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La santé et la forme
dans Signes & sens
Je ne sais pas me reposer…
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Une saine activité ne doit pas être confondue avec un activisme forcené et peu efficace. Nombre de personnes stressées par le temps qui passe en arrivent à avouer qu’elles se sont installées dans un cercle infernal, se disant incapables de se reposer. Constamment anxieuses et sous pression, elles peuvent devenir des candidates toute indiquées aux antidépresseurs. Pourtant, avant d’en arriver là, des solutions préventives existent…
L’hyperactivité s’étaye sur le fantasme que la Terre s’arrêtera de tourner si nous ne sommes pas en mouvement ! En réalité, l’immobilité renvoie inconsciemment à une peur archaïque à laquelle aucun être humain n’échappe : la mort. C’est d’ailleurs de cette angoisse majeure dont souffre un enfant dit hyperactif. Il est en outre intéressant de noter que nos sociétés occidentales de consommation, ayant tendance à occulter ce principe de réalité, cultivent une pseudo-jeunesse éternelle couplée à ce que le coach Marc Traverson, dans son livre « La zen attitude », nomme le bougisme, avec tout le mal-être que ce processus génère.
Dormir n’est pas mourir !
Certes, nous passons le tiers de notre existence à dormir… Pourtant, le sommeil n’est en aucun cas synonyme de paresse. Bien au contraire ! Je dors, mais mon cœur veille, est-il écrit dans le Cantique des Cantiques. Quant aux scientifiques et aux psys de toutes les obédiences, ils pourraient affirmer en choeur : Je dors mais mon cerveau travaille. Dormir est donc un besoin essentiel à la santé, à la récupération d’énergie, à l’optimisme et même à la créativité. Combien de savants ont témoigné qu’ils ont eu des intuitions géniales grâce à leurs rêves nocturnes ? Ainsi, le psychologue analytique Carl Gustav Jung assure que nos rêves ne reflètent pas uniquement nos conflits, mais ils nous donnent aussi la clé pour les résoudre. L’activité onirique ouvre sur l’avenir. Elle est la « gardienne du sommeil ». De leur côté, les médecins préviennent que le manque de sommeil peut provoquer de la somnolence diurne mais aussi du surpoids, du diabète et de l’hypertension. En résumé, pour se réconcilier avec l’inactivité, il est essentiel de réaliser que dormir n’est – en aucun cas – mourir…
Quelques astuces
Outre l’importance accordée au sommeil, quelques astuces sont à prendre en compte si l’agitation sévit, comme − par exemple − s’octroyer dans la journée un temps pour soi, sans enfants ni visites inopinées, ni même la présence de son conjoint. Une minisieste de 20 minutes suffit pour voir le quotidien autrement. Si le relâchement des tensions est trop difficile, procurez-vous un CD de relaxation, guidée ou non, et autorisez-vous cette détente. Un bain apaisant avec des huiles essentielles constitue aussi une excellente solution pour se recharger en énergie. Une conversation avec un ami empathique permet également de relativiser ses problèmes et de déposer son fardeau existentiel momentanément.
Non au travail compulsif ! Même si le secteur professionnel peut se montrer précaire à notre époque, ce n’est pas une raison pour culpabiliser à outrance jusqu’à en devenir esclave. D’autant que ce n’est pas la durée de présence au bureau qui compte mais surtout l’efficacité. Charles, travailleur informatique acharné, a bien été obligé de s’arrêter lorsque ses analyses sanguines ont décelé une leucémie. Ayant entrepris une psychanalyse pour comprendre pourquoi sa maladie, son thérapeute a mis l’accent sur le fait qu’elle était, chez lui, en lien avec l’expression populaire Se faire du mauvais sang. Boulimique de travail, sa pathologie lui a montré l’importance du lâcher-prise. Le corps peut s’anesthésier jusqu’à un certain point mais il a ses limites. Bien des AVC sont la conséquence d’un dépassement dommageable de ses forces. Aussi est-il indispensable de savoir lever le pied en se réservant régulièrement des plages de ressourcement car, comme le disait François de La Rochefoucauld, quand on ne trouve pas son repos en soi-même, inutile de le chercher ailleurs…
Lucien Rougier
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