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La santé et la forme
dans Signes & sens
En règle générale, les primipares ont abordé rarement
jusque-là, voire pas du tout, ces moments de vie particuliers
que sont la grossesse et l’accouchement. Outre les commentaires
faits par les femmes de l’entourage et quelques
articles de presse, seul l’imaginaire – dès la plus tendre
enfance – a cherché à ressentir cet état singulier de neuf
mois pas comme les autres.
Si les préparations classiques en hôpitaux ou en cabinets privés de sage-femme libérale expliquent clairement le déroulement des choses, il s’avère que seulement 47 % des futures mamans suivent une préparation prénatale en France. Les 53 % restants englobent celles qui n’en sont pas à leur première expérience et qui pensent qu’elles n’y apprendront sans doute pas plus que la première fois. Il y a aussi celles qui ne se posent pas la question, se fiant totalement au personnel médical qui les accouchera. Existent ensuite celles qui ne savent pas que l’on peut, aussi, accoucher d’une façon non «classique» (et souvent bien plus efficace) à la clinique ou à l’hôpital. Si, si ! Mais il faut le demander gentiment… Encore nombreuses sont celles qui, se laissant porter par les professionnels de la naissance et l’idée qu’eux seuls savent ce qu’il faut faire à cette occasion, se retrouvent finalement totalement dépossédées de leur accouchement. Sans même s’en rendre compte sur le moment ! La peur omniprésente et la méconnaissance du sujet posent alors problème. Totalement pris en charge par le corps médical, les parents baissent parfois les bras devant la moindre complication et la peur d’avoir besoin d’une intervention d’urgence ou la nécessité d’être tout simplement rassurés.
Un changement de mentalité s’annonce
Arrivée à la maternité, la future maman – une fois prise en charge – est installée. Elle bénéficiera d’un toucher vaginal qui déterminera l’avancée du travail, se verra poser un monitoring et une perfusion. Si le travail n’avance pas assez vite, l’ocytocine fera l’affaire et la péridurale viendra dans la foulée. Le bébé sortira tout seul dans le meilleur des cas. Sinon, l’épisiotomie, les forceps ou la césarienne seront envisagés. Bien évidemment, tout le monde sera content, l’important étant que l’enfant et la mère soient sains et saufs. Heureusement, depuis quelques années, l’hypermédicalisation devenant encore plus lourde, les nouveaux parents ont envie de se réapproprier cette partie importante de leur vie. De nombreux couples s’impliquent et s’informent de plus en plus tôt sur ce qu’ils pourraient faire pour améliorer la venue de leur bébé. Ils surfent sur le Net, rencontrent des associations, des sages-femmes libérales pratiquant l’accompagnement global de la naissance. Souvent, celles-ci utilisent des outils de préparation alternative très tôt dans la grossesse, comme les fleurs de Bach, l’acupuncture, l’homéopathie, la sophrologie, le yoga, l’haptonomie… Ces nouveaux parents se font aider et chouchouter par des doulas ou des accompagnantes à la naissance, des naturopathes, des ostéopathes, des psychologues… Ils font aujourd’hui de leur maternité et paternité une expérience exceptionnelle et un moment rare dont ils garderont le souvenir toute leur vie.
La sage-femme libérale
L’accompagnement global par une sage-femme est particulièrement intéressant quant à la continuité du suivi qui s’instaure tout au long de la grossesse. Forte de ses compétences médicales et le soutien qu’elle vous apporte avant, pendant et après l’accouchement, elle vous guide mois après mois. Et c’est là que le choix de la personne qui vous suivra devient très important. Être en totale harmonie avec elle facilitera le déroulement de la grossesse et l’accouchement, si elle pratique l’accouchement à domicile ou si, par chance, elle a accès au plateau technique
d’un hôpital.
L’accouchement physiologique
Accoucher de façon naturelle ne veut pas dire forcément accoucher au bord d’une rivière (quoique cela pourrait se faire si tel était le profond désir d’une femme, ce qui se pratique d’ailleurs dans d’autres pays). Non, accoucher naturellement, c’est respecter la physiologie qui, elle, est naturelle. Si aucune pathologie n’est détectée, rien n’empêche une maman d’accoucher tranquillement en toute intimité et de la façon la plus instinctive, si tel est son choix et si elle l’assume complètement, que ce soit dans une structure médicale ou à la maison.
Respecter la femme en travail
Michel Odent, obstétricien de grande renommée, a démontré l’importance de respecter l’intimité de la femme en travail, sa tranquillité, le calme, le fait qu’elle ne se sente pas observée, que le lieu soit suffisamment chauffé et peu éclairé, qu’elle puisse choisir la position qui lui conviendra le mieux et qui souvent l’aidera à pallier la douleur (ce qui peut varier à quelques millimètres près). Sachant que l’avenir d’un enfant se joue aussi le jour de l’accouchement et que le lien tissé dans les premières minutes de l’expulsion est prépondérant, il semble
utile que les parents préparent minutieusement ce passage
si intense, assez indescriptible, qu’est la mise au monde de sa
descendance. Aujourd’hui, les protocoles médicaux mis en
place par les maternités deviennent hyper médicalisés et suivis à la lettre, difficilement évitables au moment opportun. Mais,
par le biais de projets de naissance, formulés par les parents et
accompagnés par le corps médical, une autre démarche peut être envisagée.
Les projets de naissance
Ces projets de naissance servent à éclaircir la demande des
parents et les possibilités d’acceptation des intervenants en milieu médical. Car être clair avec soi-même et les autres est ici primordial. Si l’on sait ce que l’on veut vraiment, cela sera plus facile à transmettre à l’équipe médicale qui nous entoure. Les écrits de projets de naissance sont très individuels et doivent être ouvertement discutés entre les deux parties. Pas
question de taper du poing sur la table, sous peine de se voir tout refuser d’un coup. Ces projets peuvent encore être proposés
de façon verbale au moment de l’accouchement, bien qu’il
vaille mieux les prévoir avant. D’ailleurs, depuis très peu de
temps (2005), le Plan Périnatalité en France prévoit une visite
du 4ème mois qui serait destinée tout spécialement à la discussion
entre parents et corps médical et qui viserait la préparation d’un projet de suivi de grossesse et d’accouchement.
Apparemment, la possibilité de voir des jours meilleurs dans
le domaine de l’accouchement est en chemin. La mobilisation
qu’ont engendrée les états généraux de la naissance de septembre
2006 en est une preuve tangible.
Béatrice Blanc-Pétro
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