Depuis le célèbre « Basic Instinct », film culte qui a fait connaître Sharon
Stone jouant, aux côtés de Michaël Douglas, le rôle d’une romancière
pour le moins troublante, l’actrice tient toujours le haut de
l’affiche et ce, grâce à une pulsion de vie à toute épreuve…
Sharon Vonne Stone, à plus de 50 ans, incarne en
effet la puissance de réalisation d’un désir quel qu’il
soit, pour peu que l’on s’en donne les moyens : d’ailleurs
n’affirmait-elle pas déjà dans la cour de récréation
de son école qu’elle deviendrait la nouvelle
Marylin Monroe ou, à défaut, un ténor du barreau ?
Une scolarité exemplaire
On ne peut pas dire que la petite Sharon ait grandi
dans une famille propice à la gloire cinématographique.
Aucun oncle, aucun cousin n’est a priori
susceptible de lui ouvrir les portes du septième art.
Bien au contraire, Sharon voit le jour le 10 mars
1958 à Meadville, État de Pennsylvanie, dans une
famille aux revenus modestes. Deuxième d’une fratrie
de quatre enfants, sa mère, Dorothy Lawson, est femme au foyer. Quant à son père, Joseph Stone, il travaille dans une manufacture. Pourtant, son imaginaire
est très tôt stimulé par son goût pour la lecture
qu’elle maîtrise de façon précoce à l’âge de trois
ans. Ne jouant que très peu avec ses camarades, elle
fait figure de solitaire. Toujours avec un livre dans
les mains, elle se voit déjà en haut de l’affiche.
Autre différence qui booste son inconscient : l’attitude
avant-gardiste de son père. En effet, celui-ci n’a
de cesse d’encourager sa fille à envisager sans complexe
les postes jusque-là réservés aux seuls
hommes. Ses parents sont des féministes convaincus
et Sharon s’en souvient encore : Être une féministe
comme mon père dans une société d’ouvriers relève
d’une grande stature, affirme-t-elle. C’est peut-être
grâce à cette stimulation que, sans être surdouée, la
future star se montre une très bonne élève allant
jusqu’à sauter des classes. Cette assiduité lui vaut
d’obtenir une bourse lui permettant de s’inscrire à
l’université d’Edinboro. Sharon est à l’aise dans ses études de droit. Pourtant, son imaginaire débordant
lui fait préférer au bout de quelque temps la littérature
et les Beaux Arts, branche dans laquelle elle
s’oriente finalement pour obtenir son diplôme.
Le mannequinat en attendant…
Inscrite à des cours d’art dramatique dans le cadre
de ses études, Sharon voue pour le métier de comédienne
une véritable passion. Mais, à 17 ans, il lui faut
gagner sa vie. Ayant un physique adapté, elle se
lance dans le mannequinat en attendant mieux… Finalement
engagée par l’agence Eileen Ford, Sharon
Stone devient au fil de ses voyages un mannequin-vedette
que tout le monde s’arrache. Mais Sharon ne
se contente pas de cette gloire des apparences. Les
encouragements de sa famille sont sans doute pour
quelque chose dans ce refus. Elle veut être actrice et
préfère, à 22 ans, tout arrêter pour tenter sa chance
auprès des professionnels du cinéma. Pourtant, la
réalité est là et Sharon devra attendre. Le bon sens
de son éducation fait qu’elle continuera malgré tout
d’accepter quelques défilés de mode pour ne pas se
retrouver en danger financier. C’est d’ailleurs à l’occasion
d’un de ceux-ci que Woody Allen lui proposera une apparition dans «Stardust Memories».
Quant à Claude Lelouch, c’est dans « Les Uns et les Autres » qu’il lui offre un petit rôle. De petit pas en
petit pas, Sharon entre peu à peu dans le milieu cinématographique.
Mais rien de probant pour cette
jeune femme qui ne se retrouve pas dans les emplois
subalternes des castings. Sharon déprime un moment
et court se réfugier dans sa famille où son père lui
conseille de prendre une année de recul et l’encourage à plus d’ambition.
Un instinct de star !
Retrouvant un second souffle, Sharon Stone s’impose
dans quatre rôles plus en accord avec ses désirs.
Jusqu’à cette année 1992 où Paul Verhoeven essuie
les refus catégoriques de plusieurs actrices pour son
nouveau film, « Basic Instinct ». La grande Kim Basinger
décline l’offre d’incarner la sulfureuse Catherine
Tramell à cause des scènes chaudes. Mais
Sharon sent que c’est sa chance : elle révèle, lors du
Hamptons Film Festival, qu’elle a découvert le rôle
après avoir lu un script que son manager avait volé
sur un bureau. Essayant d’obtenir le rôle durant huit
mois, elle n’obtient cependant aucun résultat jusqu’à
ce qu’elle dévoile son corps : Après que 12 actrices
ont refusé le rôle, je l’ai finalement obtenu, se souvient-elle. Le choix est judicieux puisque le film fait
un tabac et consacre Sharon Stone comme une véritable
star, lui ouvrant grand les portes du 7ème art.
Avec plus de 35 rôles à son actif, Sharon est aujourd’hui une dame comblée professionnellement,
se permettant même de produire certains films
qu’elle interprète. Douée d’un instinct de vie hors du
commun, en 2001 elle sort indemne, presque miraculeusement, d’une rupture d’anévrisme généralement
fatale pour deux tiers des cas. Sharon reprend
le travail rapidement et veut encore mettre une corde à son arc puisqu’aux dernières nouvelles, il paraîtrait
que l’actrice ait quelques velléités à devenir écrivain
de nouvelles policières…
Des prises de position remarquées
Outre sa carrière cinématographique, Sharon est sensibilisée
aux problèmes éthiques. Elle prend ainsi position
contre le port d’armes dans un pays où celui-ci
est considéré comme tout à fait légitime : Notre
monde a changé et nos enfants sont en danger, affirme-t-elle. J’ai choisi de renoncer à mon droit de
porter des armes, en échange de la paix de l’esprit
que procure le fait de faire ce qui est juste... Au mois
d’avril 2004, elle est honorée du Spirit Award, prix
décerné pour son soutien et son implication dans la
cause des personnes atteintes du SIDA. Le prix lui
est remis par Gavin Newsom, maire de la ville de
San Francisco. Dans un tout autre domaine, l’actrice
s’associe fin 2009 avec le joaillier Damiani afin de
lancer un projet humanitaire. Il s’agit cette fois de
créer une collection de bijoux dont un pourcentage
sera reversé à une association humanitaire qui alimente
en eau potable des villages africains. Encline,
comme son ami Richard Gere, à la philosophie bouddhiste
et notamment tibétaine, Sharon Stone n’hésite pas à faire des déclarations qui lui valent d’être
considérée comme persona non grata par les autorités
chinoises. Se laissant parfois emportée par sa nature
passionnée, elle a au moins l’avantage de ne pas
pratiquer la langue de bois… Toutefois, la tendresse
reprend vite le dessus lorsque l’actrice trouve encore
le temps de s’occuper, seule, de ses quatre enfants :
Le plus étonnant, lorsque l’on est mère, se confie-t-elle
au magazine People, c’est que l’on peut remplir notre rôle tous les jours…
Dominique Darfin