Avant de parler de dépression, l'entourage - et surtout le médecin - doivent faire la part des choses. Il est indispensable de bien appréhender la situation en se posant deux questions fondamentales : s'agit-il d'une dépression et, si c'est le cas, quelle en est sa gravité ?
Est-ce bien une dépression ?
Un aspect premier s'avère primordial : il est important de ne pas passer à côté d'une maladie organique (Parkinson, tumeurs cérébrales, hyperthyroïdie, maladie des glandes surrénales...) car les personnes âgées peuvent rentrer dans une maladie organique spécifique mais en prenant le masque d'une dépression. Par ailleurs, en cas d'utilisation prolongée, certains médicaments peuvent induire des états dépressifs, en particulier des antihypertenseurs et les neuroleptiques. De leur côté, les sevrages alcooliques et tabagiques entraînent un processus dépressif : même s'il est alors normal, il doit être connu et traité pour augmenter les chances de réussite du projet d'arrêt de l'alcool ou du tabac. Quoi qu'il en soit, il existe des signes précis qui font penser à une dépression et qui ne trompent pas :
. Il ou elle pleure sans raison et ce n'est pas sa nature.
. Il ou elle est très fatigué(e) et cette fatigue n'est pas améliorée par le repos.
. Il ou elle dort mal, ressassant toute la nuit les mêmes pensées.
. Il ou elle ne s'intéresse plus à son travail ou à ses occupations.
. Il ou elle parle moins, s'isolant de longs moments et refusant la compagnie.
Reconnaître les causes
Dans tous les cas et sans exception, il faut s'attaquer aux vraies causes avant de soigner des signes dépressifs résiduels. On pourrait en outre ajouter à cette catégorie les dépressions rencontrées au cours d'une maladie grave : cancer, sida, pathologies invalidantes. La dépression est alors évidente et bien compréhensible. De même en fin de vie. Cette forme de dépression doit systématiquement être abordée avec le but d'améliorer la qualité du quotidien du patient. Il s'agit de redonner un sens, si petit soit-il, à cette maladie ou à cette fin d'existence, sans altérer la conscience du malade : le millepertuis a sa place dans cet objectif et devrait du reste pouvoir raisonnablement concurrencer les antidépresseurs classiques. Ceci étant, il faut également différencier anxiété et dépression.
En règle générale, le sujet anxieux attend la catastrophe et il est donc tourné vers l'avenir. Le déprimé, chez qui la catastrophe est arrivée, ressasse le passé avec des lunettes d'un présent sans espoir. Toutefois et fréquemment, anxiété et dépression sont intriquées dans un syndrome anxio-dépressif.
Écouter pour discerner et soigner
. Alain, 40 ans, a décidé d'arrêter de fumer mais il informe son médecin qu'il a déjà essayé sans succès : " J'étais tout bizarre, avec des crises d'anxiété, envie de rien, prêt à chialer. "...
- Dans les sevrages tabagiques, on constate toujours des points communs avec la dépression.
. Martine, 45 ans, est femme au foyer. Elle confie que depuis que son fils est parti vivre avec sa copine, elle n'a de goût à rien, même pas au ménage, elle qui est si méticuleuse : " Mon mari me secoue mais rien n'y fait. Je dors très mal."...
- En réaction aux aléas de la vie, la dépression légère s'exprime vers la cinquantaine, touchant plutôt les femmes qui conservent un entourage familial stable bien que modifié.
. Madeleine, 52 ans, vient d'apprendre que sa fille est homosexuelle et vit avec une compagne : " Je ne pense qu'à ça. Je suis à la fois agressive et épuisée. Ce n'est pas normal, je ne l'ai pas élevée ainsi ! Je suis remplie d'angoisses...".
- Cette femme restitue ici sa dépression modérée. Dans cet état, la communication n'est heureusement jamais coupée. Les idées suicidaires peuvent exister (désir d'un ailleurs) mais restent vagues, sans visualisation d'un éventuel passage à l'acte.
De toute façon, devant la dépression, le thérapeute doit être expérimenté, trouver les failles où sa parole servira de levier pour débloquer la personnalité dépressive. Le millepertuis, associé à d'autres médicaments (vitamines, homéopathie...), est efficace. Soulignons malgré tout qu'il n'y a pas de traitement minute, comme il n'y a pas de traitement miraculeux. Les soins doivent durer plusieurs mois...
Docteur Michel Roussel*
*A lire :
"Millepertuis, antidépresseur naturel"
Éditions Alpen