Madonna Louise Veronica Ciccone n’a que 10 ans lorsqu’en 1968, le tube des Beatles « Lady Madonna » connaît un succès planétaire. Petit clin d’oeil anticipatoire à cette petite fille qui allait rejoindre la gloire quelques décennies plus tard…
C’est donc le 16 août 1958, à Bay City, que naît Madonna,
d’une mère québécoise (qui aurait des liens
de parenté avec Céline Dion) et d’un père italo-américain
dont la famille paternelle est originaire du village
de Pacentro dans les Abruzzes. La future
chanteuse a hérité sa pugnacité du grand-père paternel
qui, sans aucun diplôme, exerça le métier de carrier
pour un petit salaire. Il élevait ses enfants à la
dure, leur inculquant discipline et respect, leur montrant
par son exemple que la persévérance est une
vertu essentielle. Le père de Madonna s’inspirera
d’ailleurs de cette méthode éducative avec ses propres
enfants…
Résilience
Les professionnels de la psyché expliquent souvent que l’on ne prend pas suffisamment en compte la
souffrance d’un enfant qui perd un parent de façon prématurée. Madonna a à peine 5 ans, le 1er décembre 1963, lorsque sa mère, Madonna Louise Fortin, décède. L’artiste tentera plus tard de sublimer de façon récurrente sa douleur au travers de ses oeuvres musicales (« Promise to try », « Mer girl » et « Mother and father »). Pour l’heure, la grand-mère, Elsie Fortin, devient un substitut maternel rassurant en établissant une complicité affective qui fait du bien à sa petite-fille. Mais la famille déménage à Rochester Hills, dans l’agglomération de Détroit. Madonna n’est encore qu’une enfant. Pourtant, ceci ne l’empêche pas de poursuivre ses études secondaires avec succès à la Rochester Adams High School. Déjà Madonna montre des ressources psychiques et intellectuelles hors du commun qui vont l’aider à rebondir… On appelle cela aujourd’hui la résilience.
Une danseuse à l’énergie inépuisable
En 1978, Madonna a 20 ans. Riche seulement des
quelques cours de ballet pris dans son enfance et de
ses 35 dollars, elle se rend au quartier des théâtres à
Times Square, mue par des rêves de gloire. Elle y
subsiste modestement en occupant des emplois occasionnels
de serveuse, de danseuse ou de modèle.
Elle pose à cette époque pour Bill Stone, Jere
Threadgill et Martin Schreiber. Madonna s’intéresse à toutes les formes créatives et possède une culture
artistique et picturale de qualité. Lorsqu’elle réussira,
elle s’offrira notamment des tableaux de Picasso.
Mais pour l’instant, c’est une foi indéfectible
dans le rêve américain, consistant à réussir à partir
de rien, qui la soutient pendant cette période de
vache maigre. N’hésitant pas à quitter la routine pour
partir à Durham, elle décroche une audition et suit
les cours de danse de Martha Grahamet à l’American
Dance Center de New York. C’est en novembre de
la même année que Pearl Lang, chorégraphe renommée,
l’auditionne et que Madonna devient son élève.
Pearl ne peut être qu’admirative devant l’assiduité
et la volonté de celle que l’on peut comparer à une
véritable amazone : Madonna n’est pas seulement déterminée, elle est passionnée. Elle parvient à faire
exactement ce qu’elle a voulu et son énergie est inépuisable,
avoue-t-elle. Mais les relations deviennent cependant vite tumultueuses entre les deux femmes.
Madonna, habituée depuis son enfance à ne pas
s’étayer trop longtemps, change de cap.
Une soif d’expérience
En 1979, lors d’une soirée, elle fait la connaissance
de Dan Gilroy qui lui apprend à jouer de la guitare.
Madonna laisse de côté sa carrière de danseuse et se
lance alors dans la musique. C’est d’ailleurs dans cette
discipline que se révèle son don puisqu’elle tient la batterie
tout en chantant au sein du groupe « Breakfast Club », formé de Dan et Ed Gilroy, Gary Burke et
Angie Smits. Si elle résout passablement ses problèmes
financiers avec les cachets du groupe, cela ne
lui suffit cependant pas pour vivre comme elle le
voudrait. En mai, après bon nombre d’auditions, les
producteurs Jean Van Loo et Jean-Claude Pellerin la remarquent. Elle va donc tenter sa chance en France.
Madonna vit alors pendant cinq mois aux frais des
producteurs belges entre Lille, Paris et Marseille, enchaînant
des contrats peu lucratifs mais gagnant en
expérience. Cependant, Madonna fait le tour de ce
qu’elle pense devoir apprendre et, après une escapade à Tunis et suite à une pneumonie, elle rentre finalement
aux États-Unis en août pleine d’usages et
raison…
Prophète en son pays
Faisant mentir l’adage, c’est pourtant à partir de son
propre pays que Madonna va séduire la planète. Un
premier album intitulé… « Madonna » voit le jour
en juillet 1983. Celui-ci rassemble huit titres écrits pour la plupart par la chanteuse elle-même. Voyant
le succès de l’album devenir de plus en plus important,
Madonna sort trois autres singles : «Holiday»,
«Borderline» et «Lucky Star». Le succès est encore
au rendez-vous. Depuis, l’album s’est vendu à
plus de 10 millions d’exemplaires, dont 5 millions
aux États-Unis. Mais c’est l’année suivante qu’arrive
la consécration : son deuxième album, « Like a Virgin » se vend à 21 millions d’exemplaires dans le monde entier ! Depuis, Madonna n’a pas cessé
d’être en haut de l’affiche. 25 ans plus tard, sa tournée
« Sticky and Sweet Tour » en 2008 et 2009, programmée dans 17 pays et 39 villes différentes, est considérée comme la plus rentable pour une artiste
féminine dans l’histoire de la musique.
Lady Madonna, une grande dame de cœur
À plus de 50 ans, la chanteuse est non seulement une
grande dame de la scène internationale, à l’instar de
ses modèles Marlène Dietrich et Marylin Monroe, mais elle possède en partage de grandes qualités humaines
et une éthique qu’elle met en pratique au
quotidien. Touchée au cœur par l’accident d’un ouvrier
lors de la préparation d’un concert au stade vélodrome à Marseille en 2009, elle n’hésite pas, toute
affaire cessante, à rencontrer la famille. Madonna est
un être sensibilisé par la souffrance humaine et sait
garder les pieds sur terre. Elle ose s’engager politiquement
contre la guerre en Irak et la politique américaine
de l’époque. Femme de caractère et jusqu’au-boutiste, elle ne se fait pas que des amis.
Bien que croyante, elle attire les foudres des institutions
religieuses, ne faisant aucune concession
lorsqu’il s’agit d’art. Mais, malgré son apparence,
Lady Madonna est une dame de cœur. Son combat
humanitaire au profit des plus démunis n’a rien de
virtuel lorsqu’elle décide de lancer une campagne
destinée à lever des fonds permettant de faire
construire une école pour filles au Malawi, État africain
ravagé par le sida, et où elle à adopté son fils
David. Le documentaire « I am because we are » (J’existe parce que nous existons) en dit long sur son
côté profondément altruiste…
Gilbert Roux