|
La santé et la forme
dans Signes & sens
Stop aux troubles sexuels
|
Signifiant « désir », en latin, le terme libido renvoie de façon plus générale au désir sexuel. Notre époque semble avoir trouvé la recette chimique aux éventuelles baisses de régime quant aux performances de Monsieur. Et c’est très bien. En revanche, cette même époque a tendance à ranger dans les oubliettes le côté psychique de la « chose ».
Tout d’abord, une libido en sommeil, sauf cas particulier, n’est pas synonyme de dysfonctionnement pathologique. Dédramatiser le symptôme est dans un premier temps le comportement à avoir. Même si nos sociétés, basées sur la performance à tout prix, essaient de nous convaincre du contraire. L’acte sexuel relève avant tout du plaisir et non du devoir. Or, nous sommes fondamentalement des êtres de plaisir. Nous ne devrions pas, par conséquent, avoir à booster une fonction qui doit rester naturelle…
Au commencement
Pour la psychanalyse, l’énergie psychique est première et alimente les pulsions sexuelles. C’est à partir de ce postulat que Sigmund Freud a défrayé la chronique de son époque en parlant de sexualité infantile. Ainsi, notre libido remonte à notre plus tendre enfance, voire à notre vie intra-utérine ! À cette époque, le plaisir était confondu avec le besoin et notre inconscient avait du mal à faire la part des choses. C’est d’ailleurs lorsque nous confondons inconsciemment notre partenaire avec nos premiers objets d’amour (papa / maman ou leurs substituts) que la relation pose problème, aussi bien chez la femme que chez l’homme. Le Je ne peux pas vivre sans toi est une réminiscence fantasmatique. Ainsi, pour que la libido soit de bonne qualité, faut-il encore commencer par ne pas tout attendre du partenaire. Il faudra donc éveiller le plaisir d’être avec quelqu’un plutôt qu’être soumis au besoin de sa présence.
Une libido de qualité
Faire l’amour relève de l’art dans la mesure où cela nous convoque tout entier, corps et esprit. Réveiller une libido de bonne qualité consiste à éprouver du plaisir tout en prenant en compte celui de notre partenaire. Il s’agit tout autant d’une fête des sens que de celle du sens. Savoir prendre conscience de l’unicité de la rencontre, même avec celle ou celui qui partage notre quotidien, c’est tordre le cou à une certaine routine tue l’amour où tout serait acquis une fois pour toutes. Le plaisir est vie, donc mouvement. Il ne s’accommode pas de la stagnation, sous peine de régression dommageable pour chacun. Il est à tout moment possible d’attiser la flamme qui couve sous le boisseau. Parfois, un geste suffit. Un sourire complice, un comportement qui rappelle qu’à l’origine de la vie commune, la sensualité était au rendez-vous et qu’il suffit de peu pour réactiver tout ça…
Quelques conseils
Si la libido ne répond à aucune recette, dans la mesure où elle est propre et intrinsèque à chacun d’entre nous, il est cependant possible d’adopter quelques lignes de conduite qui pourront favoriser l’éveil du désir.
> La vue : on dit que les yeux sont le miroir de l’âme. Le regard est l’interprète le plus direct de nos sentiments intimes. Osons donc montrer à l’autre, simplement par le jeu de notre regard, qu’il ne nous est pas indifférent. Nous serons parfois étonné(e) de la réciprocité de notre désir.
> La parole : pour Balzac, « Qui parle d’amour fait l’amour ». Parler de l’amour, c’est une occasion de parler de soi, donc de se faire plaisir. Lorsque nous parlons des choses de l’amour, il s’installe un climat de complicité particulier. L’homme et la femme, par l’intermédiaire de confidences et de plaisanteries, créent un lien où la sexualité est déjà présente, même s’il n’y a pas encore de passage à l’acte tactile.
> Le baiser : lorsque le baiser fait suite à la parole, un autre dialogue commence qui n’est plus celui des mots mais celui des corps…
Claude Cambon
|