Pourtant, il débute dans la vie professionnelle comme dessinateur, notamment dans le secteur du mobilier d’intérieur. Son show room est son atelier. À l’âge de 20 ans, il se met à peindre mais par manque de conviction quand il regarde son travail, il l’abandonne, pour mieux le reprendre, mais jamais réellement satisfait, il détruit globalement ses premières œuvres. Une soif d’indépendanceUne vingtaine d’années plus tard, la prestigieuse capitale londonienne l’expose, puis ce sera New York et Paris. Même si le Surréalisme ne le laisse pas indifférent, Bacon ne permettra jamais le moindre embrigadement par un mouvement pictural quel qu’il soit. Sa soif d’indépendance le caractérise et constitue une véritable marque de fabrique facilement identifiable : le pinceau manifeste l’Homme dans son individualité qu’il couple souvent avec un second personnage ; quant aux triades, sur une même toile, elles restent exceptionnelles dans l’œuvre. Bacon restitue de façon grandiloquente une spiritualité aux allures de détresse humaine mais sa singularité vient de l’intérêt et de la curiosité intellectuelle qu’il porte à la religion. Cette idée de lien se retrouve dans les fondements mêmes de ses supports. Ainsi prend-il souvent comme base de travail une œuvre célèbre le précédant : pour exemple, le Pape Innocent X de Velásquez. Mais il peut également utiliser comme induction un cliché photographique qu’il ne choisit bien sûr pas au hasard. Une arène immuable Bacon s’éteint en 1992 à Madrid, cette patrie qui a vu naître un autre génie de la peinture, Picasso, qu’il avait découvert en 1927 lors d’une exposition parisienne qui était, pour Bacon, sa première visite au maître. Avec son décès sur cette terre espagnole, Bacon boucle la boucle à la manière de ses sphères célèbres qui poussent à entrevoir que, pour lui, la mort, telle une invitation rassurante à retrouver le ventre maternel, est probablement plus douce et plus enveloppante que la vie…
Ivan Calatayud |
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