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La psycho
dans Signes & sens
C'est quoi
un enfant heureux ?
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Le bonheur, c’est ce que tout parent souhaite pour sa descendance. Qu’un enfant soit heureux est la préoccupation de quiconque a en charge ce plus petit que soi, encore fragile et dépendant. Pourtant les avis sont partagés : ils sont tributaires des représentations et autres conceptions que nous avons de l’enfant joyeux.
Nous avons tous été enfant. Il est donc clair que nous sommes nous-mêmes la référence. À ton âge, je n’avais pas tout ce que tu as, alors pourquoi te plains-tu ? Ou à l’inverse, J’ai trop souffert de mon éducation, je ferais tout pour que tu ne vives pas la même chose… Les deux attitudes ont peu de chance de prendre en compte la réalité du sujet à part entière qu’est notre héritier. Sachant que nous ne possédons pas les clés du bonheur d’autrui, même s’il s’agit de la chair de notre chair, il est toutefois quelques pistes à suivre afin de ne pas se fermer à la joie de contribuer, autant que faire se peut, à l’épanouissement de ces êtres qui attendent de nous une difficile alchimie entre liberté et limite.
L’accueil
La naissance étant un moment – quoi qu’on en dise – violent, un enfant a évidemment toutes les possibilités de favorablement démarrer dans la vie s’il est bien accueilli. Néanmoins, cette situation est loin d’être le lot de chaque nouveau-né. Il n’est cependant pas question de culpabiliser des parents déstabilisés par une naissance inattendue. À ce sujet, la célèbre psychanalyste Françoise Dolto avait l’habitude de dire que le bébé choisit de naître. D’où sa position originelle de sujet avec toutes les potentialités qui vont avec. Toujours est-il que l’étayage sera indispensable, notamment pendant ses trois premières années, le temps pour les parents de réaliser que le bonheur est souvent fait d’inattendu.
L’opposition
Un enfant dérange toujours… et c’est un signe de bonne santé mentale ! Un enfant trop sage est souvent un enfant qui n’est pas heureux. Alors, si votre petit garçon de 4 ans refuse d’embrasser sa grand-mère maternelle qui pique, n’en faites pas une maladie ! Peut-être vous explique-t-il à sa façon que qui trop embrasse mal étreint. L’opposition est une composante de l’autonomie et nul bonheur n’est envisageable sans cela. Ce qui ne vous empêche pas, après coup, de lui en parler et de négocier un bisou de temps en temps, plutôt que de rentrer dans le conflit et imposer un acte qui devrait davantage relever de la spontanéité que du devoir.
Les peurs
L’enfant vit dans un monde imaginaire dans lequel les adultes ont du mal à pénétrer. Comment comprendre l’angoisse de Cédric, 3 ans, à l’idée de rentrer dans l’eau ce matin alors que vous l’avez vu le week-end précédent barboter avec joie ? Il ne s’agit pas de minimiser cette phobie soudaine avec des rationalisations. Un enfant a besoin d’être rassuré pour être heureux. Quelle importance si, aujourd’hui, son bain n’est pas complet ? Demain est un autre jour…
La comparaison
Si le petit voisin, qui a le même âge que Nathan, ne prend plus son doudou pour s’endormir, ce n’est pas une raison pour ôter brusquement cet objet transitionnel et risquer un sevrage trop brutal sous prétexte qu’il faut absolument être dans la norme… Comparer, c’est oublier le rythme propre à chacun. Que diriez-vous si on vous retirait votre café matinal sous prétexte que votre voisine n’en a pas besoin pour commencer sa journée ? Tous ces conseils basiques ne valent que resitués dans un contexte. Il y aurait beaucoup d’autres choses à dire, notamment à propos des limites, véritables repères à poser à un enfant afin qu’il ne développe pas une toute-puissance qui le rendrait véritablement malheureux. La première question que tout parent devrait se poser étant, avant tout, mais c’est quoi au juste un adulte heureux ?
Christophe Lemoulin
Pertinence !
Le célèbre Montesquieu, dans « Mes Pensées », fait preuve, à propos du bonheur, d’une pertinence toujours d’actualité : Si l’on ne voulait qu’être heureux, écrit-il, cela serait bientôt fait. Mais on veut être plus heureux que les autres, et cela est presque toujours difficile parce que nous croyons les autres plus heureux qu’ils ne sont…
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