C’est la rentrée et, avec elle, les parents pour leurs enfants et eux-mêmes commencent déjà à se poser et à se re-poser des questions quant à ces somatisations qui, toute bénignes puissent-elles être, entraînent bien des tracas à la maison. L’angine fait partie de cette kyrielle de maladies. Il s’agit, dans ce cas, d’une inflammation des amygdales situées au carrefour oropharyngé. Dans 80 % des cas, l’angine est d’origine virale et fréquente chez les très jeunes. L’infection bactérienne la plus redoutée provient du streptocoque du groupe A quant aux possibles complications cardiaques et rénales mais aussi le rhumatisme articulaire aigu.
		              Citons également l’abcès pharyngé et le phlegmon au registre des infections bactériennes. 
			         
			           La  classification habituelle regroupe plusieurs types d’angines:
			           >  les angines érymateuses, en générale d’origine virale
			           >  les angines érythématopultacées (amygdales rouges avec des points  blancs)
			           >  les angines pseudo-membraneuses (la diphtérie)
			           Les  deux derniers types sont le plus souvent d’origine bactérienne, et  enfin :
			           >  les angines ulcéro-nécroniques (angines de Vincent, mononucléoses  infectieuses).			         
			         Les  éléments du diagnostic
		              Il  est, somme toute, assez simple pour un médecin de diagnostiquer  l’angine. En revanche, dans la pratique quotidienne, déterminer si  celle-ci est d’origine virale ou bactérienne n’est pas aussi  aisé, notamment de par la difficulté du prélèvement de gorge chez  les jeunes enfants. Le laboratoire d’analyses biologiques fournira  la réponse grâce à ce prélèvement. Le médecin peut également,  lors de la consultation, discriminer l’origine de l’angine grâce  au Streptest, un procédé rapide permettant au praticien  d’effectuer lui-même le prélèvement de gorge au cabinet.			           
			         Le  docteur Samuel Hahnemann
		              Le  médecin homéopathe prend en compte le contexte épidémiologique ;  ce professionnel fait appel à son sens clinique et à son expérience  pour choisir d’emblée un premier remède homéopathique et  ensuite, éventuellement, modifier sa prescription en fonction de la  vitesse d’amélioration du symptôme. C’est d’ailleurs le  docteur Samuel Hahnemann, en 1770, étudiant la toxicologie de  l’écorce de quinquina, qui découvrit, en l’expérimentant sur  lui-même, l’apparition de symptômes similaires à la fièvre  intermittente contre laquelle le  quinquina était alors utilisé.  Son intuition permit d’établir une relation de similitude entre  les effets physiologiques et les indications thérapeutiques.			           
			         Les  trois principes
		              L’homéopathie  s’articule autour de trois principes : la similitude,  l’infinitésimalité et l’approche globale de la personne dans  son mode réactionnel. Dans le cadre des pathologies aiguës, le «  trépied d’Hering » permet la sélection de trois symptômes  caractéristiques d’un remède et ainsi de le prescrire. Dans le  choix du remède homéopathique, l’amélioration doit être rapide  et permet une alternative à l’antibiotique qui n’est pas  automatique des publicités institutionnelles ! Précisons, pour  revenir plus précisément à l’angine et dans le registre de ce  qui n’a pu être dit, ou est resté en travers de la gorge,  que cette association s’affirme comme pathologie de l’oralité.			           
			         Posologie  et remèdes les plus fréquents
			           Prescrire  une dilution de 5 CH, 7 CH, ou 9 CH toutes les heures jusqu’à  amélioration de la symptomatologie, pour ensuite espacer les prises  jusqu’à la disparition des symptômes.
			           
			           1)   Pour les angines rouges
			           
			           Belladonna :  la belladone est un remède fabriqué à partir de la plante entière  fleurie sèche. Le début de l’angine est brutal, en général  après une exposition au froid vif et sec ou au soleil en été,  parfois après un coup de froid sur la tête. La muqueuse pharyngée  est rouge et douloureuse. Cette douleur augmente à la déglutition  avec parfois la sensation d’une main serrant le cou. La température  est élevée, le visage rouge avec des sueurs circonscrites à la  tête. On relève un pic de fièvre vers 20 heures, pouvant  s’accompagner de délires, avec vision de visages grimaçants chez  les enfants mordeurs, traduisant une peur de la dévoration. Une  modalité importante est l’aggravation à la lumière, au bruit, au  toucher. Hahnemann  recommandait la belladone aux sujets en contact  avec des malades atteints de scarlatine.
			           
