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La psycho
dans Signes & sens
Viens chez moi…
Les nouvelles colocations |
L’individualisme aurait-il atteint ses limites ? On serait tenté de le croire avec la recrudescence des propositions de colocations, comme si l’aspect négatif de la hausse du prix des loyers avait pour corollaire inversé une prise de conscience de la nécessité d’une complémentarité humaine.
Décidément, l’énergie de mai 68 n’est pas près de disparaître. Témoin le retour sensible à un mode de vie qui a marqué les années 70. Ainsi, au Canada par exemple, les membres de la « Coop Généreux » réapprennent à vivre ensemble. Les valeurs de solidarité semblent reprendre vie pour le plus grand bien d’une jeune… et moins jeune génération saturée par le consumérisme à outrance.
L’amitié, un sentiment à la hausse
Un large public a été sensible à « Friends » (Amis en français), une série télévisée américaine. Comportant 236 épisodes de 22 minutes, créée par Marta Kauffman et David Crane et diffusée entre 1994 et 2004 sur le réseau NBC, elle le fut en France à partir d’avril 1996. Elle raconte 10 années de la vie de 6 amis vivant à New York… en colocation. L’extraordinaire succès de telles émissions n’est certainement pas étranger au fait de rendre la colocation plus attrayante aux yeux des jeunes. Le phénomène tend à se généraliser. Un sondage Ipsos montre que le partage d’un appartement est une tendance forte chez eux : près de la moitié de ceux-ci l’a déjà pratiqué, la pratique ou souhaite la pratiquer. Aujourd’hui, la colocation concernerait près d’un jeune sur deux. Si on peut invoquer des raisons purement économiques, à en croire Serge, cela ne suffit pas pour en faire l’expérience : Les affinités demeurent primordiales pour la longévité de l’entreprise… Se retrouver avec des comparses, que l’on a choisis, peut devenir réconfortant et stimulant. Ayant partagé mon appartement à plusieurs reprises dans ma vie, l’intérêt des colocataires devait d’abord reposer sur l’envie de se côtoyer régulièrement…
Les seniors aussi !
La pratique de l’auberge espagnole n’est a priori pas l’exclusivité d’une population étudiante. Ainsi, l’association « Colocation seniors » a rebondi de manière positive après la canicule de 2003 face à la détresse des personnes âgées en France, en proposant aux personnes isolées, en partenariat avec les bailleurs sociaux et le parc privé, de se regrouper dans des maisons et des appartements. De multiples avantages en ont découlé. Non seulement la solitude a été rompue mais des économies non négligeables de charges et de loyers, pour les plus démunis, ont été réalisées. Toutefois, le plus important, à en croire Cécile, 79 ans, reste la solidarité de proximité : Finalement, confie-t-elle, à quelque chose malheur est bon ! Moi qui ne voulais en aucun cas aller à « l’hospice », je retrouve dans ce choix de vie une nouvelle vigueur. Sans compter que mes enfants et mes petits-enfants sont rassurés de me savoir en sécurité. D’autant que l’association a prévu le passage d’une auxiliaire de vie deux à trois fois par semaine pour aider à l’entretien des locaux et s’enquérir de l’état de santé de chacun…
Si ça vous tente…
- Vous disposez d’un appartement : il vous suffit de faire paraître une annonce dans laquelle il est important de bien décrire votre rythme de vie. Précisez les critères du colocataire que vous recherchez (fumeur ou non, étudiant, etc.). N’hésitez pas à organiser plusieurs rencontres avant de vous engager. Et faites au moins trois casting avec trois personnes différentes. Il est important que ça passe entre vous.
- Vous n’avez pas d’appartement : consultez régulièrement les annonces sans vous jeter sur la première venue. Dans l’idéal, il est bon de visiter trois appartements là aussi et de rencontrer trois annonceurs. Le feeling fera le reste.
- Vous voulez monter une colocation avec un groupe d’amis : il est possible d’établir un dossier. Les colocataires signent un bail. Sachez cependant qu’il existe des sites spécialisés dans la colocation : ils répondront à toutes les questions que vous pouvez vous poser.
Véronique Bussy
À propos du partage, ils ont dit :
Massa Makan Diabaté : « L’amour est la seule chose que le partage grandit ». Extrait d’« À la mémoire de David Diop ».
Jean Giono : « La joie panique, il est impossible de la garder pour soi-même ; celui qui l’a, s’il ne la partage pas, ne fait que la toucher et la perdre ». Extrait de la préface des « Vraies richesses ».
Claude Lelouch : « Le monde du partage devra remplacer le partage du monde ». Extrait de « Itinéraire d’un enfant très gâté ».
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