Il était plutôt grand, robuste, généralement svelte et capable d’activité physique intense. Le tableau vous séduit ? Ne cherchez cependant pas ce personnage dans votre environnement : il a disparu de notre planète depuis plusieurs milliers d’années. C’est notre ancêtre, l’Homo sapiens sapiens, dit Homme de Cro-Magnon.
La Préhistoire proprement dite commence avec l’Australopithèque apparu en Afrique il y environ 4 millions d’années. Son plus célèbre représentant est Lucy dont les ossements ont été trouvés lors d’une fouille en Éthiopie. La Préhistoire se divise en deux grandes périodes : le Paléolithique puis le Néolithique.
Le Paléolithique
C’est la période la plus longue de la Préhistoire, l’âge de la pierre ancienne, de 2 millions d’années à 12 500 av. J.-C. environ. L’homme est nomade ; sa vie se déroule en plein air et dans des grottes. Plusieurs générations d’hominidés se succèdent. Vers 35 000 ans av. J.-C., l’homme de Néandertal va laisser la place progressivement à notre ancêtre direct : l’homme de Cro-Magnon. Celui-ci est apparu au Proche-Orient il y a environ 100 000 ans et colonise peu à peu l’Europe toute entière. Il maîtrise la taille du silex et fabrique de nombreux outils très perfectionnés. Il sait très bien chasser et pêcher et c’est lui qui va peindre toutes sortes d’animaux dans la grotte de Lascaux (Dordogne) et la grotte de Chauvet (Ardèche). Vers 14 000 à 11 000 ans av. J.-C., l’âge glaciaire pousse son dernier soupir et l’on assiste à un réchauffement du climat. Les grands mammifères tels que le mammouth remontent vers le grand Nord, laissant la place à des espèces plus petites et mieux adaptées comme le cerf ou le lapin. L’homme doit changer sa façon de chasser et va inventer l’arc. Il vit en prédateur et tire ses moyens de subsistance de ce que produit la nature ; il se déplace en fonction des migrations des animaux et de la maturité des céréales, des légumineuses et des fruits. Il est ce que l’on nomme un chasseur-cueilleur.
Le Néolithique : l’homme se sédentarise
Le Néolithique ou âge de la pierre polie (de 12 500 à 6 000 av. J.-C. environ) correspond à un grand tournant de notre Histoire. L’homme est plus répandu sur le territoire, il sort des grottes et s’installe dans des abris qu’il construit. Il va progressivement se sédentariser. Il organise des « petits villages » et va apprendre à domestiquer certains animaux et à cultiver la terre. Il sait maintenant tisser, fabriquer de la poterie pour stocker et cuisiner la nourriture. Il n’a plus besoin de chasser comme avant puisqu’il a à sa disposition des chèvres pour le lait, des moutons pour la viande et la laine, et des champs pour cultiver le blé.
Cro-Magnon était mince et en bonne santé
L’homme de Cro-Magnon se nourrissait, comme tous les autres mammifères, de ce que la nature lui offrait. Un régime, source de nutriments essentiels et variés, tout à fait adapté à un style de vie où l’activité physique était nécessaire à la survie. Nos ancêtres ont dû résister aux longs hivers rigoureux et apprendre à anticiper les périodes de disette : il fallait faire bombance en prévision de périodes plus difficiles, stocker l’énergie, que ce soit sous forme de graisse corporelle ou de réserves. Longtemps dans l’espèce humaine, il n’y eut pas de place pour les cigales que l’hiver trouvait fort dépourvues. Ceux qui ont résisté étaient certainement plus aptes à stocker pendant les périodes fastes et à économiser leur énergie lors des temps de vaches maigres. Des individus « économiques », en quelque sorte !
Le carnet de santé de l’Homme de Cro-Magnon
Le peu de restes fossiles découverts et la conservation incertaine des ossements imposent une certaine prudence dans l’exploitation des données sur la santé au Paléolithique. Toutefois, à en juger par les restes osseux, l’alimentation semble avoir eu des effets préventifs sur nombre de maladies chroniques. L’état de santé des Homo sapiens est en général très convenable et témoigne d’un bon équilibre nutritionnel : de l’arthrose, surtout vertébrale, des fractures, mais pas de signe de goutte, ni d’ostéoporose, pas plus que de rachitisme lié à des carences en vitamine D et aucune carie dentaire. Simple reflet d’une mortalité précoce ? Pas si sûr ! L’hypothèse selon laquelle les adultes de cette époque ne vivaient pas plus de 25 à 30 ans en moyenne serait fausse.
Le Néolithique : un séisme alimentaire
Au Néolithique, l’homme cesse d’être un prédateur pour devenir un producteur. Avec la sédentarisation apparaissent des aliments inconnus jusqu’alors : céréales, laitages, sucre et sel. La révolution néolithique naît au Proche-Orient dans ce qu’on appelle le Croissant fertile et entraîne une modification radicale de la vie des sociétés préhistoriques. Après avoir survécu pendant plus de 90 % de son histoire grâce à la cueillette et à la chasse, l’homme va désormais asservir la nature à ses besoins : le monde végétal par la culture, le monde animal par la domestication.
Naissance des céréales
D’innombrables graminées comestibles pour l’homme poussent à l’état sauvage. Elles donnent naissance aux premières céréales cultivées : l’orge et le blé (engrain, amidonnier, épeautre). Quant aux légumineuses, elles sont issues de mauvaises herbes des champs de céréales (pois, vesces, fèves, lentilles). Les premières domestications sont également effectuées à partir de races sauvages locales : d’abord le mouton, issu du mangeon d’Anatolie et la chèvre provenant de lægagre, ensuite le porc domestiqué à partir du sanglier. Enfin, le bœuf, descendant de l’auroch… L’apport de viande dans l’alimentation diminue progressivement, laissant une plus large place aux céréales. La qualité de la viande change également puisque la viande issue du bétail est plus grasse que le gibier. Avec l’élevage, les produits laitiers font leur apparition dans l’alimentation humaine. L’homme découvre les vertus conservatrices du sel et finalement prend goût à cette agréable saveur qu’il donne aux aliments.
Les cadeaux du Néolithique
Ancêtre du fameux « porridge » anglais, la bouillie de céréales devient l’aliment roi à partir du Néolithique. C’est elle qui va donner naissance à la galette, un pâton composé d’eau et de céréales, pétri puis cuit sous la cendre du foyer. Ce pâton, abandonné à lui-même, fermente et donne - après cuisson au four - le pain. À partir de cette période, on prend l’habitude de fermenter d’autres produits comme le lait ; après quelques jours de fermentation, le lait se fige ; une fois égoutté, le caillé se mange tel quel : c’est notre fromage blanc.
Nancy Cattan*
*Pour en savoir plus, lire :
« La nouvelle minceur,
comment maigrir avec le régime paléolithique »,
Éditions Alpen
