Fin d'un office religieux catholique dans une église d'un village très touristique du Vaucluse. À la suite est prévu le baptême d'un petit garçon de six mois environ. Il a attendu longtemps son tour, un peu agité mais plutôt sage, dans les bras de sa maman qui usait de toutes les ruses possibles et imaginables pour que des pleurs ne viennent troubler la quiétude et les prières du lieu. Ça y est : le bambin est à l'honneur. Changement de bras. Il n'est pas content et le manifeste rapidement par des cris qui deviennent de plus en plus forts, stridents, insoutenables. Plus " sa " cérémonie avance, plus il semble désespéré, dévasté. Ma profession de psychanalyste me souffle que l'inconscient de cet enfant refuse d'être baptisé, à ce moment précis, à cet âge. Pour quelle raison ? Nul ne le sait. Sauf lui, sûrement. Peut-être d'ailleurs en voudra-t-il un jour à ses parents, une fois devenu adulte, qu'ils lui aient fait donner le baptême sans son avis... Trouvera-t-il l'énergie de le leur dire ? C'est une autre histoire mais alors son psychisme gardera les stigmates d'un choix qui n'était pas le sien...
Cette anecdote peut donner à réfléchir à l'aide d'un raisonnement absurde : et si, arrivé à sa majorité, un jeune apprenait que depuis l'âge de trois mois, il est baptisé UMP ou Parti socialiste ou Front National ? Mieux vaut ne pas envisager sa réaction ! Pour en revenir plus précisément au baptême du tout-petit, bien des parents le font par souci d'une protection suprême pour leur héritier et, vue sous cet angle-là, la démarche se veut louable. Mais combien sont-ils à le faire encore par rapport au regard des autres ou, comme je l'ai déjà entendu : " Son baptême ? S'il ne lui fait pas de bien, il ne peut pas lui faire de mal " ! Encore que...
Chantal Calatayud