Il semblerait qu’une tendance se confirme, séduisant un certain nombre de futures mamans : accoucher à la maison. Les arguments ? Le refus d’une hyper médicalisation de la grossesse et d’un univers parfois un peu trop déshumanisé, les petites maternités étant de plus fermées et transférées dans de grands centres. Cependant, il ne s’agit pas de prendre une telle décision à la légère. Une information sérieuse concernant les risques encourus est incontournable.
Si l’accouchement à domicile est autorisé en France, il faut savoir que seulement 1 % des femmes usent de ce droit, ce qui concerne moins de 500 bébés par an. Le taux atteint 30 % en Hollande. Cependant, certaines conditions sont requises, comme disposer d’un hôpital à moins de 20 minutes du lieu de naissance. Par ailleurs, le système néerlandais reste très différent du système français dans la mesure où il se distingue par une séparation très stricte entre situation normale et situation pathologique. Ainsi, les sages-femmes ne traitent que les cas dit normaux et les obstétriciens les accouchements à risques.
La position médicale
Théoriquement, un accouchement à domicile est possible seulement lorsque la grossesse ne présente aucun risque médical. Toutefois, les professionnels se refusent à envisager un risque zéro. Ainsi, personne ne peut prévoir une hémorragie (1ère cause de mortalité maternelle) et la nécessité d’une césarienne en urgence. Ce type de complication se produit dans environ 10 % des cas et nécessite une hospitalisation extrêmement rapide. Il se révèle donc important de bien évaluer un « bas risque » obstétrical avant de faire son choix. Pour donner un ordre d’idée, selon des études statistiques, 50 % des femmes manifestent suffisamment de risques pour justifier une contre-indication. Sans jouer les moralisatrices, les mères qui ne veulent pas accoucher à domicile avancent qu’elles engagent aussi la vie de leur bébé et qu’elles ne se donnent pas le droit de la mise en danger d’une existence qui ne leur appartient pas.
Des complications imprévisibles
Si certaines sages-femmes et quelques gynécologues obstétriciens acceptent – parfois à leurs risques et périls – d’accompagner un accouchement à domicile, ils rencontrent souvent des difficultés à obtenir une assurance de responsabilité civile. Tout simplement en raison de complications toujours possibles. Celles-ci, totalement imprévisibles, peuvent apparaître pendant le travail et au cours de l’expulsion : anomalie des contractions utérines, retard à l’engagement de la tête du bébé à cause d’un rétrécissement du bassin, souffrance fœtale, expulsion trop longue, voire circulaire de cordon (moins courante mais envisageable)… En outre, le nouveau-né, même si le cas est rare, requiert parfois une réanimation, en sachant que la moindre minute perdue est redoutable (mort du bébé ou handicap). Sans oublier l’hémorragie de la délivrance (1 pour 1000 accouchements)…
Les statistiques
En 1952, période où les accouchements à domicile étaient plus fréquents, la mortalité périnatale était de 52 pour 1000. Elle est actuellement inférieure à 7 pour 1000. Des chiffres parlants qui, malgré les bonnes raisons invoquées par les adeptes de l’accouchement à domicile, font pencher la balance pour la sécurité d’un espace médicalisé. Accoucher à domicile, pourquoi pas ? À condition, encore une fois, d’être capable d’en assumer la responsabilité, pour soi mais aussi pour son bébé, c’est-à-dire en mettant toutes les chances de son côté et du sien pour une prise en charge immédiate si un problème survenait. Une décision qui demande donc une solide réflexion.
Nadia Bouchiki