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La psycho
dans Signes & sens
L’inquiétude est une attitude proche de la peur, consistant à anticiper une situation déplaisante. Elle a le plus souvent une cause mais peut être dénuée de tout fondement. Universelle et naturelle, elle peut aussi être très utile. Mais, poussée à l’excès, elle rend vite la vie impossible.
L’inquiétude n’est pas toujours une calamité. Une personne de nature anxieuse favorisera la prévention dans de nombreux domaines (conduite automobile, garde des enfants…), et évitera ainsi accidents et autres déboires. Les inquiets sont aussi très appréciés dans certains milieux professionnels, en particulier ceux exigeant une grande rigueur. Mais si les personnes qui ne s’inquiètent jamais courent des risques, celles qui s’inquiètent trop risquent, elles, de se gâcher la vie. Elles ont en effet une vision très pessimiste de l’existence, s’attendant toujours au pire. Elles se sentent fragiles et démunies dans un monde plein de dangers et peuplé de sinistres personnages. L’anxiété peut être causée par l’hérédité, l’éducation ou même la société. Le monde actuel, bien que beaucoup moins violent que par le passé, n’en est pas moins source de peur de par ses remaniements incessants et son individualisme forcené. Les évolutions technologiques favorisent également l’inquiétude concernant la santé.
Une intolérance à la certitude
Si certains problèmes justifient l’anxiété (maladie, chômage, mauvaises notes d’un enfant…), souvent ce sont des évènements tout à fait anodins, parfois aussi des événements heureux (mariage, promotion…), qui suscitent l’angoisse. Même si tout va bien, les inquiets se demandent ce que cela cache ou ce qui se prépare. On peut véritablement parler d’intolérance à l’incertitude. Ils sont incapables de profiter de la vie et de l’instant présent. Toute action, même un simple départ en vacances ou un dîner en ville, suscite de l’appréhension. Sabine a ainsi de plus en plus de mal à supporter les inquiétudes de son mari : C’est intenable ! Il a peur de tout ! De rater un courrier administratif, de ne pas pouvoir garer la voiture, de tomber malade… La moindre broutille prend des proportions énormes… L’inquiétude se traduit généralement par des ruminations incessantes et une tension quotidienne. L’anxieux est souvent trop imaginatif (uniquement d’un point de vue négatif), superstitieux, adepte de la pensée magique, hypocondriaque et peu sûr de lui. Parfois, il ne sait même pas pourquoi il s’inquiète. La dépression n’est pas rare chez ce type de sujets. Ceux-ci gagneraient donc beaucoup à prendre du recul par rapport à leurs angoisses. Pour cela, ils peuvent se poser les questions suivantes : l’événement redouté risque-t-il vraiment de se produire ? Si c’était le cas, serait-ce grave ? Que peut-on faire pour régler le problème ?
Apprendre à relativiser
Selon le médecin psychanalyste Alain Braconnier, les anxieux sont tout simplement en quête de sécurité et d’amour. Discuter de leurs inquiétudes avec leurs proches peut donc s’avérer très utile. Ce bon réflexe peut également leur apprendre à relativiser et à comprendre que, s’il est impossible de vivre dans un monde sans surprises, celles-ci ne sont pas forcément néfastes. La relaxation est également conseillée. Ne serait-ce que pour permettre aux inquiets de réaliser combien il est agréable, parfois, de ne plus penser et de ne plus agir ! L’inquiétude est souvent un simple trait de caractère. Certains inquiets s’accommodent parfaitement de leurs angoisses ! Mais l’inquiétude peut aussi prendre des formes plus aiguës, pouvant aller jusqu’au trouble anxieux généralisé, véritable maladie mentale qui concernerait 3 % de la population adulte. L’obsession est constante. Elle recouvre tous les domaines de la vie et entraîne des pensées effrayantes dont le malade ne peut se débarrasser. L’impact physique est très important : insomnies, maux de tête, douleurs dorsales, maladies psychosomatiques, irritabilité, réactivité trop forte au bruit et à l’imprévu. Bien qu’il soit conscient de ses troubles, l’hyper anxieux ne peut contrôler ses angoisses. Il n’est jamais en repos et peut même connaître un véritable épuisement nerveux. Pour guérir, une thérapie comportementale est particulièrement indiquée, en particulier avec la technique d’exposition progressive au stress. Car l’inquiétude est comme la peur : plus on fuit ce qui nous angoisse, plus on s’inquiète. L’essentiel est d’avoir conscience qu’il est impératif de ne plus avoir peur de ses propres peurs.
Nathalie Gassuin
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