Sophie Rostopchine est la troisième enfant du couple que forment la comtesse Catherine Protassova et Fédor Rostopchine, gouverneur général de Moscou. Sa généalogie dévoile une filiation noble, dont des ancêtres mongols ayant des liens directs avec la famille de Genghis Khan. Les « malheurs » de SophieÉlevée dans un vaste domaine familial selon les canons de l’aristocratie russe, la jeune Sophie étudie la littérature et les langues étrangères (notamment le français). Pourtant, Sophie est loin d’être une petite fille sans histoires. Plus tard, elle ne cache pas que son roman « Les malheurs de Sophie » est autobiographique, même si les noms de ses parents et le contexte géographique ont été changés. Cet ouvrage raconte en effet l’histoire d’une petite fille espiègle se sentant mal aimée par un père absent mais aussi maltraitée par une mère excessivement sévère. L’exilEn 1812, Sophie n’est encore qu’une jeune adolescente. La Grande Armée napoléonienne tente d’envahir la Russie. Son père décide, en guise de résistance, de pratiquer la politique de la terre brûlée : il fait libérer des prisonniers de droit commun. En échange, il leur donne pour mission d’incendier Moscou. Le plan est un succès puisqu’il contraint l’envahisseur à faire retraite. Cependant, devant le mécontentement des propriétaires des maisons détruites, le tsar lui retire son soutien. Fédor Rostopchine choisit alors de s’exiler en Pologne en 1814, puis en Allemagne, en Italie et enfin en France en 1817, pays dans lequel il décide de se fixer. Partout où il passe, le père de Sophie est accueilli en sauveur de la monarchie. À Paris, il a enfin l’opportunité de faire venir sa famille. Sophie est âgée de 18 ans. Un mari volageL’amour semble sourire à la jeune fille exilée. Elle rencontre et devient amoureuse d’Eugène de Ségur, ambassadeur de France en Russie et ex-aide de camp de Napoléon. Elle l’épouse en 1819. Cependant l’idylle reste de courte durée. Bien qu’elle lui donne huit enfants, la désormais Comtesse de Ségur est régulièrement délaissée par son mari volage, qui ira jusqu’à la tromper avec la bonne ! Sophie, amère, se retranche dans son château de Nouettes (offert par son père), en Basse-Normandie, refusant désormais les mondanités et se consacrant entièrement, sans doute pour réparer sa propre enfance, à l’affection de ses enfants, puis de ses petits-enfants. Son mari la surnomme d’ailleurs « la mère cigogne » ! Une vocation tardiveLa Comtesse de Ségur ne publie son premier livre qu’à l’âge de 50 ans. Auparavant, elle se contente de répertorier les contes qu’elle narre à ses petits-enfants. On les trouve aujourd’hui sous le titre « Les nouveaux contes de fée ». C’est par l’intermédiaire d’Eugène, alors président des Chemins de fer de l’Est, que Louis Hachette, spécialisé dans la vente des livres de gare, s’intéresse à cet ouvrage qu’il acquiert pour la modique somme de 1000 francs. En 1858, les droits d’auteur sont renégociés, permettant à la Comtesse de ne plus les partager avec son mari. Deux ans plus tard, Hachette crée la « Bibliothèque Rose » qui abritera les 31 ouvrages de l’écrivain. En 1866, devenue célèbre, la Comtesse décide de se faire nonne laïque en devenant membre du Tiers-Ordre franciscain. Elle prend le nom religieux de Marie-Françoise, vend les Nouettes en 1872 pour se retirer à Paris au 27 rue Casimir Périer où elle continue à écrire jusqu’à sa mort en 1874. Le succès de ses romans réside dans le fait que bons et méchants sont clairement identifiables, le bien l’emportant toujours sur le mal. Outre une littérature enfantine abondante et encore rééditée, la Comtesse de Ségur a aussi laissé en héritage trois volumes d’instruction religieuse et un livre de remèdes et de conseils d’hygiène à l’usage des nourrissons. Elle repose à Pluneret dans le Morbihan. Sur sa tombe se trouve une croix en granit sur laquelle est inscrit « Dieu et mes enfants »… |
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