« L’immortalité, c’est ce qui reste dans l’inconscient collectif » : cette phrase prononcée par une intervenante lors d’un colloque psychanalytique peut tout à fait s’appliquer à Marilyn, cette étoile – pas si éphémère que ça finalement – brillant encore des « feux de l’amour », presque cinquante ans après sa mystérieuse disparition… S’ils sont tous tombés sous le charme, des
employés aux Grands de ce monde, en passant
par le cérébral Arthur Miller, c’est bien
que Marilyn Monroe n’avait paradoxalement que
faire de l’apparence. Sa quête était bien celle de l’amour
: aimer et être aimée, seuls projets véritablements importants pour cet être singulier qui démarre
sa vie terrestre à Los Angeles, la Cité des Anges,
le 1er juin 1926… Née sous le signe des GémeauxC’est sous un signe double, celui des Gémeaux, que Norma Jean Mortensen voit le jour. Les choses ne commencent pas dans des conditions idéales. Quelques jours après sa naissance, la séparation marque déjà l’inconscient de la petite fille. Sa mère, exerçant la profession de monteuse en négatif, activité monotone d’ouvrière spécialisée dans le cinéma, n’est pas heureuse et fragile psychologiquement. Faisant fréquemment des séjours en hôpital psychiatrique, elle n’a pas d’autre choix que de placer son bébé en famille d’adoption. Selon un de ses biographe, Philippe Vinteuil, elle connaîtra successivement onze familles adoptives... Quant à son père, parti bien avant sa naissance, la future Marilyn le cherchera certainement au travers de tous les hommes de sa vie. C’est une amie de sa mère, tante Grace, qui sera son tuteur légal. Mariée à JimAvec Jim Dougherty, ouvrier, de 5 ans son aîné, Marilyn aura sa première expérience de couple. Plus ou moins arrangé par tante Grace, le mariage a lieu le 19 juin 1942, quelques jours après le seizième anniversaire de Norma. Puis, Jim rejoint les marines, laissant sa jeune épouse qui n’en est pas à un abandon près ! Elle trouve un travail à la R. Plane Co en tant que vérificatrice de parachute. Quatre ans plus tard, le couple divorce. Norma entame alors sa métamorphose… Relever le moral des troupesIl y a toujours du positif, même dans les histoires les plus dramatiques. L’inconscient de Norma, ne pouvant compter dès le début de son incarnation sur un étayage familial, va trouver les ressources de sa réalisation en faisant du plus grand nombre l’objet de son désir. Un photographe de l’armée, ayant pour consigne de photographier des femmes au travail pour relever le moral des troupes, la remarque. Le 26 juin 1945, Norma fait la couverture du magazine « Fank ». Sa carrière de mannequin commence. Se réaliser, c’est avoir le courage, envers et contre tous, d’oser ce qui ne s’est jamais fait jusqu’ici. Marylin est la première à laisser tomber le masque. Elle accepte de nombreux reportages photographiques, notamment avec Tom Kelley qui réalise le fameux calendrier scandale où elle pose nue. Il ne s’agit aucunement chez elle de simple frivolité. Avec l’argent qu’elle gagne, elle s’inscrit à des cours d’art dramatique. Norma est brune et ne s’appelle pas encore Marilyn Monroe… Une étoile est néeLes astrologues ont l’habitude de dire que nous basculons dans notre ascendant dans notre deuxième partie de vie. Est-ce une coïncidence si Norma, qui possède un ascendant lion, obtient un rendez-vous avec Ben Lyon, le recruteur de talents de la 20th Century Fox ? Quoi qu’il en soit, le tournant est de taille puisque Ben lui fait signer un contrat et lui suggère également de prendre un pseudonyme. Une étoile est née : Marilyn en hommage à l’actrice Marilyn Miller et Monroe, le nom de famille de sa grand-mère maternelle. Persévérance et envolMarilyn n’est pas dupe que c’est le contenant (son physique) qui intéresse les producteurs et non le contenu (ce qu’elle est vraiment). Pourtant, la persévérance paie toujours. De figurations en petits « bouts de rôles », des grands réalisateurs, tel John Huston, vont savoir dévoiler son sens inné du cinéma. Un scénario spécialement écrit pour elle par Arthur Miller, son mari de l’époque, devient en 1960 le film « Les désaxés », chef d’oeuvre dans lequel elle donne la réplique à Mongomery Cliff, et celui qu’elle s’est choisi pour père spirituel, Clark Gable… L’amour plus fort que la mort…Il est des destinées qui dépassent l’entendement. Marilyn Monroe a certainement connu en 36 ans d’existence tous les arcanes de l’amour. Cet amour, défini par le psychanalyste Jacques Lacan, comme le fait de donner ce que l’on n’a pas, Marilyn l’a en quelque sorte expérimenté. La star s’est donnée, au propre et au figuré. Sa fin, survenue dans la nuit du 4 au 5 août 1962, témoigne peut-être simplement qu’elle n’a pas accepté, toujours selon Jacques Lacan, qu’il y a toujours des choses qui ne collent pas et que la psychanalyse, rejoignant en cela l’expérience commune, montre qu’il n’y a rien de plus bête qu’une destinée humaine, à savoir qu’on est toujours blousé… En ce sens, Marilyn Monroe est une passeuse. Elle laisse la place au mythe. Ainsi, elle incarne et incarnera longtemps encore la beauté et la fragilité de l’existence. Une autre façon de nous dire que l’amour est plus fort que la mort…
Gilbert Roux
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