Notre héritage transgénérationnel religieux quel qu'il soit nous assène une culpabilité encombrante lorsque nous avons le sentiment d'avoir critiqué un proche, un associé, son conjoint, son enfant, un parent... La fameuse semonce chrétienne de la paille et de la poutre peut même nous torturer longtemps sur des effets d'après-coup réprobateurs. Pour autant, il est difficile de ne pas parler à qui de droit des dérives d'un professionnel qui finirait par mettre l'entreprise en péril. Il est tout aussi délicat de ne pas finir par avouer à son partenaire que sa mère est envahissante et se mêle de ce qui ne la regarde pas. Comment ne pas évoquer aussi avec son voisin de palier le vacarme récurrent du locataire du dessus ?
Pour se libérer d'une mauvaise conscience éventuelle et injustifiée, il suffit d'établir un discernement objectif et non pas projectif. Si les faits reprochés sont démontrables, il s'agit d'une analyse et, dans ce cas, la culpabilité n'a pas lieu d'être. D'ailleurs et dans un registre dramatique, heureusement que les camps de concentration ont été dénoncés... Par contre, si au cours d'un repas on " taille un costume " à une personne absente, à l'aide de rationalisations de pacotille, il s'agit d'un jugement et là, gare aux rétorsions immédiates : sommeil perturbé dans les heures qui suivent, réveil amer sanctionné par des regrets : " On ne m'y reprendra plus ! Plus jamais je me laisserai entraîner à dénigrer untel "... Mais que celui qui n'a jamais péché...
Chantal Calatayud