			           
Apis  mellifica :  le début de cette angine est également brutal, la douleur est  piquante, brûlante ; cette douleur est améliorée par le froid  local et aggravée en buvant du chaud. La luette est oedémateuse,  comme un petit sac rempli d’eau. La fièvre est élevée et sèche  avec des sueurs de manière alternée. L’absence de soif est aussi  une caractéristique mais une gorgée d’eau froide est acceptée  car elle soulage. C’est un remède dont l’effet est éphémère  et nécessite donc d’être répété toutes les heures.
			           
			           
Ferrum  phosphoricum :  le début de l’angine est progressif ; la douleur est brûlante,  constrictive. La température est inférieure à 39° C. On note une  alternance de rougeur et de pâleur du visage ainsi qu’une  transpiration nocturne.
			           
			           Casicum  annum :  la douleur pharyngée est brûlante comme si on avait mangé du  poivre ; elle irradie jusqu’à l’oreille. La fièvre est  intermittente, la douleur est améliorée par les boissons chaudes.  La gorge est rouge sombre et les tympans sont congestifs. L’enfant  transpire au moindre effort.
			           
			           
2)  Pour les angines blanches
			           
			           Mercurius  solubilis :  ces angines se déclenchent en général à la suite d’une humidité  froide. La douleur lancinante irradie jusqu’aux oreilles ;  l’haleine est fétide, la langue est blanche et garde l’empreinte  des dents. La salivation est abondante avec une soif d’eau froide.  La gorge est rouge avec des dépôts pultacés. Notons enfin la  présence d’une transpiration nocturne qui ne soulage pas.
			           
			           
Mercurius  corrosivus :  les signes généraux sont davantage marqués qu’au remède  précédent. La gorge brûle comme des charbons ardents. Aucune  pression au niveau du cou n’est supportée. La déglutition est  très douloureuse. Ce remède agit plus rapidement que le précédent.
			           
			           
Phytolacca  decandra :  la gorge est rouge sombre, surtout les piliers du voile, la luette  peut être oedémateuse (
Apis).  Une sensation de boule de feu dans la gorge, qui est très sèche,  irradie jusqu’aux oreilles. La déglutition est très douloureuse,  surtout lors de l’absorption de liquides chauds. Parfois, une  sensation de corps étranger est décrite avec un besoin d’avaler  constamment. La fièvre est élevée et s’accompagne de  meurtrissure dans tout le corps avec le besoin de remuer. On peut  alterner la prise de 
Belladona avec  celle de 
Phytolacca.
			           
			           Rhus  Toxicodendron :  cette angine débute à la suite d’humidité ou de bains de mer. On  relève l’absence de transpiration. La fièvre se déclenche vers  trois heures du matin et s’accompagne souvent d’herpès labial  (bouton de fièvre). Il y a présence de courbatures, de douleurs  cervicales, surtout à droite, avec enrouement.			           
			         L’importance  du terrain
			           Bien  que cette liste de remèdes ne soit pas exhaustive, elle répond  néanmoins aux situations rencontrées les plus courantes. Lors d’une  consultation en homéopathie, le médecin va interroger son patient  d’une manière précise et surprenante pour certains, s’attachant  à recueillir des détails habituellement négligés en allopathie.  Ainsi, en homéopathie, le contexte psychologique est très important  pour désigner le bon remède ; par exemple, la veille d’un examen,  certains enfants sous l’emprise du stress peuvent déclencher une  angine hyperthermique qui permettra d’évoquer un remède de troc :  le 
Gelsémium,  entre autres. Bien que ces remèdes cités soient les plus habituels,  il est cependant nécessaire de les compléter par un traitement de  fond, lui-même déterminé par l’observation de la constitution du  patient et de son mode réactionnel : c’est ce que nous appelons le 
terrain.			           
			          
			         Docteur  Fabienne Sermier-Rémillon