Les graisses (lipides), y compris celles qu’apportent les aliments, sont importantes en médecine parce qu’elles constituent la structure des membranes de nos cellules et conditionnent des fonctions cellulaires cruciales pour notre santé. Les deux principales molécules lipidiques sont le cholestérol et les acides gras.
Le cholestérol suscite un intérêt considérable en médecine tandis que, curieusement, les acides gras sont relativement négligés bien qu’ils soient, en masse et en complexité, les lipides les plus importants des organismes vivants.
Cholestérol : ce qu’il faut savoir
Le cholestérol est une molécule spécifiquement animale, absente des végétaux. La description de la manière dont le corps le fabrique a donné lieu à un jeu de piste passionnant pour les biologistes du siècle dernier, parmi lesquels plusieurs furent récompensés par le prix Nobel. Le cholestérol est le précurseur de nombreuses hormones (impliquées dans la reproduction, donc dans la survie de l’espèce) et il est indispensable à l’absorption des graisses alimentaires car il permet la formation de la bile. Pour toutes ces raisons, et aussi parce qu’il est aisément mesurable dans le sang à l’aide de techniques simples, le dosage du cholestérol a été, avec celui du glucose, le premier dosage biologique utilisé systématiquement en médecine pour essayer de comprendre et de prévenir les ma ladies cardiovasculaires.
Anti-cholestérols : une efficacité surévaluée
La découverte qu’un cholestérol élevé est statistiquement associé au risque d’infarctus du myocarde a généré des recherches intensives sur les aliments et les médicaments anti-cholestérol. Ces recherches ne sont pas dénuées d’arrière-pensées commerciales. Certains de ces médicaments peuvent effectivement être utiles dans la prévention de l’infarctus. Ceci dit, les enjeux industriels et commerciaux sont tellement considérables que l’on peut affirmer que les bienfaits des médicaments anticholestérol – notamment sur l’espérance de vie – sont outrageusement exagérés. Du fait de la concurrence entre médicaments, la publicité qui les concerne est parfois aussi caricaturale que celle des lessives. Il n’existe pourtant aucune donnée scientifique permettant de savoir quelle est l’utilité réelle des médicaments anti-cholestérol dans des populations (asiatiques ou méditerranéennes, ou même en France, pays du French paradox) sur lesquelles ils n’ont jamais été testés alors qu’ils représentent un poste de dépenses considérables pour les assurances maladie. Il faut espérer que ce gaspillage sera corrigé et que l’on saura rapidement réconcilier business, santé publique et rationalité scientifique !
Docteur Michel de Lorgeril et Patricia Salen*
*Pour en savoir plus, lire :
"Le pouvoir des oméga-3"
Éditions Alpen
Pas de liberté pour nos lipides
Les lipides sont des molécules qui n’aiment pas l’eau, c’est-à-dire qu’elles sont insolubles dans l’eau. Pour être fonctionnelles, elles doivent donc s’organiser de façon particulière. Par exemple, elles ne sont pratiquement jamais «libres» dans nos principaux fluides (le principal étant le sang) mais s’associent à d’autres molécules ou bien s’organisent en structures moléculaires plus ou moins complexes jusqu’à former des membranes.