La saveur sucrée ramène immanquablement aux premiers instants de la vie. Le nouveau-né ne s’y trompe pas lui qui, de manière instinctive, ne rejettera jamais un biberon d’eau sucrée. Les scientifiques affirment d’ailleurs que la consommation de sucre libère des neurotransmetteurs de type opiacées procurant ainsi une agréable sensation de bien-être et de douceur. Il n’est donc pas étonnant que cette attirance innée nous remette en prise directe avec la vie…
Le sens du goût est sollicité par quatre saveurs élémentaires : l'amer, l'acide, le salé et le sucré. Parmi celles-ci, la saveur sucrée est en effet expérimentée dès la vie intra-utérine, c’est dire toute l’importance psychologique originelle qui y est ainsi associée. Consommer du sucre revient donc en quelque sorte à se ressourcer en retrouvant, inconsciemment, un état idyllique où tout baigne…
Le sucre dans tous ses états…
Dans tous les mythes, il existe un espace de bien-être où coulent le lait et le miel. Ainsi, la Terre Promise est décrite comme étant pourvue de ces doux aliments. C’est donc dans un premier temps le miel, noble produit, qui constituera, jusqu'au commencement du 1er millénaire après J.-C., l'unique moyen utilisé pour sucrer les aliments. Puis vers le IVème siècle, la découverte de ce
roseau donnant du miel sans le concours des abeilles va inaugurer dans les cuisines du monde entier l’art de la pâtisserie, à la fois futile et essentiel. Il n’est en effet pas nécessaire d’avoir faim pour savourer un gâteau. Pourtant nos fêtes sont parsemées de moments de convivialité où le sucré est à l’honneur. Il nous manquerait certainement quelque chose s’il fallait renoncer à tout prix au gâteau des rois, à la bûche de Noël (inventée par le célèbre pâtissier de la Belle Époque, Maître Lacam), aux crêpes ou aux treize desserts provençaux. Le plaisir de recevoir est toujours associé aux sucreries. Lorsqu’en Afrique du Nord, l’hôte se voit offrir des mets sucrés, c’est qu’il est le bienvenu. Par ailleurs, saviez-vous qu’il existe, à Venise, des pâtisseries aux sous-entendus érotiques, les « promesses d'amour » gorgées de crème ? Ainsi, universellement, le sucre est-il lié au bonheur de vivre…
Douce nostalgie…
Mon premier souvenir sucré, confie Marine,
est un Michoco donné par ma grand-mère. Depuis, je voue un culte à ce bonbon ! Il est évident que lorsque les choses ne vont pas comme on le souhaite, il suffit simplement de se replonger dans ce genre de souvenirs positifs qui, s’ils peuvent sembler infantiles, ont tout de même l’énorme avantage de nous faire repartir du bon pied ! Ceci dit, il est un fait indéniable : le sucre nous réconforte et nous apaise. Des études l’ont d’ailleurs prouvé scientifiquement en ce qui concerne les effets anti-stress du chocolat. Il est bon de retrouver la petite fille ou le petit garçon qui sommeille en nous sans pour cela avoir la hantise de l’addiction. Le sucre, sauf cas particulier lié à une pathologie, possède davantage d’effets protecteurs que destructeurs. Ainsi, nos lointains ancêtres, ces premiers Hommes se nourrissant de baies, avaient une règle simple : si le goût était doux, l’aliment était en général sans danger. À l’inverse, l’amertume signalait une possibilité de poison… En outre, indépendamment de cette caractéristique plaisir qui peut lui être associé, le sucre participe au bon équilibre alimentaire. De fait est-il conseillé d’avoir un apport glucidique journalier de 50 à 55 % de glucides sous forme de céréales, de féculents, de fruits, de légumes, de lait, et autres produits sucrés. D’autre part, notez que le sucre peut favoriser la consommation d'aliments sources de vitamines et de minéraux. Au final, on peut s’autoriser une petite folie sucrée et bénéficier, de surcroît, d’avantages insoupçonnés…
Charlène Veaudour
De quand ça date ?
* Les gaufres : XIIème siècle
* Le flan : XIVème siècle
* Le pain d’épice : XVème siècle
* La crème fouettée : XVIème siècle
* La crème pâtissière : XVIIème siècle
* La charlotte : XVIIIème siècle
* Le quatre-quart : milieu du XIXème siècle
* L’île flottante : début du XXème siècle