Si, depuis les travaux de Lavoisier sur la respiration, il a été établi scientifiquement que cette fonction essentielle consiste en une absorption d’oxygène et une émission de gaz carbonique, le tout étant assimilé à une combustion, depuis la nuit des temps le souffle a interrogé les traditions.
La plus ancienne pratique qui se soit intéressée à la respiration est le yoga : maîtriser le souffle pour apprivoiser à l’aide du mental, imagé métaphoriquement par le cocher, les sens comparés à un attelage de chevaux parfois indisciplinés. L’objectif étant de conduire le passager – l’âme – à bon port. Pour cette tradition, il est donné à l’Homme un nombre précis d’inspir et d’expir. D’où la nécessité d’allonger le souffle pour agrandir la vie…
Respirer pour mieux vivre
Pour le yogi, le prana est présent dans l’air mais il n’est pas l’oxygène. Le prana est l’énergie de base qui anime toutes les formes de vie. Le pranayama est donc un moyen, et non un but, pour parvenir à maîtriser et à répartir l’énergie vitale. Ainsi, allonger le souffle dans un état de relaxation permet un échange gazeux plus important et une réharmonisation de tout le corps. Ce qui, de surcroît, apaise le mental et dispose à un état de sérénité.
Le support des mots
Un autre aspect du souffle, et non des moindres, est qu’il est indispensable au langage. D’où l’importance de la répétition de mantras. La syllabe Om représente le son primordial pour le yoga, que l’on écrit parfois Aum, et que l’on retrouve dans la tradition chrétienne avec Amen (signifiant Oui) et dans la tradition musulmane avec Amin. À partir de là, voyelles et consonnes s’associent en des milliers de combinaisons pour former des mots. Il est d’ailleurs intéressant ici de noter qu’en français, le son mo résulte d’une inversion du om. Le souffle véhicule donc le langage derrière lequel se cache un discours – inconscient celui-là – qui, selon le psychanalyste Jacques Lacan, structure l’unicité de chaque Sujet…
Frédéric Roche
Les bienfaits de la douche nasale
Roger Fiammetti, ostéopathe, auteur de « Respire ! La respiration totale pour tous », publié aux Éditions Médicis, fait allusion à l’importance de cette pratique ancestrale revenant au goût du jour : Les yogis et les rishis de l’Inde antique ont utilisé un récipient nommé « lota » qui ressemble à une théière. Ce « lota » se remplit d’eau salée – sérum physiologique – parfois chaude, parfois tempérée, parfois froide. L’eau chaude détache les mucosités dans les narines, tandis que l’eau froide tonifie… Cette technique agit aussi par voie réflexe dans tout le corps puisque le passage de l’eau stimule les terminaisons nerveuses qui tapissent les muqueuses. D’ailleurs, les yogis assurent que le fait d’intégrer « jala neti » quotidiennement à la toilette du matin permet au prana, l’énergie véhiculée par l’air, de circuler sans obstacle et ainsi de prévenir bien des maux, comme par exemple les rhumes à répétition.