu d'un « interdit ». Cette problématique s'appuie principalement sur un complexe d'Œdipe pas ou insuffisamment résolu.
- Par ailleurs, une stérilité psychique fait inévitablement « écho » au complexe d'infériorité, ne serait-ce que par le fait que la stérilité est, quoi qu'il en soit, vécue comme un échec.
Ces quelques origines énumérées pour exemples (il en est d'autres possibles) témoignent de raisons pouvant être responsables de stérilités psychiques, aussi bien chez la femme que chez l'homme. Néanmoins, à chacun son histoire et son passé ; de fait, pour chaque cas de stérilité, vont devoir être pris en compte des éléments individuels et donc uniques.
Permettre la levée de la résistance
À l'évidence, le rôle d'un psychanalyste peut s'avérer fondamental et son intervention bénéfique. La prise en charge vient en aide au couple en lui permettant de comprendre ce qui se cache derrière ce symptôme douloureux en apparence illogique pour le couple et ce qu'il veut dire, de façon à permettre la levée de la résistance. Le dénouement de ce type de situation reste fréquent puisque la cure analytique intervient aussi, entre autres, sur les schémas refoulés d'idéalisation. Souvent, et c'est heureux, dès que le couple n'a plus le souci (souvent obsessionnel) d'une parentalité parfaite, il se sent prêt à accueillir un enfant. On constate d'ailleurs joyeusement qu'une fois que le blocage a disparu, la famille peut s'agrandir rapidement à peu d'années d'intervalles... Il n'est pas rare alors que le psy reçoive à la queue leu leu deux ou trois faire-part de naissance en moins de cinq ans pour une même fratrie ! Avec accouchements bien gérés à la clef, ce qui ne gâte rien...
Xavière Santoni
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